Donald Trump a entamé mardi sa dernière journée pleine à la Maison Blanche avec l'annonce probable d'une série de grâces, au moment où son successeur Joe Biden arrive à Washington et se prépare à prêter serment dans une Amérique fragilisée et inquiète.
Avant son départ pour la Floride, prévu mercredi matin, le milliardaire républicain pourrait gracier plusieurs dizaines de personnes après avoir, ces derniers mois, déjà utilisé ce pouvoir présidentiel en faveur de plusieurs de ses proches.
Celui qui pendant plus de deux mois a refusé le verdict des urnes en dénonçant des fraudes imaginaires deviendra le premier président à ne pas assister à la prestation de serment de son successeur depuis 150 ans.
Joe Biden quittera lui son fief de Wilmington, dans le Delaware, pour rejoindre Washington où il participera, dans la soirée, avec la future vice-présidente Kamala Harris, à une cérémonie devant le mémorial d'Abraham Lincoln en l'honneur des victimes du Covid-19 (près de 400.000 aux Etats-Unis).
A 24 heures de sa prestation de serment, la capitale fédérale, traumatisée par l'assaut meurtrier sur le Capitole, avait des allures de camp retranché.
Les mesures de sécurité entourant la cérémonie d'investiture, prévue à 12H00 locale mercredi (17H00 GMT), sont exceptionnelles. Quelque 25.000 soldats de la Garde nationale et des milliers de policiers venus de tout le pays seront déployés pour assurer la sécurité.
De hautes grilles, parfois surmontées de barbelés, protègent la "zone rouge" entre la colline du Capitole et la Maison Blanche. On est loin de l'ambiance de liesse qui avait envahi la capitale après la victoire de Joe Biden.
Le comité organisateur de la cérémonie a limité le nombre d'invités et, sur l'immense esplanade du "National Mall", où des milliers d'Américains viennent traditionnellement voir leur nouveau président prêter serment, plus de 190.000 drapeaux ont été plantés pour représenter ce public absent.
Depuis le 6 janvier, près de 70 manifestants ont été inculpés pour avoir participé aux violences et des centaines de personnes font l'objet d'une enquête. Parmi eux, des élus et des membres anciens ou actifs des forces de l'ordre.
Sur le fond comme sur la forme, Joe Biden, qui deviendra à 78 ans le 46e président de l'Histoire, entend marquer un contraste aussi net que possible avec son prédécesseur, en particulier dans sa manière de faire de la politique.
Mitch McConnell, chef des républicains au Sénat, sera présent, à son invitation, lors d'une messe à la cathédrale Saint-Matthieu à laquelle il prendra part mercredi.
"Cette symbolique est importante", souligne David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama. "Nous verrons si cela fera une différence. Mais Joe Biden sait que les relations et les petits gestes d'humanité sont importants en politique. C'est un art qu'il maîtrise à la perfection", a-t-il tweeté.
Sur le front diplomatique, son futur secrétaire d'Etat, Antony Blinken, a promis mardi de rompre avec quatre années d'unilatéralisme.
"Nous pouvons revigorer nos alliances", devait-il dire lors de son audition devant le Sénat, selon le texte diffusé par son équipe. "Ensemble, nous sommes en bien meilleure posture pour contrer les menaces posées par la Russie, l'Iran et la Corée du Nord et pour défendre la démocratie et les droits humains."
Donald Trump, qui quitte le pouvoir avec une cote de popularité au plus bas (34% de bonnes opinions selon l'institut Gallup) pourrait s'adresser aux Américains via un ultime message vidéo.
Lundi, la première Dame Melania Trump a publié un message d'adieu très lisse de six minutes dans lequel elle n'a fait qu'une brève allusion à lui.
"Alors que Donald et moi terminons notre séjour à la Maison Blanche, je pense à toutes les personnes que j'ai gardées dans mon coeur et à leurs histoires incroyables d'amour, de patriotisme et de détermination", a-t-elle dit.
Restée silencieuse juste après les violences du Capitole perpétrées par des partisans de son mari, elle a appelé dans ce message les Américains à se passionner pour les causes qui leur sont chères. "Mais rappelez-vous toujours que la violence n'est jamais la solution, et ne sera jamais justifiée", a-t-elle ajouté.
(AFP)