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Ce que sera le monde en 2050

Ce que sera le monde en 2050

«Lorsque vous remarquez que pour produire vous devez prendre la permission de ceux qui ne produisent rien; quand on vérifie que l’argent coule vers ceux qui ne s’occupent pas de biens mais de faveurs; quand tu réalises que beaucoup s’enrichissent par la corruption et pour l’influence plus que par ton travail et que les lois ne te protègent pas contre eux, mais au contraire, ce sont eux qui sont protégés contre toi; quand vous découvrez que la corruption est récompensée  et que l’honnêteté devient un sacrifice de soi, alors vous pouvez affirmer, sans crainte de vous tromper, que votre société est condamnée». C’est exactement ce qu’a écrit au début du siècle dernier, Alissa Zinovievna. C’est encore pire aujourd’hui, en 2024. Et d’ici 2100, les prévisions mondiales sont catastrophiques et font peur.

 

Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste

De nombreux analystes, tous domaines confondus, de la finance, à la géopolitique, en passant par l’économie, par l’état des ressources naturelles, par la gravité du stress hydrique, par la montée en flèche des chiffres de la famine, par la médecine et l’immunologie, par le dérèglement irréversible du climat et d’autres facteurs décisifs, de très nombreuses sociétés, aux quatre coins du monde, sont condamnées et survivent aujourd’hui en sursis, en attendant le pire.

Voici quelques données pour prendre le pouls du futur de l’humanité. La moitié de la croissance démographique mondiale doit se concentrer dans seulement neuf pays : Inde, Nigéria, République démocratique du Congo, Pakistan, Éthiopie, République-Unie de Tanzanie, États-Unis d’Amérique, Ouganda et Indonésie. La population des pays en développement augmentera davantage que celle des pays riches. Ce qui aura un fort impact sur le PIB de ces pays. Ce qui entraînera une refonte totale des rapports de force dans le monde d’ici 2050. Parce qu’il faut savoir que si le PIB croît autant, c’est en grande partie grâce au progrès technologique, qui permettra d’améliorer la productivité. «La Chine et l’Inde seront les pays au PIB le plus élevé. Les États-Unis reculent à la troisième place, devant l’Indonésie. Le poids des pays de l’Union européenne dans le PIB mondial se réduira à moins de 10%. La poussée des pays émergents pourrait se traduire par leur intégration dans les processus de décision internationaux. Les pays appartenant actuellement au G7 pourraient par exemple céder leur place. La Grande-Bretagne reculerait à la dixième place du PIB mondial. La France sortirait du top 10. L’Italie sortirait du top 20, dépassée également par le Mexique, la Turquie et le Vietnam», peut-on lire dans le dernier rapport des Nations Unies sur l’état du monde dans trente ans.  


D’autres prévisions laissent planer une grande forme de crainte pour l’ensemble de la communauté internationale. D’abord, la question centrale du climat. Pour l’ensemble de la communauté scientifique, les prévisions ne souffrent aucune ombre. «Dans trente ans, en raison de la chaleur devenue insupportable, il sera très difficile de vivre au sud de l’Asie, en Iran, au Koweït, en Somalie, à Oman, en Égypte, en Éthiopie, et dans les pays voisins. Le Brésil et le Mexique seront aussi presque invivables. Il sera tout aussi difficile, en raison des inondations, de vivre au Pakistan, au Bengladesh, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas », avance Jacques Attali, qui pose la question de la possibilité de prédire ce que sera le monde en 2050.  


