J’ai commencé mon premier boulot en plein mois de Ramadan.
On commençait le travail à 9h00 et on terminait à 15h00, pour ensuite revenir le soir dès 19h30.
Sans le sou, je devais me taper le chemin à pied.
J’en avais tous les jours, du dimanche au lundi (sauf samedi, mon jour de repos), pour 2h40 mn de marche (40 mn x 4).
Il fallait que je tienne pendant les vingt jours qui restaient encore du mois béni.
J’étais au régime forcé, et je me nourrissais la plupart du temps d’un «khoubs» + 1DH de «zebda» + du «shai» (pain, beurre et thé à la menthe).
J’ai habitué, malgré moi, mon ventre à la faim.
Les seuls plaisirs que je pouvais avoir, c’est quand notre voisine d’en dessous, une vieille dame très généreuse, nous envoyait parfois un bol de harira (soupe marocaine) et quelques gâteaux.
C’était la galère, comme on dit. Le seul d’entre nous qui travaillait touchait un salaire assez maigre.
Il nous aidait comme il pouvait, mais était incapable de subvenir aux besoins de deux gros gaillards.
La perspective de toucher mon premier salaire me revigorait et décuplait ma motivation.
J’en oubliais la faim, la distance que je devais parcourir pour aller au travail.
J’étais le premier au boulot et le dernier à rentrer. Jamais absent. Sérieux. Rigoureux.
Il fallait que je conserve ce job. Que je me rende indispensable.
J’avais la chance de travailler avec de très grands journalistes.
(A suivre)
D. W.