La nouvelle année amazighe «Yennayer 2971», fêtée dans la nuit du 12 au 13 janvier 2021, est une plongée dans l’histoire, dans la culture et dans la mémoire plurielle du Royaume, tout en tenant compte de l’histoire de l’amazigh dans le Nord de l’Afrique qui remonte à plusieurs siècles.
Pas de festivités, certes cette année, compte tenu de la situation sanitaire actuelle, mais de toute évidence Yennayer reste un moment fort en symbole et un jour de fête aux ambiances et allures particulières.
Intitulé «L'affluent hébraïque dans la culture marocaine», le thème a été choisi pour marquer ce «Yennayer 2971».
Modérée par le professeur et chercheur Lahcen Amokrane, cette rencontre a été animée par la journaliste (2M) Ghizlane Taibi, élue personnalité de l’année en raison de ses efforts pour le pluralisme culturel. Sanae Rachidi, professeure universitaire, Kamal Hachkar, professeur et cinéaste, Abdallah Elfaryadi, professeur et acteur associatif, ont égayé cette rencontre par leurs précisions et discours.
Au menu de ce colloque miniaturisé : la culture juive et son affluence sur le Maroc. Une culture riche et variée, qui a son importance et son rôle dans plusieurs domaines notamment l’architecture, la littérature, la musique, le cinéma, l’art culinaire et la linguistique… pour ne citer que cela.
Le Maroc, terre de civilisation, a su, au fil des ans, remonter l’affluent hébraïque dans toutes ses dimensions mais pas seulement, puisque d’autres affluents émergent du lot, à savoir l’andalou et l’africain.
Le Maroc a fait de cette culture juive une force de partage malgré les différences, en adoptant le vivre-ensemble comme priorité.
L’art rapproche les peuples, dit-on. Le Royaume a toujours revendiqué haut et fort sa diversité plurielle…Il faut savoir que la langue arabe et hébraïque font partie de la famille des langues sémitiques. Possédant le même arbre généalogique, les deux langues se rapprochent et se complètent. En poésie, par exemple, les poètes juifs s’inspiraient considérablement de la poésie marocaine au niveau de la rime, des thèmes ou encore du découpage (les schèmes). Juda Halevi figure parmi les poètes juifs les plus notables d’Andalousie, surnommé le Chantre de Sion. Auteur du Kuzari, Juda laisse huit cents poèmes dont les Odes à Sion.
Bimillénaire, la présence juive dans le Royaume ne date pas d’hier, elle est bien ancrée.
En effet,«la contribution des juifs marocains au patrimoine national est importante. Ils ont laissé une empreinte indélébile, même si la communauté est réduite aujourd’hui à un millier de personnes, installée principalement à Casablanca. Jadis, ils étaient un peu plus de 300.000, et représentaient parfois 10% de la population des grandes métropoles. Certes, actuellement, la communauté est restreinte mais son apport a été très grand. Il faut savoir que la ville d’Essaouira a été édifiée par le Sultan Mohammed Ben Abdallah pour les juifs marocains, pour leur apport économique et commercial», assure la journaliste.
Également chercheuse en théologie et professeure de télévision à l’ISIC, Ghizlane Taibi a confié à La Quotidienne «qu’elle est honorée et fière d’être élue personnalité de l’année en cette «Yennayer 2971». Elle espère néanmoins que cette fête soit officielle et considérée comme un jour férié. Cela fait partie de notre culture et de notre patrimoine.
Cette célébration appartient à tous les Marocains, qu’ils soient amazighs ou pas. Yennayer est une source de joie et de plénitude, alors fêtons tous ensemble ce nouvel An amazigh, qui est aussi le début de l’an agraire, conclut-elle, avec allégresse.
Asgass Ambarki 2971 !
Ibtissam Z