"Vous ne pouvez pas jouer ici torse nu alors que nos femmes et nos filles se promènent dans le quartier», lança-t-il avec fureur.
Faute de maillots, une équipe était en effet obligée de se dévêtir.
On ne savait pas que onze blacks, torse nu, qui couraient après un ballon, pouvaient rendre les gens aussi hystériques.
Pourtant, les jeunes marocains du quartier en faisaient autant, sans que cela ne choque personne.
Nos explications n’y changeront rien.
Le match fut interrompu. Et comme pour «punir» tout le monde, le lendemain deux camions déversèrent des cailloux sur le terrain.
Quelques semaines plus tard, je quittai la cité ONFC pour rejoindre El Oulfa.
Je passais ainsi d’un quartier populaire à un autre. Avais-je le choix ?
Non, évidemment. Je venais de terminer mes études, un diplôme en gestion et administration des entreprises en poche, et j’avais choisi de faire trois mois de stage au Maroc avant de plier bagages.
Mais je suis encore là. Comme on le dit si bien, l’homme propose, Dieu dispose.
Sans le sou, et ayant décidé de rester au Maroc, je devais me débrouiller seul.
Le mandat électronique, ce fameux carton bleu que pratiquement tous les étudiants attendaient de leurs parents à la fin de chaque mois, ne tombait plus.
Je me suis donc fait héberger par deux potes.
Nous étions trois gros gaillards à partager la même chambre, dans un appartement où logeaient deux autres Subsahariens, en plus du propriétaire.
C’était un jeune marocain au chômage, accro à la «bouteille» et qui faisait la fête pratiquement tous les week-ends.
Sa seule source de revenu semblait être les loyers qu’on lui versait.
Il était relativement cool, sauf lorsqu’il était grisé.
(A suivre)
D. W.