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Russie - Ukraine : La guerre des images

Russie - Ukraine : La guerre des images

Photo Reuters. Au-delà des fronts où le feu brûle et décime des soldats, des civils, entre vieux et enfants, la guerre en Ukraine, comme toutes les guerres, se joue également sur un autre front, celui de l’information et de la désinformation, celui des images réelles ou fabriquées, celui de l’intox et des fake news, celui du matraquage sans répit, celui de la manipulation des opinions publiques, celui du mensonge et des vraies-fausses accusations.

Sur fond de brume et d’enfumage, il faut avoir des billes solides et ne souffrant pas l’ombre d’un doute pour, par exemple, analyser le dernier fait en date de cette guerre en Ukraine : les 410 corps de Boutcha, près de la capitale ukrainienne Kiev. 

Accusé d’exterminer des civils, la Fédération de Russie réagit par la voix du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui précise ceci à l'agence de presse TASS : «Les dirigeants internationaux devraient cesser de proférer des accusations gratuites au sujet de la situation à Boutcha et consulter différentes sources d’information».

Cet épisode tragique, qui implique l’existence de charniers humains, nous rappelle la guerre en ex-Yougoslavie, avec les nombreuses fosses communes découvertes partout sur ce territoire, de la Serbie au Kosovo, en passant par la Croatie, la Bosnie et le Monténégro.  

Il est évident que dans cette guerre en Ukraine, les civils payent et vont encore payer le prix fort face à l’hégémonie du Kremlin et des visées expansionnistes de son chef, Vladimir Poutine.

Mais, il faut aussi garder à l’esprit que tout ce que les médias diffusent n’est pas tout à fait la réalité, encore moins la vérité du terrain. Certes, les Russes sont loin d’être des enfants de cœur, mais les Occidentaux non plus. Pour les deux parties belligérantes, ce conflit armé revêt de nombreux aspects et des intérêts qui vont au-delà de l’invasion de l’Ukraine. 

Pour les États-Unis, l’OTAN et l’Union européenne, les enjeux sont énormes pour écraser la Russie de Poutine qui veut sa part du gâteau, et surtout avoir une réelle influence sur ses anciens pays satellites, de la Mer Baltique à la Mer noire, et de la Sibérie à la Méditerranée, en passant par l’Asie Centrale et l’Océan indien, aujourd’hui véritable cœur des échanges commerciaux dans le monde.

Sans oublier la guerre du gaz et du pétrole et la volonté certaine de Moscou de créer un pôle régional plus puissant que l’Occident, avec des alliés comme la Chine et l’Inde, ce qui constitue déjà un marché de plus de quatre milliards de consommateurs.

Pour empêcher un tel projet, les Occidentaux sont prêts à tout, même à faire la guerre aux Russes par pays interposés, ce qui est déjà le cas avec l’Ukraine, que Washington et Bruxelles utilisent comme monnaie de pression face aux visées de Vladimir Poutine.

On le voit bien, l’Occident fournit les armes à l’Ukraine ouvertement en s’opposant frontalement à la Russie, faisant circuler, dans la foulée des bombardements, que l’armée russe est vétuste, dépassée, incapable d’aller plus loin dans ce conflit qui va durer, que les généraux du Kremlin mentent et cachent les vérités des fronts à Vladimir Poutine, que les soldats russes désertent et ne veulent pas répondre aux ordres…etc. Tout un chapelet de propagande et de contre-propagande, classique en temps de guerre brûlante ou froide, comme cela a toujours été le cas entre l’Occident et la Russie.

Comment démêler le faux du vrai ? Comment y voir plus clair dans toute cette pléthore d’informations qui fusent en boucle ? Comment savoir qui dit vrai et qui ment ? La réponse est simple : dans la guerre, il n’y a aucune place au manichéisme. Rien n’est tout à fait blanc. Rien n’est tout à fait noir. Chaque camp tire la couverture de son côté en dénudant l’autre.
C’est la guerre. Mais est-ce de bonne guerre ?

 

Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste

 

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