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«Gagner davantage de titres avec la sélection reste ma priorité»

«Gagner davantage de titres avec la sélection reste ma priorité»

Surnommée «El phenomeno», Oumyma Codial a dû batailler dur pour revenir au plus haut niveau.

La centrale de l’équipe nationale de volley-ball, nous parle, à cœur ouvert, de son parcours et de ses ambitions professionnelles.

 

Propos recueillis par Ibtissam. Z.

 

Finances News Hebdo : Vous êtes joueuse de l’équipe nationale de volley-ball. Comment évaluez-vous le niveau de la sélection actuellement et quelles sont vos aspirations avec le 6 national ?

Oumayma Codial : Nous sommes un groupe soudé, un team qui veut donner le meilleur de lui-même pour honorer les couleurs de notre pays. Nous sommes très complémentaires. Il est vrai que le niveau augmente de saison en saison et nous avons de la chance d’être plusieurs à évoluer à l’étranger et à apporter notre expérience à la sélection. L’année dernière, nous étions sur le podium lors des Jeux africains. Quelle sensation ! Quel bonheur de partager les victoires ! Mon souhait est de voir à nouveau notre équipe gravir les marches du podium lors du championnat d’Afrique des nations cet été. Gagner davantage de titres avec la sélection reste ma priorité…

 

F.N.H. : Vous occupez actuellement le poste de centrale au sein du club rennais «Hermines du REC volley». Vous avez le potentiel pour rejoindre d’autres grands clubs. Pourquoi avoir fait le choix de rester à Rennes ?

O. C. : J’ai été bien accueillie en arrivant à Rennes. J’adore la ville et la mentalité des gens. Je me sens chez moi et le projet professionnel rennais m’a interpellée et m’a permis de donner le meilleur de moimême. Chaque saison a été différente, avec de nouveaux challenges. J’ai énormément évolué sur le plan sportif. La nouveauté, les défis, se surpasser pour ne pas se faire dépasser font partie de ma charte en tant que sportive.

 

F.N.H. : Réussir dans le sport de haut niveau est loin d’être une sinécure. Il faut être constamment au top niveau et faire des sacrifices. Qu’en est-il pour vous ?

O. C. : Je m’entraîne constamment en essayant de donner toujours le meilleur de moi-même. Le haut niveau est le summum de la carrière pour chaque sportif, et avec le travail on finit toujours par y arriver. Le plus grand sacrifice est celui de ne voir ma famille qu’une seule fois par an. Je sais qu’elle me soutient de loin et qu’elle est fière de mon parcours. Cela m’aide énormément et me motive à donner davantage. Le soutien de la famille a un pouvoir magique, il est inestimable surtout dans des moments de solitude ou de doute… La famille reste le repère incontournable sur lequel on peut s’appuyer.

 

F.N.H. : Avec le sport-étude, vous avez joint l’utile à l’agréable. Quel enseignement gardez-vous de cette expérience ? Faut-il encourager les jeunes à aller vers cette démarche ?

O. C. : Le fait d’avoir la possibilité de faire les deux, à savoir le sport et les études, est vraiment la meilleure des opportunités qui soit. J’ai eu la chance en Italie d’avoir toutes mes après-midi libres pour faire mon sport et suivre mes cours, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays. J’encourage fortement les jeunes à choisir cette option pour assurer leur avenir scolaire, mais également de pouvoir faire de leur passion un projet professionnel. On peut devenir footballeur, nageur ... tout en poursuivant des études. Comme vous le savez, la carrière d’un sportif est limitée dans le temps et c’est dans cette optique que les études, notamment universitaires, joueront un rôle important plus tard…

 

F.N.H. : La double culture reste une force indéniable pour aller de l’avant. Le fait de porter les couleurs nationales vous conforte-til dans votre attachement à vos racines ?

O. C. : Le fait de porter les couleurs de mon pays est à la fois un honneur et une responsabilité, car je suis attachée à mes racines. Et c’est grâce à cet amour pour la patrie que l’on s’investit à 100% lorsqu’on est en sélection. Nous avons des responsabilités envers notre pays. On espère apporter de la joie au public, et qu’il soit fier de nous. Je sais que je peux apporter mon expérience et mon expertise au Maroc et, pourquoi pas, conseiller les jeunes de mon pays qui aimeraient un jour embrasser cette discipline au plus haut niveau. Lors des compétitions, dès que j’entends l’hymne national, j’ai les larmes aux yeux. C’est une immense fierté pour moi de jouer pour mon pays et non pas pour moi-même, c’est toute la différence…

 

F.N.H. : Bouchra Hajij est désormais la présidente de la CAVB. Une femme, de surcroît marocaine, à la tête de cette institution apportera certainement des changements. Redorer le blason du volley-ball, surtout féminin, devient-il une nécessité ?

O. C. : Madame Hajij a beaucoup fait évoluer le volley féminin marocain depuis qu’elle est présidente de la Fédération. C’est quelqu’un de très ambitieux, de chaleureux, passionnée par ce sport. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’elle pourra mener à bien son projet de redorer le blason du volley au niveau africain. Je suis persuadée que le meilleur est à venir pour le volley marocain et africain. C’est une fierté de voir une femme présider cette instance. C’est un exemple pour les femmes et un grand avantage pour le volley-ball féminin, qui a quand même moins de notoriété que le volleyball masculin. C’est une nuance à prendre en considération.

