Le Maroc a décidé de suspendre tous les vols directs de passagers à destination du Royaume face à la résurgence de l’épidémie en Europe et l’apparition du nouveau variant Omicron.
Conséquence : les opérateurs touristiques sont dans le désarroi et l’écosystème va davantage plonger dans la précarité.
Excusez d’avoir quelque peu tripatouillé le début du monologue de Don Diègue dans le Cid, de Corneille (Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !).
Vous comprendrez néanmoins que cela résume assez bien l’état d’esprit actuel des opérateurs touristiques marocains.
Principales victimes des mesures prises pour lutter contre la propagation du virus, ils viennent de recevoir un nouveau coup dur avec la décision des autorités marocaines de suspendre toutes les liaisons aériennes à destination du Royaume.
Une décision qui va forcément impacter l’activité, à un moment où le secteur reprenait un peu du poil de la bête.
En effet, au titre du mois de septembre 2021, les recettes touristiques ont poursuivi leur amélioration entamée en juin 2021, enregistrant une appréciation, en glissement annuel, de 158,4%, après +289,7% en août, +144,2% en juillet et +15,2% en juin, fait savoir la Direction des études et des prévisions financières (DEPF).
Au troisième trimestre 2021, elles se sont élevées à 15,9 milliards de dirhams, en hausse de 202% par rapport à l’année précédente, demeurant toutefois en baisse de 40,2% par rapport à la même période de l’année 2019.
Compte tenu de ces évolutions, le repli, en glissement annuel, de ces recettes s’est atténué à -6,1% à fin septembre 2021, après -58,1% à fin juin 2021. Comparées à leur niveau à fin septembre 2019, elles ont reculé de 58,9%.
Pour ce qui est des nuitées et des arrivées touristiques, elles ont atteint 2,9 et 1,63 millions respectivement au titre des deux premiers mois du T3-2021, après 1,08 et 1,58 million à la même période de 2020, et 5,52 et 3,87 millions en 2019.
A fin aout 2021, le nombre des arrivées s’est renforcé, en une année, de 16,2% à 2,1 millions, alors que celui des nuitées a accusé une légère baisse de 0,5% à 5,6 millions.
De mal en pis
Les opérateurs touristiques vont visiblement continuer à broyer du noir.
Le secteur va trinquer davantage, au regard de l’évolution de la situation épidémiologique dans le monde, caractérisée notamment par la dégradation des indicateurs sanitaires dans le voisinage européen et l’apparition du variant Omicron, qualifié de «préoccupant» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et soupçonné d’être plus contagieux que les variants précédents.
D’ailleurs, face à ce nouveau variant qui inquiète la communauté scientifique et qui a été détecté dans plusieurs pays (Allemagne, Italie, Israël, Autriche, Belgique, Royaume-Uni, République tchèque…), l’Europe durcit ses mesures restrictives et commence à se barricader.
Actuellement, partout dans le monde, les décisions gouvernementales, qui tombent tel un couperet, sont guidées par un principe de précaution extrême.
C’est pourquoi Israël a décidé de fermer ses frontières aux ressortissants étrangers dès ce dimanche soir.
C’est pourquoi, aussi, le Maroc a décidé d'aller plus loin et de se mettre carrément sous cloche dès lundi, après avoir auparavant suspendu les liaisons aériennes avec la France, interdit d’accès à son territoire les ressortissants de 7 pays d’Afrique australe (Afrique du Sud, Botswana, Eswatini, Lesotho, Mozambique, Namibie, Zimbabwe) et exigé un test PCR négatif pour les enfants âgés de 6 à 11 ans.
Clairement, la résurgence de l’épidémie en Europe et le nouveau variant Omicron vont plomber davantage le secteur touristique, qui espérait consolider, avec les fêtes de fin d’année, la petite embellie entamée en juin dernier.
D. William