Ph. : Moulay Hafid Elalamy (au centre), entouré du wali de BAM, Adbellatif Jouahri (à gauche), et du DG du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, Mohamed Benchaaboun (à droite).
Depuis qu’il a quitté le gouvernement il y a plus de deux ans, et pour sa première apparition, Moulay Hafid Elalamy a gratifié un parterre de politiques et d’opérateurs économiques de son franc-parler lors du Symposium sur l’investissement tenu à Rabat, le mercredi 8 février.
L’homme d’affaires et ex-ministre de l’Industrie et du Commerce, qui vit sa retraite politique comme une promotion (selon ses dires), n’est pas passé par quatre chemins pour rappeler les fondamentaux du climat des affaires pour les investisseurs marocains et étrangers.
Il a ainsi mis en exergue les fondamentaux d’un environnement des affaires propice aux investisseurs étrangers, qu’il considère comme «des locomotives pour tirer des écosystèmes». Un concept qui est cher à MHE, initiateur du Plan d’accélération industrielle il y a de cela bientôt 10 ans. Pour lui, la confiance est à placer au premier plan, car «l’investissement ne peut exister sans assurer la confiance. Une confiance qui provient de la sécurité intérieure, d’une positon politique claire, d’une fiscalité et d’un régime de change stable. Et pour cause, tous ces éléments donnent de la visibilité et permettent de mesurer les bénéfices et les plus-values… », a martelé MHE.
«Nos concurrents ont la bougeotte, ils changent de réglementation régulièrement sans donner de visibilité et cela leur a causé des dégâts», poursuit-il, ajoutant que «la Justice est aussi un élément essentiel pour garantir l’investissement, tout autant que les interfaces de l’Etat comme les CRI. «Tout doit servir l’investisseur et rien d’autre», souligne-t-il.
La concurrence loyale, l’accès au marché ou encore la disponibilité des ressources, dont les ressources humaines, sont aussi un socle fondamental pour promouvoir l’investissement. Au Maroc par exemple, dans l’aéronautique, on manque parfois de ressources; les écoles disponibles ne sont pas assez suffisantes», déplore-t-il.
Pour ce qui est des subventions à l’investissement, MHE précise qu’ils viennent en dernier lieu.
Une charte de l’investissement à la hauteur des attentes
«Le Maroc se dote enfin d’une nouvelle charte qui donne de la visibilité. Elle est structurée et utilisable. J’en rêvais avant, et c’est maintenant une réalité», se félicite MHE. Mais s’il s’en réjouit, il se réserve le droit de formuler des critiques si la mise en œuvre n’est pas à la hauteur des espérances des investisseurs. L’ex-patron de l’ex-Saham, devenue Sanlam, n’a pas manqué de tacler ceux qui ne croyaient pas au Plan d’accélération industrielle qui a créé depuis son lancement 650.000 emplois et a permis de faire éclore plusieurs écosystèmes.
MHE et le bourdon
L’ex-ministre n’a pas manqué de citer l’exemple du bourdon. Il rappelle que «le bourdon ne devrait pas voler, il est trop lourd pour ses ailes. Mais s'il y parvient, c'est qu'il n'a pas conscience de son incapacité». «Alors soyons des bourdons», insiste-t-il.
MHE est revenu également sur les tournées royales en Afrique subsaharienne auxquelles il a souvent été associé. «Nous accompagnions Sa Majesté en Afrique sans trop savoir ce qu’on faisait là-bas. Quelques années plus tard, des centaines d’opérateurs, dont moi, ont pu profiter de cette ouverture et se développer dans le continent. La Charte de l’investissement est une excellente chose si elle envisage un dispositif clair pour accompagner les entreprises dans leur internationalisation. De mon temps, il suffisait que j’en parle pour me prendre des levées de boucliers. Maintenant, c’est un acquis».