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Semaine de la colère des étudiants en médecine : Les raisons de la rupture

Semaine de la colère des étudiants en médecine : Les raisons de la rupture

Après plusieurs mois de bras de fer, rien ne va plus entre le gouvernement et les étudiants en médecine qui sont en grève depuis décembre 2023. Du jamais vu dans les annales des protestations au Maroc.

 

Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste

Du 7 au 16 juillet, ces grèves prennent une autre dimension, avec la semaine de la colère, qui est lancée, avec des marches, des sit-in et des sorties médiatiques pour faire entendre leurs voix.


Ni le gouvernement, ni le ministère de la Santé et de la Protection sociale, ni le ministère de l’Enseignement supérieur ne s’y attendaient. Ce qui devait être une semaine de protestation et de refus de la part d’un groupe d’étudiants qui rejettent les décisions des ministères de tutelle sur leur avenir et les modalités de leur parcours universitaire, s’est mué en plus de sept mois de grèves sérieuses qui ont paralysé les Facultés de médecine du Royaume, avec des milliers d’étudiants qui tiennent tête, mènent un bras de fer solide, face à un gouvernement qui reste intransigeant et campe sur ses décisions. D’où l’impasse. D’où la colère.


Pour la Commission nationale des étudiants de médecine, les choses sont claires : «ce boycott ouvert de la formation et des examens est la conséquence de plusieurs dépassements et mesures qui sont aux antipodes de la réforme espérée. Poursuivre le mouvement de protestation ne signifie pas que les étudiants acceptent l’année blanche, c’est plutôt le signe de leur foi inébranlable en la légitimité de leurs revendications». Pourtant, c’est bel et bien une année blanche qui sera actée si aucun terrain d’entente n’est trouvé. Au vu des développements de cette crise profonde qui met en danger l’avenir de milliers de jeunes marocains, une année blanche est un constat d’échec d’abord des deux ministères de tutelle, à savoir la Santé et l’Enseignement supérieur.


Pour mieux saisir le pourquoi du comment de cette crise dont on ne voit pas le bout, il faut revenir au 20 décembre 2023. C’est à partir de cette date que le bras de fer est amorcé. Les étudiants en médecine et en pharmacie décident d’entrer en grève et boycottent les examens et les stages au niveau des différents centres hospitaliers universitaires en signe de protestation. Pourquoi ?  La réponse est simple : «le manque de clarté concernant la sixième année de formation, ainsi que le retard injustifié dans la publication du cahier des charges pédagogique pour le troisième cycle». Ils précisent dans leur lettre de refus :  «l’absence de mesures d’accompagnement, créant ainsi un climat d’incertitude qui porte préjudice à la qualité de la formation médicale». 


En effet, les deux ministères dirigés par le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Abdellatif Miraoui, et le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, ont affirmé que le passage des études de 7 à 6 ans n'impacte en rien la valeur scientifique et morale des diplômes obtenus des Facultés de médecine et de pharmacie du Royaume. Pour les deux membres du gouvernement, «Cette mesure s'inscrit dans un vaste programme de réforme visant à améliorer le système de santé et l'enseignement supérieur au Maroc». 


Vaste chantier certes, qui pose aujourd’hui un grave problème puisque sept mois n’ont pas suffi pour convaincre les étudiants, qui, eux, avancent leurs arguments  pointant l’augmentation importante du nombre des étudiants au cours des deux dernières années, ce qui n’a pas été suivie de mesures d’accompagnement, notamment l’ouverture de nouveaux centres hospitaliers universitaires. Ce qui a eu pour conséquence le «surpeuplement des amphis et un faible encadrement des futurs médecins au sein des hôpitaux». Autrement dit, plus d’étudiants et une année de moins de formation, c’est donner des diplômes à des futurs médecins manquant sinon de compétences du moins n’ayant pas toutes les chances et les moyens scientifiques et intellectuels de leur côté pour faire d’excellents médecins dans un pays comme le Maroc qui pâtit du manque de médecins et surtout de la qualité des soins et des diagnostics. 


Dans un contexte sanitaire où le Maroc a besoin de 34.000 cadres médicaux, la nécessité de renforcer la formation, dans le cadre d'une réforme globale du système, comme le souligne le ministre de la Santé, requiert d’abord des années de formation solides, pour proposer aux citoyens marocains, dans le cadre de la protection sanitaire des populations, des médecins solidement formés, avec un cursus sans failles, des compétences optimales, car il en va de la santé des citoyens, l’une des grandes préoccupations du Souverain, qui a fait de la santé une priorité nationale pour le bien des Marocains.

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