A ce rythme, nous serons tous bientôt des professionnels de santé chevronnés. Après la pandémie liée au coronavirus qui nous a pourri la vie pendant plus de deux ans, nous voilà plongés dans la planète des singes.
Cas contacts, isolement, vaccination…, ces mots que l’on croyait voir disparaître avec l’extinction progressive de la Covid-19 refont surface. Mais que l’on se rassure : avec la variole du singe, nous ne sommes pas du tout dans la même configuration. Elle est beaucoup moins contagieuse que le nouveau coronavirus, moins dangereuse que sa cousine la variole, mais surtout elle n’est pas mortelle. Rassurant… pour l’instant ! Sauf que la vague de cas détectés à travers le monde est entourée d’un certain nombre de mystères.
• Primo : Quelque 220 contaminations ont été enregistrées jusqu’à mercredi dernier dans 19 pays où la maladie est inhabituelle, dont la plupart en Europe.
• Secundo : Cette maladie rare endémique était jusqu’ici cantonnée dans certains pays d’Afrique. Or, des foyers sont apparus dans de nombreux pays chez des populations qui n’ont jamais voyagé dans ces pays du continent.
• Tertio : Selon l’Organisation mondiale de la santé, «la plupart des cas, mais pas tous, concernent des hommes ayant eu des rapports sexuels avec d'autres hommes».
Tout cela laisse circonspect le monde scientifique. En attendant d’y voir plus clair, mieux vaut ne pas la choper, car il n’est point agréable de trimbaler des cloques et des plaies sur le visage, les mains et les pieds. La variole du singe fait partie de ce qu’on appelle les maladies zoonotiques, transmises à l’homme suite à un contact avec un animal infecté (morsure, griffure, fluides biologiques).
Plus de 200 types de zoonoses sont actuellement identifiés. Et selon l'Organisation mondiale de la santé 60% des maladies infectieuses humaines sont zoonotiques. De plus, les zoonoses seraient responsables chaque année d'au moins 2,4 milliards de cas de maladies humaines et de 2,2 millions de décès.
Ces chiffres pourraient augmenter dans les années à venir. Surtout quand on voit le rapport de l’homme à l’animal. Aujourd’hui, l’on ne se contente plus des chats ou des chiens comme animaux domestiques. La recherche d’exotisme pousse de plus en plus de personnes à inviter dans leurs chaumières des animaux de compagnie beaucoup moins convenables (iguanes, serpents, certains rongeurs et mammifères, oiseaux sauvages…) et qui peuvent être de potentiels réservoirs à virus.
Il faudra alors juste un passage du «réservoir» à l’animal «hôte intermédiaire» pour que les virus affectent les cellules humaines. Et c’est le cheminement qui est pour le moment privilégié pour expliquer la pandémie de la Covid-19, l’une des plus importantes crises sanitaires et économiques que le monde ait connues : chauve-souris (réservoir), pangolin (hôte intermédiaire apprécié pour sa chair) en contact avec des animaux braconnés sur le marché de Wuhan (Chine), puis l’Homme.
Par D. William