L'OCDE a légèrement abaissé jeudi sa prévision de croissance de l'économie mondiale pour 2020, affirmant qu'elle ne prévoyait pas de franche reprise en 2021, en raison de la menace persistante des tensions commerciales qui pénalisent les échanges et l'investissement.
Comme cette année, la croissance mondiale devrait rester sous la barre des 3% en 2020, à 2,9%, soit 0,1 point de moins que lors des dernières prévisions de septembre, avant de légèrement remonter à 3% en 2021, a estimé l'institution dans ses prévisions de perspectives économiques.
"Les différends commerciaux, le manque de dynamisme de l’investissement des entreprises et la persistance des incertitudes liées à l’action publique sont autant de facteurs qui pèsent sur l’économie mondiale et font croître le risque d’une stagnation à long terme", estime l’OCDE.
Selon elle, une action déterminée s’impose pour faire face aussi bien aux incertitudes très fortes qui affectent les entreprises, qu’aux évolutions de nature fondamentale qui sont en cours dans l’économie mondiale.
«Les responsables de l’action publique doivent piloter la transition vers une énergie plus propre et un monde où le numérique tient une place de plus en plus grande.
Il est en outre urgent que les gouvernements œuvrent de concert à stimuler l'investissement et à établir des règles internationales équitables en matière de fiscalité et d’échanges», recommande l’institution.
«Ce serait une erreur de considérer ces évolutions comme des facteurs temporaires auxquels la politique monétaire ou budgétaire pourrait apporter des réponses : elles sont, par nature, structurelles», a affirmé la cheffe économiste de l’OCDE, Laurence Boone, en présentant ces perspectives économiques.
«En l’absence de coordination au niveau des échanges et du système fiscal international, d’orientations stratégiques claires en matière de transition énergétique, le climat d’incertitude continuera de régner, compromettant les perspectives de croissance», a-t-elle déclaré.
Selon les perspectives économiques de l’OCDE, le ralentissement de l’activité touche aussi bien les économies de marché émergentes que les économies avancées, mais plus ou moins sévèrement selon l’importance des échanges dans les différents pays.
Aux États-Unis, la croissance devrait ralentir pour revenir à 2% en 2020 comme en 2021.
Dans la zone Euro et au Japon, elle devrait s’établir autour de 1%, tandis qu’en Chine, la décélération devrait se poursuivre avec une croissance qui pourrait ressortir à 5,5% en 2021, contre 6,6% l’année dernière.
Selon l’OCDE, deux années d’aggravation des différends sur les droits de douane, principalement entre les États-Unis et la Chine, ont mis à mal les échanges, érodant l’investissement des entreprises et mettant des emplois en danger.
«Toute nouvelle aggravation des tensions commerciales entraînerait des ruptures dans les réseaux d’approvisionnement et exercerait un effet de freinage sur la confiance, l’emploi et les revenus», a mis en garde l’OCDE.
Les incertitudes entourant l’avenir des relations commerciales entre l’UE et le Royaume-Uni font peser un risque supplémentaire sur la croissance, de même que le niveau actuellement élevé de la dette des entreprises.
L'OCDE a souligné, dans ce cadre, l’importance d’un renforcement de la coopération internationale et, en particulier, la nécessité, pour la communauté internationale, de se mettre d’accord sur les règles fiscales et commerciales transparentes et équitables au niveau mondial.■