 

F.N.H. : Vous avez arrêté pendant 4 ans le volley-ball alors que vous étiez à votre apogée. Qu’est-ce qui vous a fait revenir et, vraisemblablement, encore plus forte ?

O. C. : Certes, j’ai arrêté pendant 4 ans, mais il y avait toujours ce lien fort entre le ballon et moi. C’était pour me focaliser sur mes études car le système français ne me plaisait pas. Le volley-ball est avant tout une grande passion, j’ai toujours pris un plaisir à jouer. Le soutien de ma famille et de mon ancien entraîneur (Giannetti) a déclenché la ferveur en moi. Illico presto, je me suis prise en main avec une implication sans failles. En effet, l’occasion s’est présentée lors d’un stage avec l’équipe nationale. Je m’explique : j’étais en vacances au Maroc et cela faisait plus de 3 ans que je n’avais pas touché un ballon. Du coup, je me retrouvais à devoir partir en stage avec la sélection. J’étais à Casablanca avec mes parents. J’ai préparé mes affaires, et même si je n’avais pas de chaussures de sport, j’avais trouvé des baskets pour la course à pied avec 2 numéros de moins que ma pointure. Je les ai pris et je suis partie à Salé pour le stage.

Et l’après-midi même, je me suis entraînée. Sur le plan physique, c’était très dur. L’entraîneur me disait que techniquement j’avais les bases, mais physiquement je devais travailler encore plus. Je me suis donnée à fond et après une semaine, il m’a annoncé que j’étais sélectionnée. J’ai pleuré de joie et je me suis rendu compte à ce moment que c’était exactement ce que j’ai toujours voulu faire : être volleyeuse. J’étais déterminée, motivée à travailler pour revenir encore plus forte qu’avant… Il faut de la persévérance et de la patience pour rebondir. Mon conseil à mes semblables : il faut toujours croire en son rêve et s’accrocher aux limbes de l’espoir, car le travail finit toujours par payer tôt ou tard.

 

PORTRAIT

Oumayma Codial, la force tranquille !

Du haut de ses 26 ans et de ses 1,86 m, Oumayma Codial surfe sur la vague du succès. Elle est centrale de l’équipe nationale marocaine de volleyball. Sa vivacité, sa rapidité et sa posture lui permettent d’être l’une des valeurs sûres de la sélection. Elle a remporté le bronze avec l’équipe nationale lors des Jeux africains en 2019. «Oumy, la sage» a fait ses débuts à l’âge de 10 ans à Meduna di Livenza, en Italie. Devenue la perle rare à dénicher, elle est rapidement repérée par un dirigeant-recruteur lors d’un tournoi de mini-volley grâce à sa taille (à 12 ans, elle mesurait déjà 1,78 m). Oumayma intègre par la suite le club formateur de San Dona’ di Piave où elle a évolué chez les jeunes jusqu’à jouer avec l’équipe seniors à l’âge de 15 ans. La dompteuse des filets a joué en Italie durant 8 ans avant de tenter l’expérience dans l’Hexagone, plus précisément à Mulhouse. Prise de cours par le système de jeu, Oumaima renonce à cette expérience mulhousienne et retourne en Italie. Néanmoins, la centrale de l’équipe nationale arrête le volley pendant 4 ans pour se consacrer à ses études. Mais l’adrénaline de la compétition lui manquait terriblement. Elle décide en 2015 de reprendre du poil de la bête. En effet, plus motivée que jamais, Oumayma rejoint l’équipe nationale, au cours de l’année 2015, et participe au championnat d’Afrique des nations au Kenya et plusieurs autres compétitions en Beach en indoor. Elle remporte avec le club Tabac Sport un doublé (championnat et coupe du Trône). En 2016, elle intègre le club français de Mougins avec lequel elle dispute la coupe de France fédérale. Elle arrive à Rennes en 2017, et participe à la remontée du club du «REC Volley», en 2ème division. Dans son jeune âge, Oumayma Codial avait pratiqué plusieurs disciplines sportives, notamment le karaté, la danse ou encore la natation, avant de trouver sa voie dans le volley-ball, sport vedette en Italie. Parallèlement au volley-ball, elle prépare un BTS en professions immobilières. Elle affectionne également le voyage, la cuisine, la photographie et possède même un talent caché. En effet, la volleyeuse est forte au billard; c’est l’un de ses loisirs préférés depuis l’âge de 8 ans. Durant le confinement, elle n’hésitait pas à montrer son doigté à ses coéquipières. Ce n’est pas un hasard si son entraîneur d’antan, Cristian Piazzese, la surnommait «El phenomeno»… Sa passion pour le sport en général est venue de ses parents, anciens sportifs. Son père, professeur d’éducation physique et entraîneur de football, a été son mentor. Le racisme et la jalousie auxquels elle est parfois confrontée l’aident, paradoxalement, à forger sa personnalité. Désormais, Oumayma Codial allie force de caractère et rage de vaincre.

 

 

 

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