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Sarkozy – Trump : Deux hommes, deux destins politiques… et judiciaires

Sarkozy – Trump : Deux hommes, deux destins politiques… et judiciaires

Nicolas Sarkozy est de retour au tribunal ce lundi 6 janvier dans le cadre du procès du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. Dans l’affaire Stormy Daniels, la sentence sera prononcée le 10 janvier, Donald Trump ayant été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation.

Nicolas Sarkozy et Donald Trump, deux figures emblématiques de deux grandes démocraties, se retrouvent aujourd'hui sous les feux des projecteurs à cause de leurs démêlés avec la justice. 
En France, Nicolas Sarkozy fait face à un agenda judiciaire d'une lourdeur rare pour un ancien chef de l'Etat. Depuis plusieurs années, son nom s'étale dans la rubrique des faits divers judiciaires plus que dans celle de la politique. Le procès du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007, qui démarre ce lundi 6 janvier 2025, est la quintessence de cette descente judiciaire. Accusé d'avoir bénéficié de fonds occultes venus du régime de Mouammar Kadhafi, l'ancien président est poursuivi pour corruption, recel de détournement de fonds publics et financement illégal de campagne. Il comparaît aux côtés de douze autres prévenus, dont trois anciens ministres

Les preuves ? Des témoignages contradictoires, des virements bancaires douteux et des accusations de corruption à grande échelle. Un feuilleton judiciaire digne des meilleures séries politiques. Sarkozy rejette vigoureusement les accusations, dénonçant une vendetta judiciaire, mais son image publique en a pris un coup.

Et ce n'est qu'un chapitre parmi d'autres. L'affaire Bygmalion, relative au financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, lui a déjà valu une condamnation en appel à un an de prison, dont six mois ferme sous bracelet électronique. Ajoutez à cela l'affaire des écoutes téléphoniques, dite affaire Bismuth, où il a été condamné à un an ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence. 

Même si son combat judiciaire n'est pas terminé (il a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme), le poids de ces affaires a sapé toute ambition de retour politique.

De l'autre côté de l'Atlantique, Donald Trump, toujours maître de la provocation, semble avoir adopté une stratégie radicalement opposée face à ses propres affaires judiciaires. Condamné dans l'affaire Stormy Daniels (une star du cinéma pour adultes) pour avoir dissimulé des paiements à l'actrice afin de taire une liaison présumée, Trump a été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation. La sentence sera prononcée le 10 janvier, soit 10 jours avant qu’il ne soit investi 47ᵉ président des Etats-Unis.

Dans son ordonnance, le juge Juan Merchan, qui avait présidé ce procès historique, a précisé qu'il ne prévoyait pas de prononcer une peine d'incarcération, bien qu'une telle sanction reste théoriquement possible. Pourtant, loin de plier sous le poids du scandale, l'ancien président américain a métamorphosé cette condamnation en une arme politique redoutable.

En effet, il transforme chaque comparution en spectacle médiatique. Chaque accusation en preuve d'un complot contre lui. Son mantra ? Une persécution orchestrée par l'establishment. Et cela fonctionne : sa base électorale reste fidèle, galvanisée par cette posture de victime héroïque face à un «deep state» hostile.

C’est d'ailleurs la raison pour laquelle il a remporté l'élection présidentielle de 2024 et s'apprête à prêter serment pour un second mandat.  Sa stratégie ? Faire de la justice un théâtre, où il incarne à la fois le héros et la victime, en mobilisant ses partisans autour d'une croisade contre l'élite prétendument corrompue.

Similitudes

Les parcours de Sarkozy et Trump présentent des similitudes : tous deux ont dirigé leur pays, tous deux ont fait face à des accusations judiciaires après leur mandat. Cependant, leurs réactions et les conséquences de ces affaires diffèrent sensiblement.

Sarkozy a vu sa carrière politique freinée par ses ennuis judiciaires. Les condamnations successives ont entaché sa réputation, limitant ses perspectives de retour sur le devant de la scène politique française. Il joue néanmoins la carte de la respectabilité, fidèle au style institutionnel français, s'inclinant devant le verdict tout en défendant son honneur dans les tribunaux, souvent dans un silence digne et discret. Prisonnier d'une logique judiciaire implacable, il se débat mais semble incapable de mobiliser une opinion publique lassée par ses scandales.

Trump, en revanche, refuse la posture du politique contrit. Son combat contre les institutions est devenu une composante essentielle de son personnage. Chaque accusation alimente son storytelling de rebelle prêt à défier les «élites corrompues» pour «sauver l'Amérique». Il a ainsi réussi à faire de ses démêlés judiciaires un levier de pouvoir. 

Ces deux trajectoires posent une question fondamentale : la justice punit-elle de manière égale ? Ou bien est-elle façonnée par la personnalité et la stratégie de l'accusé ? 

En tout cas, alors que Nicolas Sarkozy s'apprête à affronter un nouveau procès en ce début d'année 2025, Donald Trump se prépare à un retour triomphal à la Maison Blanche. La trajectoire de ces deux hommes nous renseigne ainsi sur une chose : la ligne entre la chute et la rédemption politique est bien ténue.

F. Ouriaghli

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