Dès les premières heures ayant succédé au séisme survenu le 8 septembre au Maroc, les Forces armées royales (FAR) se sont mobilisées au niveau de la région d’Al Haouz, lourdement touchée. Objectif : Déployer un hôpital médico-chirurgical de campagne (HMCC) pour venir en aide aux sinistrés.
En ce dimanche 17 septembre, à l’Hôpital médico-chirurgical de campagne sis dans la commune d’Asni relevant de la province d’Al Haouz, les habitants des douars touchés par le tremblement de terre continuent d’affluer en masse. Le staff médical ne ménage aucun effort pour prodiguer les soins nécessaires aux victimes et des ambulances présentes sur place transportent les cas urgents aux hôpitaux de Marrakech.
«Je suis venue ici pour faire des contrôles de la tension artérielle ainsi que des examens ophtalmologiques. Depuis la survenue du séisme, mes problèmes de santé se sont accentués. Je souffre encore du stress post-traumatique et j’espère trouver l’assistance dont j’ai besoin dans cet hôpital», témoigne Mina Ait Tourirt, habitante du douar Arigh.
Cet hôpital compte 24 médecins, toutes spécialités confondues. En sus d’une pharmacie qui distribue les médicaments gratuitement, des laboratoires pour les analyses de routine, la radiologie ainsi que l’échographie.
Les spécialités comprennent selon Youssef Qamouss, médecin colonel, professeur en anesthésie réanimation, médecin chef à l’hôpital médico-chirurgical de campagne d’Asni : «l’ORL, le gynécologue, trois orthopédistes puisque plusieurs personnes arrivent avec des fractures à des degrés différents. Aussi, le neurochirurgien, le pédiatre, l’ophtalmologue, l’unité de psychologie sociale, 48 infirmières et infirmiers et une cinquantaine d’assistantes sociales pour garantir le soutien psychologique de la population sinistrée».
Youssef Qamouss nous raconte que le soir du drame, ils ont été immédiatement sollicités suite aux instructions du Roi Mohammed VI. «Nous sommes arrivés ici le samedi 9 septembre à 7 heures du matin pour choisir le site et entamer les travaux de montage de l’hôpital. Tout cela a été déployé en un temps record de 24 heures grâce à nos équipes fortement mobilisées».
Cependant, le choix du site n’a pas été chose facile. «Notre premier choix s’est porté sur Ouirgane, néanmoins le terrain était accidenté. Pour que l’hôpital soit fonctionnel, nous avons besoin d'eau, d'électricité, d'Internet, etc. Nous avons donc choisi ce site pour son accessibilité et pour cela nous avons pu compter sur l’aide du ministère de l’Intérieur».
Chaque jour, ces équipes médicales assistent à des scènes dramatiques jusqu’à avoir les larmes aux yeux.
«Des femmes enceintes viennent ici pour accoucher. Nous sommes à la cinquième césarienne. L’une d’elles, blessée lorsque sa maison s’est effondrée, a par la suite accouché d’un mort-né, ce qui nous a poussé à procéder à l’extraction pour éviter des complications ultérieures», raconte le médecin colonel d’une voix pleine d’émotion.
Lors des premiers jours post-séisme, l’hôpital de campagne recevait entre 500 et 600 patients par jour. Actuellement, il reçoit aux alentours de 800 patients quotidiennement. «Nous avons franchi le cap des 5.000 patients pris en charge au niveau de cet hôpital», précise Youssef Qamouss.
Il est à noter que la quasi-totalité de ces patients sont pris en charge au HMCC d’Asni pour atténuer la pression sur les autres structures de Marrakech.
«Il existe une régulation en amont et en aval en coordination avec la protection civile et la gendarmerie qui récupèrent les sinistrés à bord des hélicoptères. Pour ce qui est des cas sévères nécessitant la réalisation d’un scanner; nous nous chargeons de la prise en charge initiale et nous les transférons par la suite au CHP de Tahnaout, les CHU et l’hôpital militaire de Marrakech», conclut Qamouss.
M. Boukhari