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Les Marocains et Aziz Akhannouch: Pourquoi ça ne matche pas ?

Les Marocains et Aziz Akhannouch: Pourquoi ça ne matche pas ?

 

La question doit être posée et avec insistance vu le gros malentendu qui s’est installé entre les populations marocaines et le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, élu en septembre 2021. Sans avoir à inventer le fil à couper le beurre, on le voit très bien, quelque chose coince entre le citoyen lambda et le chef du RNI. Il y a quelque chose de solide qui grince, et cela semble prendre des proportions, chaque jour plus accrues, chaque jour plus extrêmes, avec de véritables campagnes menées par des groupes ou des individus sur tous les réseaux sociaux. Et aussi, par médias interposés, des campagnes qui témoignent de la grogne des populations, du mécontentement, de la frustration des citoyens, pauvres ou riches, sans exception aucune, face à la politique menée par Aziz Akhannouch. 

Certains demandent son départ. D’autres le somment de parler et de leur expliquer pourquoi ça va aussi mal, pourquoi la cherté de la vie est devenue la norme et pourquoi ce gouvernement n’arrive pas encore à trouver de véritables solutions fiables et viables pour alléger les souffrances de millions de Marocains qui vivent dans la précarité, dans la pauvreté et dans le besoin. Une situation lamentable, qui a été exacerbée par la pandémie et presque trois années de peur, d’angoisse, de chômage et de manque, presque de tout, pour certaines franges de la société.

Alors que se passe-t-il réellement ? Et quoi de neuf sous le soleil du Maroc ? Le premier constat est le silence et l’absence de presque la totalité des ministres de ce nouveau gouvernement, qui a choisi et assumé une autre manière de faire la politique en s’exprimant le moins possible pour communiquer avec les Marocains, pour leur expliquer les réalités de l’économie nationale, pour les rassurer. Et, surtout, pour répondre aux différentes urgences nationales par temps de grave crise sanitaire couplée à un ralentissement handicapant au niveau économique et social, sans parler du marasme politique que vit le pays depuis plus de deux années. 

Pourtant, on s’en souvient, Aziz Akhannouch s’était fixé une ambition à son élection à la tête du gouvernement. Il voulait, avait-il précisé, «couvrir toutes les circonscriptions électorales du Royaume. Avec une organisation qui a été mise en place pour y parvenir à travers les coordinations locales. Les tournées dans les régions ainsi que le contact ininterrompu avec les militants et avec les citoyens». Avant d’ajouter ceci : «Nos candidats ont été proposés par les provinces et les cellules locales, puis leurs dossiers ont été étudiés par une commission nationale élue lors du congrès de notre parti. La sélection s’est faite sur les bases les plus objectives possibles, en tenant compte de la moralité et des chances de réussite des candidats».

Avec un point d’orgue, les attentes des jeunes : «La volonté de rajeunir le personnel politique a été aussi prise en compte dans le processus de sélection : un candidat RNI sur quatre aux prochaines législatives est un jeune», insiste le chef du parti, qui ajoute : «Notre programme a été conçu via une approche participative citoyenne, inédite dans l’histoire des partis politiques : nous avons écouté 300.000 Marocains en cinq ans et les priorités de notre programme sont leurs priorités. Les 5 engagements et les 25 mesures sont déjà une sorte de short-list d’actions à mener harmonieusement». 

Dans ce sens, un début de réponse a été amorcé lors de cette réunion du 28 ramadan dernier entre le gouvernement, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et les centrales syndicales les plus représentatives. Une rencontre qui a donné corps à la signature, le 30 avril 2022, à Rabat, du procès-verbal d’un accord social et d’une charte nationale du dialogue social, lors de la réunion de la Haute commission du dialogue social présidée par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.

Trois mois plus tard, la crise est plus résistante et la résilience des Marocains semble avoir été épuisée. Sur ce point, il est urgent de préciser que les attentes des populations sont nombreuses, avec une pauvreté qui touche aujourd’hui des millions de personnes, à cause de la perte des emplois, à cause des licenciements dus en partie à la crise du Covid-19, sans oublier la précarité dans laquelle vivent des millions de nos concitoyens qui n’ont pas uniquement besoin de pain, mais d’une couverture médicale digne de ce nom, de scolariser leurs enfants, d’avoir un toit, de bénéficier des services premiers tels que l’approvisionnement en eau et en électricité, un travail décent. Et, surtout, le respect de la part de leurs élus et de leurs représentants au Parlement et bien sûr du gouvernement mis en place pour servir les intérêts des Marocains en leur facilitant les choses, en les aidant à tenir par temps de graves crises, en leur apportant le soutien qu’il faut quand il faut. 

Et quand on connaît le Marocain, souvent, pour ne pas dire toujours, il suffit de lui faire comprendre qu’on pense à lui, qu’on s’intéresse à sa vie et à ses problèmes pour redoubler de patience et serrer davantage la ceinture qui l’étouffe déjà, à plus d’un égard. Car, on le sait, le Marocain est un véritable patriote. Le Marocain aime son pays et sa nation au-delà de tout et il est prêt à tous les sacrifices pour rendre service à cette terre qui l’a vu naître. Mais il veut aussi être entendu, il veut être écouté, il ne veut pas se sentir ni méprisé ni laissé-pour-compte. C’est dans ce sens que pour une grande partie, c’est le silence et le mutisme de ce gouvernement et de son leader, Aziz Akhannouch, qui inquiètent et sèment un climat d’angoisse au sein de la société. 

Alors qu’est-ce qui doit être fait dans l’urgence pour rectifier le tir et apporter des solutions effectives et surtout fiables et viables ? Les urgences sont diagnostiquées depuis plusieurs années. Mais il faut les mettre en pratique. Il faut un programme politique, économique et social clair, rationnel, détaillé, qui va à l’essentiel, qui ne néglige aucun aspect de la vie politique et sociale des Marocains. Il faut une vision politique, et non pas des visées personnelles.

Pour être clair, voici les grands secteurs qui décident de l’avenir de toutes les nations : l’éducation, la justice, la santé et enfin l’habitat, qui doit veiller à loger dignement tous les Marocains dont un grand nombre vit encore dans des conditions d’insalubrité inqualifiable, dans des bidonvilles, dans des douars oubliés et des régions enclavées et coupées du monde. Sans oublier les conditions de vie de chacun, qui sont aujourd’hui très lourdes à porter, avec les prix des matières premières qui flambent et qui mettent en échec les capacités de résistance et de patience de millions de Marocains qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Car, une chose est certaine, aucun gouvernement au monde ne peut réussir sans d’abord mettre en place une philosophie claire et limpide pour résoudre les profonds problèmes que connaissent plusieurs département clefs de la politique marocaine. Avant le scrutin de septembre 2021, les Marocains ont voté pour le changement. Mais ils ne le voient pas venir, ou pas encore.  Mais à trop attendre, on perd sa foi, comme dit le sage.

 

 

Par Abdelhak Najib
 

 

 

 

 

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