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Rachid M’Barki : Le bouc émissaire

Rachid M’Barki : Le bouc émissaire

L’affaire remonte à la mi-janvier 2023 et continue de faire des remous au sein des médias français et de plusieurs cercles politiques dans l’Hexagone.

 

Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste 

Accusé d’avoir diffusé à l’antenne «des contenus non validés par sa hiérarchie», Rachid M’Barki, le présentateur français, d’origine marocaine, de BFMTV, a été écarté par la chaîne pour avoir utilisé l’expression «Sahara marocain» au lieu de «Sahara Occidental». Une décision en parfaite contradiction avec ce que la chaîne martèle à longueur de journée sur la liberté d’expression, sur l’indépendance des journalistes et la déontologie du métier de journaliste.  
 
Une affaire qui survient dans un climat politique délétère qui secoue les arcanes du pouvoir en France, dans une charge hostile à l’égard du Royaume du Maroc, avec plusieurs provocations, de nombreuses sorties médiatiques officielles hasardeuses et, surtout, une volonté affichée de la part de l’Élysée de désigner le Maroc comme l’ennemi à abattre. Une affaire qui survient aussi dans ce bras de fer sans merci qui oppose Rabat et Paris sur le positionnement des deux pays en Afrique. Et ce, avec l’avancée irréversible du Maroc dans des relations bilatérales d’égal à égal avec de nombreux pays africains, jadis pré-carré de Paris, durant sa désormais caduque Françafrique, qui a fait tant de dégâts et de ravages en pillant toute une région du continent africain, qu’elle semble avoir définitivement perdue aujourd’hui.
 
Voici pour le contexte en arrière-plan qui sous-tend cette affaire où un journaliste professionnel, qui a de longues années de travail assidu derrière lui, se voit accusé de manipulations de bas étage pour justifier sa mise à l'écart. En effet, c’est lors du Journal de la nuit, que le sujet de la consolidation des relations entre Rabat et Madrid a été évoqué par Rachid M’Barki, qui a fait référence au «réchauffement des relations diplomatiques» entre le Maroc et l’Espagne. Un rapprochement stratégique facilité par la «reconnaissance espagnole du Sahara marocain».

Dans la foulée et sans réfléchir, «Une enquête interne a été ouverte suite à des informations reçues concernant un journaliste de notre chaîne», comme l’avait déclaré Hervé Beroud, Directeur général délégué d’Altice média, la maison mère de BFMTV. Le responsable précise que «ce journaliste est en dispense d’activité». Rachid M’Barki, journaliste originaire du Maroc et présentateur de BFMTV, a donc été suspendu par la chaîne de télévision française et dispensé d’activité depuis mi-janvier.

De son côté, Rachid M’Barki explique avoir «utilisé des infos qui [lui] venaient d’informateurs» et qui n’ont «pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction… Elles étaient toutes réelles et vérifiées, je fais mon métier. (…) Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait». Des paroles claires qui montrent à quel point le système médiatique français est verrouillé, ne laissant aucune marge de manœuvre à aucun journaliste pour analyser n’importe quel sujet sur la base de données réelles et de la véracité des situations à traiter, à développer et à commenter.

C’est dire que le mot d’ordre est de bannir des plateaux toute parole visant à montrer que le Sahara est bel et bien marocain et que Paris pèse de tout son poids pour affirmer le contraire et punir toute personne qui ose affirmer le contraire. La règle dans les médias français est bien connue : dire du mal du Maroc et tu as droit au chapitre. Il faut juste regarder les invités des différents JT et des différents programmes, même dans l’insipide variété à la française, pour se rendre compte que les directives sont claires et ne tolèrent aucune entorse.

C’est : tu te couches ou tu dégages. C’est tellement démocratique, c’est si déontologique, c’est si édifiant de la part d’une France donneuse de leçons, qui se gargarise de slogans  sur les libertés et les droits humains en enfreignant ostensiblement les principes les plus rudimentaires du journalisme et de sa transparence.

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