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Casablanca : La fièvre des habits traditionnels envahit le quartier des Habous avant l’Aïd

Casablanca : La fièvre des habits traditionnels envahit le quartier des Habous avant l’Aïd

À la veille de l’Aïd Al-Fitr, les ruelles étroites du quartier des Habous ne désemplissent pas. Boutiques pleines, vendeurs débordés, familles pressées : l’ambiance est à la fois joyeuse et chaotique. Les tenues traditionnelles restent au cœur des achats de l’Aïd.

Djellabas pour hommes, caftans pour femmes, jabadors pour les enfants, et bien sûr, les incontournables babouches. Ici, tout se vend, et souvent, tout se vend vite.

Pour Younes, commerçant depuis 17 ans, « les clients savent ce qu’ils veulent. Cette année, ils demandent des tissus légers, faciles à porter et à repasser. Les couleurs claires, comme le blanc cassé ou le beige, partent dès le matin. »

Dans sa boutique, on ne parle pas de fantaisie mais d’équilibre. Un bon tissu, une belle coupe, une sfifa discrète mais soignée. Les clients cherchent du beau, mais aussi du pratique.

Un peu plus loin, Mounir, jeune vendeur de babouches, fait des allers-retours entre son stand et sa réserve. « Ce sont surtout les babouches fassies qui partent. Les clients veulent du cuir, mais souple, pas rigide. Les semelles épaisses plaisent beaucoup. On vend pour toute la famille. »

Chez Naïma, couturière et commerçante, la demande explose. « Les femmes veulent des modèles simples mais élégants. On évite les caftans lourds. Les modèles deux-pièces plaisent beaucoup. Ce qui compte, c’est la coupe et la broderie fine. »

 

L’autre visage du commerce 

Mais dans cette agitation, tout ne se passe pas en boutique. Devant les portes, sur les trottoirs, aux coins des ruelles, les vendeurs ambulants multiplient les stands improvisés.

Yassine, 31 ans, expose des jabadors et des babouches sur une bâche en plastique : « Je vends ce que j’ai pu acheter en gros, et j’essaie de gagner un peu. Les gens cherchent du pas cher, donc je vends vite. »

Rachid, lui, travaille avec un grossiste de confiance :« Je prends en dépôt. Si je vends, je gagne une marge. Sinon, je rends la marchandise. Il y a beaucoup de concurrence, mais si tu as de la marchandise propre, tu peux faire ta journée ». Le quartier devient alors une grande foire. Entre les magasins bien installés et les petits vendeurs ambulants, chacun essaie de tirer son épingle du jeu.

Clients en masse, circulation en crise

Cette affluence soudaine n’est pas sans conséquences. Dès l’entrée du quartier, les klaxons s’enchaînent. Voitures bloquées, motos qui zigzaguent, passants qui débordent sur la chaussée. Se frayer un chemin devient un sport.

Ayoub, 27 ans, venu en voiture, regrette un peu son choix. « J’ai mis quarante minutes pour trouver une place. C’est le chaos. Mais bon, on ne va pas ailleurs. Ici, tu trouves tout, et les prix sont bons. »

À l’intérieur des ruelles, la densité augmente. Les poussettes avancent lentement, les bras se frôlent, les vendeurs crient leurs offres. Mais personne ne se plaint. L’Aïd approche, et l’excitation générale prend le dessus sur l’inconfort.

Samira, mère de trois enfants, garde son calme. « C’est toujours comme ça. Il faut juste être patient. Moi, je viens chaque année. Je connais les endroits où ça vaut le coup. Les enfants veulent être beaux pour la prière, alors on fait l’effort. »

Face aux grandes enseignes et à la mode moderne, les habits traditionnels résistent. Mieux : ils rassemblent toutes les générations. Du caftan soigné à la djellaba simple, de la babouche artisanale à la version bon marché, chacun trouve sa place.

Et au cœur de cette effervescence, les Habous restent fidèles à leur réputation : un lieu où l’on vit l’Aïd avec style, avec passion, et avec un soupçon de chaos bien Casawi.

 

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