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Sport marocain : La crise

Sport marocain : La crise

Cette énième élimination du Maroc aux quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football pose encore une fois la question de la grave crise que traverse le sport marocain à tous les étages.

 

Encore une défaite. Encore une élimination, très tôt, lors d’un tournoi international. Encore une débâcle collective, et ce, malgré l’euphorie, malgré les slogans, malgré l’autosuffisance, malgré les autocongratulations. Défaite par l’Égypte, l’équipe nationale marocaine a montré piètre figure, malgré cette qualification à la tête de son groupe, qui est juste vide de sens, pour arracher au forceps, une victoire en huitième de finale face au Malawi, une très petite équipe qui a donné du fil à retordre à une équipe marocaine qui a péché par orgueil sous-estimant ses adversaires et pensant que parce qu’elle compte parmi ses lignes un ou deux très bons joueurs, la partie était gagnée d’avance. Résultat des courses, le Maroc tombe sur un os nommé Égypte, et il le paie cash, au bout d’un match sans intérêt, brouillon, plein d’incidents et où le grand absent a été le bon jeu, le rythme, l’élégance et la niaque. Défaite. Sortie du tournoi. Pour une énième fois.

Maintenant, au-delà du chauvinisme de bas étage, loin de toute complaisance, il faut regarder les choses en face, le football marocain est loin d’être brillant. On fait à peine partie des huit meilleures équipes africaines. Si l’on devait prendre les cinq premiers du tournoi pour une qualification directe à la Coupe du Monde, le Maroc serait de facto éliminé. C’est dire qu’il n’a pas de poids dans la planète football. Et ce n’est pas parce que l’équipe compte dans ses rangs un Achraf Hakimi, certes très doué, mais inconstant, que cette présence peut garantir des exploits. Loin s’en faut. Une équipe, ce sont 23 joueurs qui se complètent, qui jouent ensemble, qui ont des automatismes, qui s’entendent les yeux fermés et qui jouent collectif, pour la gagne, pour l’équipe.

 

Ceci étant dit, il faut appréhender cet énième échec comme un fait symptomatique de tout le sport national qui traverse, depuis plusieurs années, une terrible crise de formation et de performances. Et pas uniquement le football. Regardez les résultats des derniers Jeux Olympiques à Tokyo. Une véritable hécatombe, excepté une médaille d’or de Soufiane El Bakkali. Le Maroc finit le tournoi olympique, 63ème au classement, avec une médaille orpheline. L’Égypte a fait mieux, avec 6 médailles. L’Éthiopie a fait mieux, avec 4 médailles. Le Qatar a fait mieux, avec 3 médailles. La Tunisie a fait mieux, avec 2 médailles. L’Iran a fait mieux, avec 7 médailles. Le Kenya a fait mieux, avec 10 médailles. Cuba a fait mieux, avec 15 médailles. Et les exemples sont nombreux qui montrent à quel point le sport marocain a plongé dans les abysses des classements mondiaux, parce qu’il n’a pas de champions. Parce qu’il n’a pas d’ambition. Parce que les années d’embellie de Saïd Aouita, Nezha Bidouane, Khalid Skah, Ibrahim Boutayeb, Hicham El Guerrouj, Zahra Ouazizi, Nawal El Moutawakkil, Ali Ezzine, Salah Hissou, Khalid Boulami, les frères Achik, Khalid Rahilou, Fredie Skouma, Mehdi Khalsi, Younes El Aynaoui, Karim Alami, Hicham Arazi, Jouad Gharib, Hasna Benhassi, Adil Kaouch… et tant d’autres figures qui ont porté haut les couleurs nationales, ces années de grands succès sont loin derrière nous.

 

Ce qui frappe de plein fouet le football touche également l’athlétisme, la boxe, le judo, le tennis, la natation, le basket-ball, le handball et d’autres disciplines où le Maroc fait constamment partie des absents. Pourtant, on détourne le regard et on fait comme si gagner un match était suffisant pour affirmer que le sport va bien. Loin de là. Tous les espoirs des Marocains, qui croient, qui espèrent, qui rêvent de succès sont balayés par la dure réalité de la crise qui lamine tous les niveaux du sport marocain. Crise de formation. Crise d’ambitions. Crise de vision. Crise de planification. Crise de formateurs. Crise de leadership. Crise d’approches rationnelles, logiques, s’inscrivant dans la durée, avec une véritable politique sportive qui produit des champions, qui fabrique des vainqueurs, nourris à la culture de la gagne, coûte que coûte. C’est de cela que le sport marocain manque aujourd’hui, enlisé dans des visions archaïques, empêtré dans des pratiques passéistes qui portent aujourd’hui un coup fatal au sport et à la fierté des Marocains qui espèrent toujours un sacre, qui semble s’éloigner davantage, à chaque grand rendez-vous.

 

 

 

Par Abdelhak Najib

Écrivain-journaliste

 

 

 

 

 

 

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