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Algérie/Législatives : «On s’en fout quand on crève la dalle»

Algérie/Législatives : «On s’en fout quand on crève la dalle»

C’est ainsi que l’on peut interpréter le peu d’engouement des Algériens pour ces consultations électorales tenues ce vendredi 5 mai. En effet, les premières estimations font état d’un taux de participation aux élections législatives de 38,25%. Grand vainqueur donc de ce scrutin : l’abstentionnisme. Mais les explications de cette désertion des urnes ne sont pas à chercher dans l’intérêt accordé ou non par les Algériens à la chose politique. Non ! Les explications sont purement économiques, pour ne pas dire, assez vulgairement, alimentaires. Car, comme beaucoup d’autres économies qui vivaient de la rente pétrolière, le pays de Aziz Bouteflika a prêté le flanc à la chute drastique des cours de l’or noir. Résultat : pour compenser la baisse des recettes, l’Etat a dû mettre en place des mesures d’austérité draconiennes qui ont considérablement rogné le pouvoir d’achat de la population. Aujourd’hui, ce pays qui tire 95% des recettes extérieures et 60% du budget de l'Etat des hydrocarbures est dans l’agonie. L’économie est asphyxiée, sur fond de chômage en hausse continue et d’une crise sociale aigue.

Le problème est que l’on ne peut demander à la population de consentir des sacrifices et d’être solidaires, alors que pendant la période des vaches grasses, au moment où les caisses de l’Etat étaient pleines grâce à des barils du pétrole à leur plus haut niveau, la rente pétrolière ne profitait qu’à l’élite algérienne. C’est ce que dénoncent d’ailleurs nombre d’intelligences rebelles de ce pays. Ainsi, dans un article consacré aux élections législatives en Algérie, le quotidien espagnol «La Vanguardia», qui cite un sociologue algérien, évoque la crise économique que traverse ce pays due à la baisse des prix du pétrole, dont la rente «va en premier lieu au pouvoir avant que le reste ne soit distribué à la population».

Difficile d’aller voter le ventre vide. Encore moins si l’on croit que, in fine, cela ne va rien changer dans son quotidien. C’est ce que dit d’ailleurs le politique français François Bayrou : «Plus aucun citoyen ne croit qu'il puisse aujourd'hui changer concrètement sa vie, sa propre vie, par son bulletin de vote».

A noter que les partis au pouvoir s’offrent les 2 premières places de ces législatives. Le Front de libération nationale (FLN) du président Abdelaziz Bouteflika a obtenu 164 sièges sur les 462 de l'Assemblée nationale populaire, la chambre basse du Parlement, contre 220 aux précédentes législatives de 2012. Le FLN détient la majorité absolue grâce à son allié du Rassemblement national démocratique (RND), qui rafle 97 sièges.

D.W.

 

 



 

 

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