La Confédération nationale du tourisme tire la sonnette d’alarme.
Elle propose la mise en place d’un dispositif proactif spécifique au secteur qui s’articule autour du maintien de l’outil de production, du maintien des emplois et de la sauvegarde de la compétitivité – plan de relance.
La Confédération nationale du tourisme (CNT) vient de publier un document intéressant sur l’impact de la crise sanitaire sur le secteur.
Il en ressort que d’après l’OCDE, l’impact sur les revenus à l’échelle mondiale en 2020 serait de -45% et pourrait aller jusqu’à -70% si l’arrêt d’activité était prolongé jusqu’en septembre.
L’OMT estime un impact global sur l’activité touristique mondiale de l’ordre de -30% (estimation de fin mars), soit quelque 440 millions de voyages et environ 450 milliards de dollars US (la crise économique de 2009 avait fait perdre au secteur touristique mondial environ 88 milliards de dollars US).
L’industrie touristique perdra ainsi 5 à 7 ans de performance économique !
Pour la CNT, cette crise sans précédent pour le secteur à l’échelle mondiale impactera l’industrie touristique marocaine pendant au moins 12 mois, avec une perte en devises estimée à 138 Mrds de DH sur 3 ans (sur la base des recettes en devises de 2019 – 78,6 Mds de DH).
Ainsi, tous les acteurs du secteur devront affronter une période très difficile jusqu’à décembre 2020 (9 mois) et s’attendre à une reprise timide et graduelle à partir d’avril 2021.
Dans son scénario de reprise, la Confédération table sur un déconfinement graduel à partir de fin mai 2020 et l’ouverture progressive des frontières en septembre 2020 (en fonction des conditions sanitaires des pays).
Le niveau d’activité de 2019 ne serait ainsi atteint qu’en 2023.
La CNT avertit néanmoins que si rien n’est fait «le risque identifié serait une destruction importante du tissu économique et l’incapacité de recréer la chaîne de valeur d’un secteur vital pour l’emploi, la balance des paiements, les réserves en devises et donc les équilibres macro-économiques du pays».
Ainsi, au regard des risques majeurs qui pèsent sur le secteur, la Confédération propose la mise en place d’un dispositif proactif spécifique au secteur qui s’articule autour de 3 points : maintien de l’outil de production, maintien des emplois, sauvegarde de la compétitivité – plan de relance.
Cela nécessitera un investissement supplémentaire dans le secteur de 1,7 Md de DH, qui devrait générer une recette additionnelle estimée à 46 Mds de DH.
Mesures pour le maintien de l’outil de production
1/ Report de toutes les échéances de crédit pour les entreprises de 12 mois minimum
▪ 3 mois seulement accordés dans le pack CVE, à étendre au minimum à 12 mois.
▪ Dispositif spécifique pour les crédits «Leasing» à élaborer.
▪ Procédure à clarifier, car non automatique et soumise à conditions selon les banques.
▪ Suppression des frais et majorations liées au report des crédits.
2/ Octroi de facilités de caisse
▪ Mise en place d’un dispositif spécifique aux acteurs du secteur permettant un déblocage rapide, avec un taux préférentiel ne dépassant pas 2%.
▪ Adapter les conditions du produit Daman Oxygène : validité au-delà de déc.2020, plafond de 20% de la ligne de trésorerie à relever. Pas automatique.
3/ Mise à contribution des compagnies d’assurances pour réajustement des polices
4/ Report des échéances pour les travailleurs du secteur en perte de revenus
5/ Report échéances eau et électricité à 2021 (étalement sur 12 mois)
6/ Suspension des ATD
▪ Suspension pendant 12 mois pour permettre de reconstituer les capacités financières des entreprises concernées .
7/ Report des déclarations et des paiements de toutes les obligations fiscales
▪ En particulier la TVA et les acomptes IS pour l’exercice 2020 dont l’activité sera largement inférieure à l’exercice précédent.
Mesures pour le maintien de l’emploi
1/ Exonération des charges sociales et fiscales (IR, CNSS...) pour 12 mois pour les entreprises en activité qui maintiennent 80% des effectifs
▪ 3 mois seulement accordés dans le pack CVE pour les entreprises à l’arrêt.
▪ Maintien des prestations sociales pour les salariés.
2/ Mise en place d’un dispositif spécifique pour la préservation des revenus des salariés
▪ Autoriser les entreprises qui conservent 80% des emplois à payer leur salarié sur la base du net.
3/ Défiscalisation des départs en retraites anticipées
▪ Applicable aux salariés proches de l’âge de la retraite et à leur demande.
Sauvegarde de la compétitivité - Plan de Relance
Marché national
• Budget de promotion pour stimuler la demande locale.
• Mise en place d’une plateforme collaborative de distribution à destination du tourisme local.
• Refaire démarrer la RAM en mettant en place des lignes intérieures cet été et éviter l’engorgement des destinations classiques.
• Revoir le calendrier des vacances scolaires pour étaler la saison.
• Mise en place de crédits Vacances.
• Mise en place de chèques Vacances défiscalisées.
Marché international
• Mise en place d’un budget additionnel de promotion pour stimuler la demande internationale.
• Budget co-marketing pour lancer des négociations auprès des compagnies aériennes pour reconnecter la destination.
• Mise en place de process sur toute la chaine de valeur pour rassurer sur les conditions sanitaires pour les touristes.
• Accélération du Plan digital pour la promotion de la destination.
Offre produit
• Mise en place d’un fonds de soutien spécifique pour accompagner le secteur durant les 2 - 3 prochaines années permettant notamment le déploiement d’un plan d’investissement dans le tourisme rural et le tourisme durable.
• Mise en place d’accompagnement pour les hôtels souhaitant réaliser des travaux de rénovation.
• Mise en place de la plateforme E-learning pour accompagner des entreprises pour la montée en compétence des ressources humaines.