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Marché de l’emploi : Les jeunes, premières victimes de la crise sanitaire


◆ Entre licenciements et difficultés à trouver un emploi, les jeunes sont particulièrement touchés par la crise liée à la Covid-19.
◆ La situation est encore plus délicate pour ceux qui n’ont ni diplôme ni formation.


Par Ibtissam Z.


Les jeunes diplômés subissent de plein fouet les conséquences de la pandémie sur le marché de l’emploi, forte en tension. Mais la problématique de l’employabilité de la jeunesse marocaine est loin d’être récente.

Selon Khalid Karbouai, professeur universitaire et spécialiste du développement personnel, «la question de l’intégration économique et sociale des jeunes était un casse-tête avant même la crise du Coronavirus. Seuls 50% des jeunes marocains âgés entre 25 et 35 ans avaient un emploi (parfois précaire). Selon le hautcommissariat au Plan (HCP) qui tire ainsi la sonnette d’alarme au 2ème trimestre 2020, le Maroc avait enregistré un taux de chômage de 10,5% au premier trimestre 2020, contre 9,1% durant la même période un an auparavant. Ce taux est passé à 12,3% au troisième trimestre 2020. Durant le confinement, ce sont surtout les jeunes qui ont été touchés de plein fouet, puisqu’on a enregistré beaucoup de licenciements chez cette catégorie. Les entreprises qui n’ont pas licencié ont gelé les recrutements. Les jeunes qui sont à la recherche de leur premier emploi et les fraîchement diplômés ont donc de quoi s’inquiéter».

C’est notamment le cas de Hamza K. 25 ans, jeune diplômé à la recherche d’un emploi. «J’essaye de multiplier les tentatives, d’accepter les petits métiers pour subvenir à mes besoins en attendant de trouver un travail dans mon domaine de prédilection, les télécommunications», affirme-t-il.

La génération actuelle gère également une autre contrainte. Celle de faire des concessions sur la rémunération pour espérer obtenir un premier contrat de travail.

«Même avec mon diplôme, je dois aussi faire en sorte d’accepter la situation car elle est générale, surtout en cette période de crise sanitaire. Je suis ouvert à toute proposition, quitte à suivre un autre cursus de formation. Trouver un emploi aujourd’hui, avec de bonnes conditions, reste très difficile. Il faut nécessairement reconsidérer ses prétentions, y compris salariales», ajoute-t-il.

Pour certains jeunes, la situation est encore plus difficile. En effet, selon Karbouai, «si la crise actuelle est dramatique pour les jeunes actifs, elle est encore plus sévère pour les «NEET» (Neither in Employment nor in Education or Training), c’est-à-dire les jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. C’est une catégorie en souffrance, oubliée des programmes d’employabilité et de formation. Pourtant, elle représente le tiers de la population des jeunes au Maroc». Ce taux risque d’augmenter encore si aucune mesure urgente n’est prise pour assurer leur insertion.

Face à cette situation délicate, et pour encourager les petites et grandes entreprises à donner la chance aux jeunes cadres ou moyennement qualifiés, le gouvernement a utilisé comme levier l’impôt sur le revenu. Cette mesure, inscrite dans le projet de Loi de Finances 2021, a pour finalité de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, à travers entre autres l’exonération pour 2 ans de l’IR pour les entreprises qui recrutent en contrat à durée indéterminée des jeunes de 35 ans et moins.

«Le gouvernement, à l’instar de plusieurs pays, a lancé une batterie de mesures pour soutenir son économie et accompagner ses entreprises. Ces mesures sont d’ordre économique, financier et fiscal. De telles mesures devraient freiner l’impact de la Covid-19. Malgré cela, Bank Al-Maghrib prévoit une récession de 6,3% en 2020», fait savoir Karbouai, qui suggère que le gouvernement mette en place rapidement «un plan Jeune». Lequel devrait permettre aux jeunes marocains de trouver des opportunités de travail de courte et de longue durée. En outre, l’Etat est dans l’obligation de continuer à soutenir les entreprises afin de préserver les emplois et de maintenir le temps de travail des salariés, conclut-il.

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