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Aid Al Adha : La peur au ventre

Aid Al Adha : La peur au ventre

Signe du temps, cette fête du sacrifice du mouton porte dans son sillage de nombreux doutes, des interrogations inextricables, une grande angoisse, beaucoup d’incertitude et une certaine forme d’aberration voire d’absurde.

 

Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste

D’abord la flambée de presque tous les prix des principaux produits consommés par la grande majorité des Marocains, surtout les plus pauvres et les plus démunis entre nous. Cette cherté de la vie a plongé des populations entières dans la précarité.

Et ceux qui n’arrivaient pas à joindre les deux bouts, avec le strict minimum, n'ont presque rien aujourd’hui pour manger à leur faim, alors acheter une bête qui coûte un minimum de 2.500 dirhams (pour un mouton acceptable), c’est strictement impossible pour des millions de Marocains.

Des prix qui atteignent 7.500 dirhams (et même plus, avec des records) pour des moutons ! C’est tout bonnement une folie de proposer des troupeaux entiers à des prix exorbitants et rédhibitoires. Sincèrement, est-ce qu’une pauvre famille dont le chef touche 2.000 dirhams peut manger à sa faim, subvenir aux besoins des siens, les soigner, leur offrir un toit, et en plus dépenser 2.500 balles pour s’acheter de la barbaque ? Il a deux options qui sont d’ailleurs le lot de tellement de nos concitoyens: contracter un crédit ou vendre un bien. Quelle misère ! Tous ces sacrifices et cette douleur pour la tête d’un mouton !

Ceci, il faut le dire et le souligner, tant les conséquences de la grave crise du Covid-19 et son impact sur les économies les plus fragiles ont été dévastateurs. Une bonne partie de la société souffre aujourd’hui encore terriblement des retombées négatives de cet impact économique qui a fait de graves et durables dégâts au sein de millions de foyers marocains.

Ces derniers souffrent en silence, acceptent leur sort et font preuve d’une résilience qui force le respect faisant face dignement à toutes les intempéries dont ils sont toujours les premiers à payer les frais et les pots cassés.

Et ce n’est pas fini. Non seulement, les gens n’ont pas de quoi faire leur devoir religieux (qui n’est pas du tout une obligation religieuse), mais ils doivent se serrer la ceinture, et le vivre, encore cette année, dans la peur et l’angoisse du Covid-19 dont les sérieuses menaces planent toujours sur nos têtes, avec une augmentation très importante du nombre de contaminations.

À ce propos, les chiffres sont très parlants : 2.451 contaminations et 5 décès liés au Covid-19 enregistrés ces dernières 24 heures au Maroc. Les cas actifs sont au nombre de 23.254 et le taux d’occupation des lits de réanimation s’établit à 2.8%. À titre d’exemple, 3.870 tests ont été réalisés ces dernières 48 heures. Le taux de positivité est de 21,93%. Le nombre total de décès s’élève à 16.147 cas, avec onze cas enregistrés ces dernières 48 heures alors que les cas sévères ou graves pris en charge sont de l’ordre de 145.

C’est dire que les choses sont sérieuses et quand on connaît le relâchement complet de la part de presque tous les citoyens, il y a lieu de se poser des questions, surtout face aux foules incontrôlables dans les souks où l’on vend des moutons, les marchés, les fermes et la promiscuité couplée à l’invasion des supérettes et autres surfaces pour faire le plein d’approvisionnements.

A tout ceci s’ajoute l’hygiène douteuse, le non-respect des règles sanitaires préconisées par les autorités et la permissivité que l’on connaît le jour de l'Aïd avec les bûchers dans les rues et autres déchets qui envahissent les caniveaux.

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