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La bipolarité : Une pathologie encore mal connue au Maroc

La bipolarité : Une pathologie encore mal connue au Maroc

Ce 30 mars 2022 est célébrée la Journée mondiale des troubles bipolaires, une date pour mieux comprendre cette pathologie qui touche 1,5 à 2% de la population marocaine. 

Profonde tristesse, souffrance indicible, irritabilité excessive, sentiment d’échec ou de culpabilité, puis, bonheur extrême, énergie débordante, estime de soi démesurée … Fluctuer entre deux pôles de l’humeur, tel est le quotidien des personnes souffrant de troubles bipolaires.  

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles bipolaires touchent plus de 60 millions de personnes à travers le monde. Placée par l’OMS au 5ème rang des maladies mentales les plus handicapantes, la bipolarité est considérée comme étant un trouble grave de l’humeur. 

«La bipolarité est une maladie psychiatrique qui se caractérise par un dérèglement de l'humeur. La personne bipolaire va passer par une alternance de phases d'excitation psychique et d'épisodes dépressifs. Ces cycles sont souvent reliés par des périodes où l'humeur est normale. Le diagnostic n'est pas évident à poser car les patients présentent souvent d'autres symptômes plus visibles (troubles anxieux, dépression, toxicomanie...)», explique Ghizlane Ziad, psychologue clinicienne spécialisée en clinique pathologie et clinique sociale. 

En effet, les symptômes de la bipolarité varient d’une personne à l’autre. Pour quelques-uns, les phases de dépression dominent, alors que pour d’autres, les phases d’excitation intense priment sur tout le reste. 

«Si la personne change d'humeur de manière cyclique, cela peut être un bon indice. Il faudrait repérer une alternance de cycles où la personne va avoir envie de tout faire, tout voir, tout vivre et des phases d'apathie et elle sera trop déprimée pour faire quoi que ce soit», précise la spécialiste, ajoutant que l'apparition d'hallucinations auditives et ou visuelles peut également être un signe alarmant.

Par ailleurs, chaque phase du trouble bipolaire possède des caractéristiques propres et nécessite un traitement spécifique. De ce fait, Ghizlane Ziad affirme que la prise de médicaments demeure indispensable pour contenir les symptômes et protéger le malade. 

«Il va s'agir principalement de régulateurs de l'humeur qui vont permettre d'atténuer les pics et atteindre un état ni trop euphorique, ni trop dépressif. Peuvent s'ajouter à cela des antidépresseurs (pour contrer les mouvements dépressifs) et des anxiolytiques (pour contrer l'anxiété conséquence de la surcharge mentale)», indique-t-elle. 

Outre le traitement médicamenteux, les soins thérapeutiques sont nécessaires pour soulager les différents symptômes. «Un suivi thérapeutique de type psychoéducation est indispensable pour apprendre à gérer au mieux le quotidien malgré la maladie. Une activité créative et artistique peut également beaucoup apporter, dans la mesure où elle permet de canaliser les symptômes», assure la psychologue. 

Les troubles bipolaires apparaissent généralement pendant l’adolescence et le début de la vie adulte, précisément entre 15 et 25 ans, et persistent toute la vie. «La bipolarité touche indistinctement les hommes et les femmes. L’origine de cette maladie serait génétique, bien qu'aucun gène causal n'ait été identifié. Le risque de développer un trouble bipolaire augmente de 15% à 20% lorsqu'un membre de la famille proche est également touché», avance la praticienne. 

Les personnes atteintes de troubles bipolaires vivent leurs émotions avec une intensité démesurée, des évènements souvent mal compris par notre société. Selon Fouad Mekouar, président de l’Association marocaine pour l’appui, le lien, l’initiation des familles des personnes souffrant de troubles psychiques (Amali), les troubles bipolaires sont difficilement acceptables aux yeux des familles des malades. 

«La bipolarité paraît encore trop largement méconnue des Marocains et généralement mal acceptée par la société et par les proches des patients. Les gens ne connaissent pas vraiment cette maladie; dès qu’une personne a un comportement en dehors des normes, surtout quand elle devient agressive, les réactions sont négatives», souligne-t-il.  

Pour mieux accompagner une personne bipolaire, Mekouar estime qu’avant toute chose, il est primordial d’accepter la maladie et d’apprendre à se comporter avec les personnes bipolaires afin d’éviter de causer des crises et de provoquer des situations de conflit. Le président d’Amali insiste également sur l’importance de l’hospitalisation au cas où le sujet présente des symptômes pénibles.

 

Par Meryem Ait Ouaanna

 

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