Plus de 100 morts, des milliers de blessés, des destructions et des dégâts matériels innombrables: voici ce que l'on sait des déflagrations qui ont dévasté plusieurs quartiers de la capitale libanaise mardi soir après l'explosion d'un stock de nitrate d'ammonium, selon le gouvernement.
Une première forte explosion dans la zone portuaire de Beyrouth a eu lieu aux alentours de 18 heures (15H00 GMT) mardi soir, d'abord suivie d'un incendie et de quelques détonations, avant une seconde explosion, beaucoup plus puissante, qui a provoqué un énorme dégagement de fumée en forme de champignon dans le ciel et décimé le port et les bâtiments alentours.
Les explosions, dont le souffle a été ressenti jusqu'à Chypre, à plus de 200 kilomètres de là, ont été enregistrées par les capteurs de l'Institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3.
Environ 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium étaient stockées dans l'entrepôt du port de Beyrouth qui a explosé, a expliqué le Premier ministre libanais, Hassan Diab, dénonçant « un désastre dans tous les sens du terme ».
Le nitrate d'ammonium est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés, et a causé plusieurs accidents industriels, parmi lesquels l'explosion en 2001 de l'usine AZF à Toulouse (sud-ouest de la France), où quelque 300 tonnes de nitrates d'ammonium avaient subitement explosé, faisant 31 morts.
Selon le directeur de la Sureté générale Abbas Ibrahim, la cargaison de nitrate d'ammonium, un engrais chimique et également composant d'explosifs, était stockée depuis des années dans l'entrepôt, à proximité de quartiers très fréquentés.
Rien n'indique que les explosions aient été provoquées délibérément, selon les autorités libanaises.
Le président américain, Donald Trump, a déclaré mardi que les généraux américains lui avaient dit que les explosions semblaient être causées par « une sorte de bombe ». « Ca ressemble à un terrible attentat », a-t-il ajouté.
Le Pentagone a toutefois déclaré à l'AFP ne « rien avoir » à ajouter, conseillant de « contacter la Maison Blanche pour des clarifications ».
Hassan Diab a quant à lui déclaré qu'il était « inadmissible qu'une cargaison de nitrate d'ammonium, estimée à 2.750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution ».
« C'est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire sur cette question », a-t-il ajouté selon des propos rapportés par un porte-parole en conférence de presse.
Les déflagrations ont tué plus de 100 personnes et en ont blessé plus de 4.000 autres, selon le bilan de la Croix Rouge libanaise mercredi.
Les recherches se poursuivent toujours dans les quartiers autour du port, dont les rues sont jonchées de débris de bâtiments effondrés.
Partout dans la ville, des Beyrouthins ont été blessés par des vitres brisées par le souffle des explosions.
Le Conseil de défense national libanais a déclaré Beyrouth zone « sinistrée » et Hassan Diab a appelé les alliés du Liban à « soutenir » le pays.
Le Président libanais, Michel Aoun, a annoncé débloquer 100 milliards de livres libanaises (55 millions d'euros) de financement d'urgence, alors que le pays est déjà en proie à un effondrement économique sans précédent et que les hôpitaux sont déjà submergés en raison de la pandémie de Covid-19.
Les Etats-Unis, la France, le Qatar, l'Iran, et même l'ennemi juré Israël ont offert leur aide.
(AFP)