En effet, dans son rapport au Conseil de sécurité sur le Sahara marocain, le Secrétaire général de l’ONU a clairement pointé du doigt des exécutions extrajudiciaires de deux Sahraouis dans les camps de Tindouf, par les forces de sécurité algériennes.
Le meurtre a eu lieu dans un site minier près du «camp de Dakhla» à Tindouf en Algérie, en octobre 2020. Cette accusation découle des conclusions d’enquête du Rapporteur spécial sur les droits de l’Homme des migrants, de la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, et du Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Les trois rapporteurs des Nations Unies ont insisté sur l’urgence d’agir contre ces exécutions extrajudiciaires, non seulement contre ces deux personnes dans les camps de Tindouf par les forces de sécurité algériennes, mais également de nombreux autres crimes commis dans les camps, qui font également l’objet d’enquêtes et d’investigations approfondies pour définir les responsabilités de chacun dans ces exactions et assassinats à répétition, en toute impunité. Selon les rapporteurs onusiens, la patrouille militaire algérienne a mis le feu au fossé minier où se trouvaient les deux personnes, avant de les laisser brûler vives.
En Algérie, aucune enquête n’a été ouverte sur les circonstances de la mort de ces deux personnes et les coupables n’ont pas été poursuivis. Pour l’ONU, ces actes criminels sont monnaie courante. Ils sont systématiquement commis par les forces de sécurité algériennes à l’encontre des populations séquestrées dans les camps de Tindouf et des mineurs migrants qui subissent au quotidien une répression inextricable, les privant de tous leurs droits humains. Des actions qui se sont accrues pendant la pandémie de la Covid-19 et qui ont fait de nombreuses victimes dans les camps de Tindouf.
L’étau resserré autour des populations est tel que ces actes criminels sont subis dans le silence des populations, qui ne savent pas à quel saint se vouer, étant livrées à elles-mêmes dans le mépris le plus abject de la part des autorités algériennes, qui ont du pain sur la planche pour gérer les Hiraks qui touchent l’ensemble du pays.
C’est pour toutes ces raisons que les familles des victimes n’osent pas signaler ces violations aux autorités algériennes par crainte des représailles. Ce qui a souvent été le cas quand des membres des populations séquestrées à Tindouf se sont plaints à des officiels humanitaires lors de visites d’inspection ou d’enquête de terrain sur les conditions de vie dans les camps.
Selon un rapport du Haut-commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme (HCNUDH), les responsables onusiens ont appelé les autorités algériennes à prendre des «mesures immédiates et concrètes pour mettre fin aux graves violations des droits économiques, sociaux, civils, politiques et culturels des réfugiés sahraouis», précisant qu’«une série de pratiques ont donné libre cours à des schémas de violations graves».
Par Abdelhak Najib, écrivain-journaliste