Des preuves scientifiques attestent que les enfants et les adolescents se contaminent et attrapent beaucoup moins le virus qu’un adulte. Mieux encore, ils ne développent pas forcément les cas graves de la maladie.
«Effectivement, les enfants et les adolescents restent moins réceptifs au virus du Sars-Cov2. De ce fait, ils développent moins la maladie. Ils peuvent être porteurs du virus et le transmettre aux adultes dans leur entourage familial ou en milieu scolaire. Des cas de transmissions au sein des écoles ont été constatées, obligeant les autorités compétentes à fermer de manière transitoire les écoles», explique le professeur Saïd Motaouakkil, anesthésiste-réanimateur, docteur en biologie et membre du comité scientifique et technique national.
Et de préciser que «la plupart des universités ont choisi de dispenser des cours à distance. Nous avons observé quelques cas de syndrome de Kawasaki chez les enfants; ces cas ont été démontrés dans des études médicales à travers le monde entier».
L’école a-t-elle sa part dans la transmission du virus ?
Selon le Pr Said Motaouakkil, le taux de transmission de la maladie dans les écoles reste faible par rapport aux milieux professionnel et familial. Mais la prudence doit être de mise. D’ailleurs, certains établissements scolaires ont dû fermer leurs portes suite à l’apparition de clusters.
Pour autant, depuis le début de la pandémie, les cas rapportés de coronavirus chez les enfants représentent 1 à 5% des malades. Il est vrai que si la maladie se déclenche chez les enfants, elle est moins grave et plus courte. En comparaison aux personnes adultes, la mortalité est de 1/10.000e, la gravité, elle, est de 1/1.000e et l’hospitalisation chez les enfants ne représente que 1/100e.
«On note chez les enfants qui développent des anticorps contre une maladie infectieuse la disparition du virus. Or, ce n'est pas le cas dans la Covid-19, ce qui explique que les enfants peuvent transmettre la maladie», précise notre interlocuteur.
Et d’ajouter que «la pandémie a eu des conséquences néfastes sur la vie des enfants, sur leur scolarité, sur la difficulté à respecter les mesures préventives. Le confinement a fortement impacté la psyché des enfants et des adolescents scolarisés. Il faut prendre en considération tous ces éléments pour être à leur écoute afin de mieux les sensibiliser et les alerter sur les risques».
Rappelons que le 11 janvier, les ministères de la Santé et de l’Éducation nationale ont lancé une campagne de dépistage grandeur nature du SARS Cov2 auprès de 30.000 élèves dans les collèges et lycées. Six régions du Maroc étaient visées, dont Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. L’objectif était d’établir le niveau de circulation du virus chez la population de moins de 18 ans, de connaître la carte de répartition de l’infection et déterminer les caractéristiques génétiques du virus circulant et d’éventuelles mutations (génomes du virus) à travers le séquençage de quelques échantillons des virus détectés.
A l’issue de cette action de dépistage de la Covid-19 dans les écoles, les résultats ont révélé un faible taux de positivité, la majorité des cas sont asymptomatiques et aucun variant n’a été détecté.
«L'enquête nationale de l'incidence dans le milieu scolaire marocain a montré un taux faible de 2,43% sur 31.611 élèves testés; cela confirme ce que nous avons affirmé auparavant. Il est aussi vrai que les nouveaux variants, notamment sud-africain, brésilien et indien touchent de plus en plus les jeunes. C’est pourquoi on préconise la vigilance combinée à la prudence. Actuellement, certains laboratoires pharmaceutiques travaillent sur des vaccins de la Covid-19 chez les enfants. Ils seront prêts pour le dernier trimestre de l'année 2021», conclut le Pr Said Motaouakkil.
Pr Saïd Motaouakkil: Anesthésiste-réanimateur et membre du comité scientifique et technique national
I.Zerrouk