Par Abdelhak Najib
Faut-il s’inquiéter de ce nouveau variant du Covid-19 ? Faut-il en avoir peur ? On le savait, les autorités sanitaires marocaines le répètent chaque semaine, la pandémie du Covid-19 n’est pas finie. Elle est loin d’être derrière nous. Si l’on a fait face et réussi à en endiguer le danger, des variants font leur apparition et d’autres menaces sont envisageables. Comme c’est aujourd’hui le cas avec ce nouveau variant descendant d’Omicron, qui a fait l’objet d’une circulaire du ministère de la Santé et de la Protection sociale, datée du 11 août 2023.
Ce document attire l’attention de toutes les directions régionales de la santé pour veiller à continuer les protocoles de lutte contre le virus, dans toutes ses variantes, suivant les mesures et les décisions établies par les autorités sanitaires nationales. Cette démarche répond à la situation sanitaire mondiale qui a enregistré une augmentation de 80/100 de contaminations en l’espace de 28 jours, soit du 10 juillet au 6 août 2023. Une recrudescence qui survient à la fin de la saison estivale et qui pose de nombreux problèmes et de graves risques dus à la mobilité des populations durant les vacances et à leur passage d’un continent à l’autre, véhiculant ainsi le virus et augmentant rapidement le nombre de cas.
Pour le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, les choses sont claires : «Bien que l'urgence de santé publique de portée internationale, liée au Covid-19 ait été déclarée terminée le 5 mai 2023, le SARS-CoV-2 demeure une menace majeure pour la santé publique dans le monde. Une augmentation de 80% du nombre de cas a été signalée par l'OMS. La lignée EG.5, descendante du variant Omicron, a été considérée comme variant d'intérêt (VOI) le 9 août 2023, en raison de ses propriétés de propagation et de potentielles caractéristiques d'évasion immunitaire», précise le ministre.
Dans ce sens, la nouvelle version EG.5 du Covid-19 est baptisée Eris par les chercheurs. Elle fait l’objet d’une grande vigilance de la part du ministère de la Santé, qui a mis tous les moyens en place pour éviter la propagation de ce nouveau variant. Ceci passe par des mesures claires :
• La disponibilité des tests antigéniques rapides au niveau de l'ensemble des structures de soins et le testing systématique (PCR ou TAR) de toute personne répondant à la définition d'un cas suspect de Covid-19.
• Le respect du protocole thérapeutique de prise en charge des cas et les indications d'hospitalisation.
• La notification hebdomadaire au CNOUSP-DELM des données agrégées de surveillance et, en temps réel, des cas de Covidose grave et de décès.
• L'acheminement des prélèvements positifs vers les laboratoires de séquençage en coordination avec le CNOUSP-DELM.
• L'organisation de réunions de coordination et de sensibilisation des professionnels de santé des deux secteurs public et privé, et des séances d'éducation des malades sur le comportement sain durant la phase aigüe de la maladie.
Face à ces mesures mises en place, le ministère de la Santé rappelle avec insistance l’importance de la vaccination, qui demeure un moyen efficace pour lutter contre le virus.
Dans ce sens, les autorités veillent à assurer la disponibilité des vaccins au niveau de l'ensemble des Centres de santé en milieu urbain et rural, en coordination avec la Direction d'approvisionnement en médicaments et en produit de santé et la Direction de la population. Le ministère veille aussi à intégrer «la vaccination anti-SARS-CoV-2 dans les prestations de l'équipe mobile : Cibler la population vulnérable, sujets âgés et/ou avec comorbidités», sans oublier de mettre sur pied une campagne de sensibilisation de la population générale sur l'intérêt de la vaccination qui a fait ses preuves et qui a sauvé des millions de vies au Maroc : «J'attache de l'importance au renforcement de la vaccination anti-SARS-CoV-2 et le maintien des procédures de veille et de riposte au Covid-19», insiste le ministre de la Santé.
Pour mieux appréhender ce nouveau variant, plusieurs spécialistes affirment que Eris «semble plus transmissible que les variants XBB qu'il supplante rapidement», explique le Pr Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de Genève en Suisse. Et d’ajouter que ce nouveau variant «n'est pas associé à une symptomatologie ni une virulence particulières… Les personnes à risque de formes graves restent toujours les personnes immunodéprimées et les personnes très âgées».
Pourtant, l’OMS reste prudente puisqu’elle a ajouté mi-juillet 2023 le variant «Eris» à sa liste des souches sous surveillance. «Il se peut que nous ayons à faire face à une nouvelle vague précoce cet automne, sans qu'elle soit nécessairement plus conséquente que celles de ces douze derniers mois… Et nous n'avons aucune information sur le potentiel de Covid long associé à cette nouvelle souche du virus.»