La rupture du jeûne est un rituel pour les musulmans pratiquants. Un rituel, hélas, pas toujours à la portée de tous, notamment les footballeurs. Ces derniers payent très cher la note. Le monde footballistique est ainsi divisé entre le oui et le non.
Si l’Angleterre, l’Allemagne et les Pays-Bas ont opté pour une politique d'accompagnement et d'adaptation vis-à-vis de leurs footballeurs musulmans au sein de leur championnat respectif, en leur permettant de rompre le jeûne sur le terrain, d’autres pays refusent cette démarche et privilégient la privation. Pour la France et l’Italie, aucune pause n'est autorisée.
Ce refus va-t-il à l’encontre du fairplay et de la déontologie du sport ? Ça en a tout l’air, puisque le refus de la rupture du jeûne met en suspend le côté identitaire du joueur. Ce dernier qui se donne à fond sur le terrain, se sentira seul au monde, privé d’un droit tout à fait légitime dans un pays de liberté.
Récemment, lors du match entre l'Inter Milan et la Fiorentina, Lucas Ranieri a simulé une blessure afin de permettre à son coéquipier Sofyan Amrabat de rompre le jeûne. Invraisemblable, l’international marocain a bénéficié de la simulation de son coéquipier pour rompre son jeûne, un constat anecdotique et hors du temps.
La règle générale adoptée par la plupart des entraîneurs est que «le jour du match, il ne faut pas jeûner».
La polémique sur la rupture du jeûne est de nouveau sur le devant de la scène, cela soulève particulièrement la performance du joueur. Or, certains joueurs ont démontré que le ramadan pouvait ne pas influer sur les performances. Karim Benzema en est un parfait exemple, en inscrivant 2 hat-trick face à Valladolid et lors de la coupe du Roi face au FC Barcelone.
«Une datte, un verre d’eau : le cauchemar de la FFF»
Ces derniers jours, la France a été sous les feux des projecteurs et des critiques. Et pour cause, la Fédération française de football (FFF) s'est montrée «ferme et rigide», en refusant catégoriquement de faire la rupture du jeûne sur le terrain durant le mois sacré.
Cette décision qui s’est invitée dans l’actualité après l’envoi le jeudi 4 avril aux arbitres de France d’un rappel au règlement français (l’interdiction des pauses durant les matchs pour rompre le jeûne), a suscité une vive polémique chez les personnalités influentes du football, supporters des clubs et internautes. Pointant du doigt le manque d’adaptation et de tolérance de la Fédération des tricolores.
Dénonçant une mesure «inhumaine» envers les footballeurs musulmans, ils déplorent le fait que la France ne s'est pas alignée sur plusieurs autres championnats de pays voisins, notamment en Allemagne, au Pays-Bas et surtout en Angleterre, où les organes de l’arbitrage ont demandé aux officiels d'interrompre les matchs, pour permettre aux footballeurs musulmans de rompre leur jeûne. Par exemple, mercredi 5 avril, face à Newcastle, le sociétaire de West Ham, Nayef Aguerd, a été vu en train de rompre le jeûne sur le terrain avec son coéquipier algérien Saïd Benrahma.
Ramadan, un problème identitaire ?
«Penser que le jeûne du mois de Ramadan est comportemental me sidère. Pour ceux qui se posent encore la question, on parle bien du côté identitaire d'une personne. Une simple question, est-ce une bonne chose de demander à quelqu'un de mettre de côté ce qui fait son identité ?», peut-on lire sur le compte Twitter de l’ancien international sénégalais et ex-buteur de Chelsea Demba Ba.
Plusieurs arbitres assurent n’avoir jamais eu de problèmes avec des footballeurs musulmans en période de Ramadan, et ont dû mal à voir où est le souci dans le fait d’accorder une pause pour permettre aux joueurs de rompre leur jeûne.
D’ailleurs, en riposte, certains jeunes footballeurs ont exprimé leur souhait de quitter carrément l'équipe de France «si leurs droits religieux ne sont pas respectés». Boira, boira pas, affaire à suivre !
I.B