Parallèlement aux questions relatives au climat et aux conséquences de la chaleur, de la montée des eaux et des risques majeurs de grandes catastrophes naturelles, il y a la question de la démographie qui concentre toutes les inquiétudes. Dans moins de trente ans, le nombre d’habitants sur la Terre devrait passer de 7,7 milliards aujourd’hui à 9,7 milliards en 2050. Comme on l’a vu plus haut, la moitié des 2 milliards de personnes supplémentaires viendra de neuf pays : l’Inde, le Nigéria, le Pakistan, la République Démocratique du Congo, l’Éthiopie, la Tanzanie, l’Indonésie, l’Égypte et les États-Unis. A ceci, il faut ajouter que la population d’Afrique subsaharienne devrait doubler d’ici 2050. Le taux de fécondité mondial, qui est passé de 3,2 naissances par femme en 1990 à 2,5 en 2019, devrait encore reculer à 2,2 en 2050. «La population mondiale vieillira en raison d’une espérance de vie croissante et de la baisse des taux de fécondité. Une personne sur six dans le monde aura plus de 65 ans; le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus devrait tripler, passant de 143 millions en 2019 à 426 millions en 2050. Plus de la moitié de la population africaine en 2050 aura moins de 25 ans. La population de la Chine aura diminué de 100 millions et celle du Japon sera redescendue autour de 100 millions (avec 37% de plus de 65 ans) et entamera une descente vertigineuse vers les 60 millions en 2100. Cet effondrement démographique touchera aussi la Corée, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Russie et quelques pays. A cette date, il y aura plus d’habitants au Nigéria qu’aux États-Unis, en Turquie qu’en Allemagne», précise l’ONU. Ce qui suppose un changement total des paradigmes. 


D’abord, d’un point de vue économique, avec des marchés qui vont changer de zones géographiques et des PIB qui vont s’inverser faisant émerger de nouvelles puissances. Ce type de bouleversements ne va jamais sans conflits. Ce qui fait dire à de nombreux politiciens que les rapports de force d’ici 2050 risquent de générer plus de guerre et donc plus d’instabilité dans un monde en sursis.

Des conflits qui seront causés par la rareté des ressources naturelles, la course au monopole sur les minerais rares, le flux des marchandises et les avancées technologiques. Celles-ci feront l’objet, selon les spécialistes, de grands progrès qui auront lieu dans des segments comme le numérique. Ce qui va certainement  changer les procédés et les modus operandi dans tous les métiers du futur.  «On peut s’attendre aussi à de très grands progrès dans la production d’hydrogène vert, la fission nucléaire, le calcul quantique, le recyclage des déchets, la réduction de l’émission de gaz à effet de serre, les neurosciences, les nanotechnologies, le biomimétisme», précise un rapport de l’Insee en France. 

Tous ces bouleversements auront un profond impact sur la santé dans le monde. Pour les chercheurs, ce qui est certain c’est que d’ici 2050, on va trouver des remèdes à un très grand nombre de maladies de longue durée d’aujourd’hui; en particulier par des solutions utilisant l’ARN messager.  «L’espérance de vie moyenne dépassera le siècle, en tout cas pour ceux qui pourront encore vivre dans un environnement sain, avec un climat tempéré, une nourriture adaptée et une activité physique importante. Pour les autres, on peut s’attendre, comme aux Etats-Unis aujourd’hui, à une poursuite de la diminution de l’espérance de vie», peut-on lire dans un rapport détaillé de l’Organisation mondiale de la santé.

Dans cette perspective de grands changements du monde de demain, la question de l’éducation demeure l’une des interrogations capitales. Toutes les études prévisionnelles versent dans le même sens. «Les progrès dans le numérique rendront inutile d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à programmer; on pourra apprendre de façon solitaire, comme on joue, avec des techniques largement inspirées par les progrès à venir des neurosciences.

On devrait assister à un effondrement des systèmes scolaires traditionnels, en particulier en Afrique et dans le sous-continent indien, au développement des systèmes privés d’éducation, pour les plus riches, et à un développement massif des méthodes d’enseignement numérique, d’abord par Internet, puis en utilisant les hologrammes, le Métaverse, puis les prothèses, sans plus passer par l’école ou l’université», précise l’Unesco. 

Mais, ce qu’il faut retenir, que face à toutes ces avancées, les risques sont aussi majeurs. Surtout les prévisions liées aux conflits entre États. D’ici 2050, le contexte d’aggravation profonde des inégalités entre nations et entre groupes sociaux, ainsi que l’accès très différencié aux ressources vitales, en particulier à l’eau, va donner corps à des désaccords belliqueux entre nations. «Cela devrait se traduire, au cours des trente prochaines années, par la multiplication de conflits locaux, comme en Ukraine.

En particulier, on peut s’attendre à un conflit à Taiwan, et à des actes désespérés de dictateurs pour survivre, en Iran et en Corée du Nord. La Chine ne réussira pas à prendre la direction du monde, et sera très occupée par les problèmes internes qui devraient affaiblir le parti communiste, qui se lancera dans des aventures militaires”, précisent tous les spécialistes de la géopolitique

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