En 2020, il y a eu 129.681 greffes d’organes dans le monde. Au Maroc, la culture du don d’organes peine encore à se frayer un chemin.
Actuellement, ce ne sont que 1.200 donneurs potentiels qui sont inscrits sur le registre du don. Face à ce nombre considérablement “modeste” desdits donneurs, plusieurs voix se sont élevées depuis des années appelant à une mobilisation de tous les acteurs concernés à contribuer à l’essor de ce moyen thérapeutique dans notre pays.
«La transplantation d’organes demeure primordiale en cas de faillite d’un organe vital. Néanmoins, le nombre de celle-ci dans notre pays reste en deçà des besoins d’où la nécessité d’élaborer de nouvelles stratégies grâce à l’implication de tous», a affirmé Amal Bourquia, professeur de néphrologie et néphrologie pédiatrique et présidente de l’association «REINS», lors d’une rencontre tenue samedi 12 novembre à Rabat, sous le thème «Pour une vraie relance du don et de la transplantation d’organes au Maroc».
Pour sa part, Najib Amghar, néphrologue et SG du Conseil national de l’ordre des médecins, a insisté sur le fait que «l’insuffisance rénale chronique terminale est une priorité majeure de santé publique. Au Maroc, l’incidence est sans cesse croissante et le coût du traitement reste élevé».
D’après les chiffres avancés par les deux spécialistes concernant la néphrologie au Maroc, il existe :
· 410 centres de dialyse : 267 secteur libéral et 143 dans le secteur public
· 480 Nephrologues marocains avec une présence de femmes de plus en plus grandissante
· 3 millions de personnes souffrant d’une maladie rénale chronique
· 3.500 nouveaux cas d’insuffisance rénale terminal /an
· 34.000 patients dialysés
Le Pr Bourquia estime que le Maroc devrait s’inspirer du modèle espagnol concernant le don d’organes. «L’Espagne est depuis 29 ans considérée comme championne du don d’organes. Celle-ci représente 19% des dons d’organes dans l’Union européenne et 5% de ceux enregistrés dans le monde en 2020», a-t-elle souligné.
La perception du don et de la transplantation dans notre société est fortement influencée par des aspects sociaux tels que «la méconnaissance des prélèvements et de la greffe, l’absence d’informations sur la pratique de celle-ci, l’ignorance des techniques utilisées, des croyances erronées et des peurs», poursuit Amal Bourquia.
S’agissant de l’aspect législatif, la transplantation d’organes est gérée par des textes de loi publiés dans le Bulletin officiel (loi n°16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation).
D’après le Pr Bourquia, «ces textes mériteraient d’être revus pour être mieux adaptés à la pratique. Nous militons depuis des années pour une révision de la loi afin que nous soyons tous des donneurs sauf ceux qui s’inscriraient sur le registre du refus. A l’instar d’autres pays, cette procédure pourrait favoriser le développement du don d’organes après le décès en permettant au moins une disponibilité d’organes. Au Maroc, beaucoup de concitoyens souhaitent être donneurs, mais la procédure d’inscription, qui s'opère auprès des tribunaux, constitue une difficulté pour eux».