L’extension de la normalisation aux autres activités comptables est actuellement présentée par l’Ordre à ses différents membres, et ce en attendant qu’elle soit validée par le Conseil national de la comptabilité. Les experts-comptables craignent que la normalisation de ces activités se traduise par des honoraires non compétitifs par rapport à ceux des comptables agréés.
Dans un contexte en pleine mutation et surtout empreint d’incertitudes, c’est un truisme de rappeler les vertus de la normalisation. A l’instar des professions consommatrices de données, appelées communément data, celle des experts-comptables n’est pas en reste. La normalisation s’avère donc nécessaire en vue de garantir la fiabilisation de l’information financière et, surtout, rehausser l’image de la profession à travers une application homogène des normes. Mieux encore, elle permet aux experts-comptables de s’acquitter convenablement de leurs missions. Comment ? En posant les règles professionnelles propres à même de garantir le bon exercice des missions. Dans ce sillage, il est à rappeler que la loi 15-89 confie à l’Ordre des expertscomptables (OEC) la mission d’élaborer les normes professionnelles qui ne peuvent être dissociées du respect des principes fondamentaux de comportement professionnel définis par le code des devoirs professionnels. Le professionnel peut parfois estimer nécessaire de s’écarter d’une norme afin d’atteindre l’objectif de sa mission. Dans une situation pareille, il lui incombe de justifier sa décision.
Constituant le monopole de la profession, la mission d’audit légal et de commissariat aux comptes est normalisée par l’OEC. Elle codifie la prestation de commissariat aux comptes depuis la prise de mandat jusqu’au compte-rendu de fin de mission. Cette codification est accompagnée d’une lettre de mission. Cette disposition permet de mettre un terme aux suspicions de complicité de fraude. Les autres interventions dans le domaine comptable (tenue de comptabilité, supervision comptable…) que l’expert partage avec d’autres intervenants du marché n’ont pas été normalisées. «Cependant, l’évolution du contexte professionnel requiert de notre profession la mise en place des outils de travail à même de garantir au public un travail de qualité et d’apporter au professionnel la protection nécessaire dans la réalisation de ses travaux», explique Abdellatif El Quortobi, président du Conseil national de l’OEC, à l’occasion d’une conférence sur la normalisation des missions d’expertise-comptable.
Cette extension de la normalisation aux autres activités comptables n’est pas du goût des experts-comptables qui prétendent qu’elle se traduira par des charges supplémentaires et, du coup, par des honoraires plus chers, voire non compétitifs par rapport à la concurrence, allusion faite aux comptables agréés.
Au-delà de la rémunération, ils argumentent leurs propos par le fait que suite à la normalisation, ils seront désormais tenus de publier un compte-rendu de la mission. Un compte-rendu qui pourrait parfois contenir des remarques qui fâchent le client. C’est dire que ce compte-rendu risque d’être un prétexte de migration pour l’entreprise vers le comptable agréé. L’extension de la normalisation aux autres activités comptables est aujourd’hui présentée par l’Ordre à ses différents membres, et ce en attendant qu’elle soit validée par le Conseil national de la comptabilité.