Que représente le 10 octobre pour le Maroc ? Peu de personnes peuvent répondre à cette question, tellement cette date passe inaperçue. Elle ne nous rappelle rien. Si ce n’était le haut-commissariat au Plan, ces lignes que vous lisez ne seraient certainement pas écrites. Pourtant, c’est une date importante pour les femmes, puisqu’on célèbre au Maroc… la Journée nationale de la femme.
Résumons : les femmes marocaines sont donc célébrées deux fois dans l’année. Le 8 mars, qui a une résonnance mondiale, et le 10 octobre… dont peu de personnes connaissent l'existence.
Mais bref, merci au HCP qui veille à nous rappeler l’importance de cette journée… avec ses statistiques intéressantes et édifiantes, mais qui peuvent parfois révolter la gente féminine, tellement elles sont discriminées.
Le HCP nous apprend donc que sur les 7.313.806 ménages recensés au Maroc en 2014, 1.186.901 sont dirigés par des femmes, soit près d’un ménage sur six (16,2%). Cette proportion est restée presque stable en comparaison à celle de 2004 (16,33%). Elle est toutefois plus élevée en milieu urbain (18,6% ou 896.091 ménages) qu'en milieu rural (11,6% ou 290.810 ménages).
Par ailleurs, une femme chef de ménage sur cinq (20,9% ou 248.005 femmes) vit seule contre 4,6% parmi les hommes chefs de ménage (279.226 hommes). En outre, les femmes chefs de ménage veuves et les divorcées représentent 55% (654.647) et 14% (170.265) respectivement contre 1% (55.424) de divorcés et 1% (65.112) de veufs parmi leurs homologues masculins, et 20% (233.844) sont mariés contre 93% (5.671.139) des hommes.
Autre statistique révélatrice : 65% des femmes chefs de ménages sont analphabètes, soit presque le double de leurs homologues masculins (34% environ). Elles sont de même faiblement intégrées au marché du travail. Leur taux d’activité est de 30% contre 81% parmi les hommes.
En définitive, ce qui a changé, c'est que le 10 octobre nous permet de remettre encore sur la table les nombreuses injustices dont sont victimes les femmes. Car cette journée renvoie à une réalité immuable : la condition de la femme au Maroc n’a pas beaucoup changé, même avec l’avènement de la Moudawana (code de la famille) en 2004, sous l’impulsion du Souverain. Et c’est parce que les lignes n’ont pas bougé qu’il faut se demander à qui profite… ce statu quo. La réponse est toute trouvée (sic !).■
D. W.