Le voilà de retour ! A 78 ans, Donald Trump, dont le nom est devenu synonyme de controverse et de division, vient de signer l'un des come-backs les plus étonnants de l'histoire politique américaine. Celui qui avait été défait en 2020 par Joe Biden, revient cette fois-ci triomphalement pour devenir officiellement le 47ème président des Etats-Unis, en battant à plate couture la vice-présidente Kamala Harris.
Fox News, toujours prompte à couronner son favori, n’a pas attendu pour proclamer sa victoire, et il n’a pas fallu longtemps pour que les félicitations affluent. La campagne électorale de 2024 a révélé un pays profondément divisé, chaque camp étant persuadé que l’autre mènerait le pays au désastre.
D'un côté, Kamala Harris, qui aspirait à devenir la première femme présidente, peignant son adversaire en dictateur fasciste, de l’autre, Trump qualifiant sa rivale de faible face à des défis immenses. Le ton a été donné. Et l’élection elle-même était devenue une bataille idéologique, chaque candidat symbolisant une vision du monde aux antipodes de l’autre. Dans ce contexte, la victoire de Trump est une réaffirmation d’un populisme qui, bien qu’il ait été décrié, a su séduire une large part de la population américaine. Mais que signifie cette élection pour le reste du monde ?
Ce retour au pouvoir de Donald Trump laisse les observateurs internationaux tantôt admiratifs, tantôt sceptiques, inquiets, voire même sarcastiques. Entre déclarations prudentes et prises de position à peine voilées, ils sont conscients que l'Amérique de Trump ne sera pas celle de Biden. Ce nouvel épisode «trumpien» pourrait être comparé à un séisme géopolitique dont les répliques secoueront plusieurs théâtres de tensions mondiales, de l’Ukraine au Moyen-Orient, où les jeux de pouvoir et les alliances s’entremêlent dangereusement. L’arrivée de Trump pourrait être un facteur d’accélération des bouleversements déjà en cours.
Bouleversements géopolitiques ?
Pour l’Ukraine, la victoire de Trump est une véritable épée de Damoclès. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui l’a félicité pour son «impressionnante victoire», espère qu’il aidera l'Ukraine à obtenir une «paix juste». Mais Trump a toujours entretenu une relation particulière avec la Russie, et ses positions ambiguës vis-à-vis du Kremlin n’augurent rien de bon pour Kiev. Alors que Joe Biden avait soutenu sans réserve l’effort de guerre ukrainien contre l’invasion russe, Trump pourrait chercher une solution rapide, voire une «capitulation arrangée» pour éviter de prolonger l’engagement américain.
L’Europe, consciente de ce risque, pourrait devoir prendre un rôle plus prépondérant dans le soutien à l’Ukraine, faute de quoi le pays se retrouverait bien isolé face à la puissance russe. La crainte, partagée par de nombreux Européens, est que Trump impose un compromis inacceptable à Kiev, en se plaçant en médiateur de fortune entre Moscou et l'Ukraine. Une paix sous ses auspices pourrait être perçue comme une défaite stratégique pour l’Occident, renforçant la position de la Russie dans la région. Au Moyen-Orient, la situation est tout aussi complexe, et la région pourrait devenir le théâtre d'un équilibre toujours plus fragile.
En effet, la guerre à Gaza et les tensions au Liban continuent de susciter des inquiétudes internationales. L’approche de Trump envers cette région pourrait aussi avoir des conséquences significatives. Son mandat précédent avait vu des changements radicaux dans la politique américaine au Moyen-Orient, notamment la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël et la signature des accords d'Abraham, sans que cela ne ramène la paix. Avec un Trump réélu, les alliés traditionnels des Etats-Unis dans la région, notamment Israël, pourraient être encouragés à adopter des positions plus agressives. Les tensions avec les groupes comme le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza ou encore avec l’Iran pourraient donc s'intensifier, exacerbant les conflits existants et mettant à mal les efforts de paix déjà délicats. Bref, avec le retour de Trump à la Maison-Blanche, c’est un nouvel ordre mondial qui semble s’ébaucher.
Ce n'est pas un retour au passé, mais plutôt une transition vers un monde multipolaire où chaque grande puissance devra jouer sa propre partition, sans attendre les EtatsUnis en chef d’orchestre. L’Europe, l’Ukraine, le Moyen-Orient… chacun pourrait se retrouver dans une configuration différente face à un Trump imprévisible, prompt à changer d’avis au gré des opportunités. Reste à savoir si le futur locataire de la Maison Blanche, désormais à l’aube de ses 80 ans, saura s’adapter à ces nouvelles réalités mondiales. Une chose est sûre : avec Donald Trump à Washington, le show promet d’être décapant.
Par D. William