Le fameux sésame, c’est le baccalauréat. Ce fameux diplôme qui ouvre la porte des études supérieures. Pour cette année scolaire, ce sont au total 325.191 candidats, dont 51% de garçons et 49% de filles, qui sont en lice afin de le décrocher. Depuis mardi dernier, ils se triturent les méninges devant des épreuves de la session ordinaire qui se poursuivent jusqu’au matin du vendredi 9 juin pour la section agriculture.
Cette année cependant, les épreuves se déroulent dans un contexte particulier, marqué par l'entrée en vigueur, depuis septembre 2016, de la loi relative à la répression de la fraude aux examens scolaires. Une loi qui, visiblement, ne tolère aucun compromis en matière de triche. Elle prévoit ainsi des sanctions disciplinaires et pénales à l'encontre de toute personne prise en flagrant délit de fraude. Les sanctions disciplinaires peuvent aller de l'octroi d'une note de zéro à l’annulation des notes de l’ensemble des matières de la session concernée, jusqu'à la privation de passer l’examen pendant deux ans.
Cette loi comprend également des sanctions pénales allant de 6 mois à 5 ans de prison et une amende allant de 5.000 DH à 100.000 DH pour les cas de fraudes relatifs à la production ou l’utilisation de faux documents aux fins de participer à l’examen, l’usurpation d’identité d’un candidat pour passer l’examen, la fuite des sujets de l’examen par tout responsable… Ces mesures suffiront-elles à réduire, voire mettre fin aux cas de triche ? Pas le moins du monde. Les cas de fraude se multiplient et pas moins de 545 cas ont été détectés rien que durant la deuxième journée de l'examen.
Rappelons que, régulièrement, le ministère de l'Education nationale renforce les dispositifs pour limiter les cas de fraude. En 2013 déjà, il avait été décidé de plafonner à 20 le nombre de candidats par classe. Plus récemment, en 2016, la tutelle avait adopté une autre approche : exiger de chaque candidat, scolarisé ou libre, de fournir un acte d’engagement légalisé à la direction de son établissement (public ou privé), ou à la direction régionale du ministère (pour les candidats libres) où il déclare avoir pris connaissance des lois et règlements concernant la triche aux examens et les sanctions qui en découlent. Malgré cela, 3.048 cas de triche ont été enregistrés lors de ces examens.
Cela dit, qu’en sera-t-il pour tous ces futurs bacheliers ? Je le disais tantôt dans ces colonnes : une minorité (aisée) foulera les bancs de l’enseignement supérieur privé, voire s’exilera dans de prestigieuses universités à l’étranger, et la grande majorité ira grossir le rang des universités publiques qui, malheureusement, ne sont plus ce qu’elles étaient. Le système actuel de l’enseignement public est en effet qualifié, à tort ou à raison, de fabrique à chômeurs. Positionnant d’emblée l’enseignement privé comme une alternative (très onéreuse) face à la faillite du public. La dégradation de l’enseignement «a conduit un grand nombre de familles, en dépit de leur revenu limité, à supporter les coûts exorbitants de l’inscription de leurs enfants dans les établissements d’enseignement relevant des missions étrangères ou dans le privé, et ce afin de leur épargner les problèmes rencontrés dans l’enseignement public et leur permettre de bénéficier d’un système éducatif performant» : c’est le diagnostic sévère qu’avait fait, à juste titre, le Roi dans son discours du 20 août 2013. Des mots transparents pour qui sait lire.■
D.W.