Le Parlement européen a adopté le 1er juin 2023 des recommandations pour la stratégie de l’Union européenne pour des textiles durables et circulaires, avec 600 votes pour, 17 contre et 16 abstentions.
«Les consommateurs ne peuvent pas à eux seuls réformer le secteur textile mondial par leurs habitudes d’achat. Si nous laissons le marché s’autoréguler, nous laissons la porte ouverte à un modèle de "fast fashion" qui exploite les individus et les ressources de la planète. L’UE doit obliger légalement les fabricants et les grandes entreprises de mode à opérer de manière plus durable.
Les personnes et la planète sont plus importants que les profits de l’industrie textile. Les catastrophes qui se sont produites dans le passé, telles que l’effondrement de l’usine Rana Plaza au Bangladesh, la croissance des décharges textiles au Ghana et au Népal, la pollution de l’eau et les microplastiques dans nos océans, montrent ce qui se passe lorsque ce principe n’est pas respecté.
Nous avons attendu assez longtemps — il est temps de changer les choses !".
Ces paroles de la rapporteuse allemande au sein de la Commission européenne traduisent l’esprit général des nouvelles mesures qui ont été votées le 1er juin 2023, à Bruxelles.
Un vote presque unanime de la part des eurodéputés qui verse sans le sens d’une industrie textile plus responsable et plus durable.
Autrement dit, un textile plus vert pour réguler un marché mondial de plus en plus hétérogène, alors que la tendance mondiale aujourd’hui, tous secteurs confondus, est à l’homogénéité des productions pour plus de contrôle et donc de monopole.
Dans ce sens, le mot d’ordre au sein du Parlement européen est clair : la majorité des députés demande à la Commission et aux pays de l’UE de mettre un terme à ce qu’ils ont appelé la "fast fashion" et d’aider les consommateurs à faire des choix plus éthiques et durables.
Ce scrutin avec 600 votes pour, 17 contre et 16 abstentions s’appuie sur une circulaire qui englobe les points suivants :
* Des mesures européennes plus strictes pour lutter contre la production et la consommation excessives de textiles.
* Les produits textiles devront être plus durables, faciles à réutiliser, à réparer et à recycler.
* Les vêtements et les chaussures doivent être produits de manière circulaire, durable et socialement juste.
* Le PE demande l'interdiction de la destruction des produits textiles invendus et retournés.
Selon les députés, il est aujourd’hui impératif que «tout au long de la chaîne d’approvisionnement, la production devra respecter les droits humains, les droits sociaux et le droit du travail, ainsi que l’environnement et le bien-être animal».
Mais comment y arriver ? Concrètement, le Parlement préconise une règlementation qui pourrait assurer aux consommateurs de disposer de «davantage d’informations pour faire des choix durables».
Dans ce sens, les parlementaires européens exigent «l’interdiction de la destruction des produits textiles invendus et retournés dans le cadre de la prochaine révision du règlement sur l’écoconception».
Ils veulent mettre sur pied dans l’immédiat «des règles claires pour mettre fin au greenwashing des producteurs, notamment à travers les travaux législatifs en cours visant à responsabiliser les consommateurs dans la transition verte et à réglementer les allégations environnementales».
Tout un chantier en cours de finalisation qui risque, selon certains partis européens, de prendre du temps pour fédérer tous les pays de l’Union européenne autour des mêmes objectifs, surtout dans les pays de l’Est qui ne voient pas ces mesures d’un bon œil.
Sans oublier également les pays sous-traitants qui peuvent perdre beaucoup à cause de ces nouvelles directives.
Dans ce sens, il faut souligner les propos de la présidente du Parlement, Roberta Metsola, qui a rappelé le triste dixième anniversaire de l'effondrement de l'usine de vêtements Rana Plaza au Bangladesh, qui a tué 1.134 personnes.
Elle a rappelé que cette catastrophe avait été un signal d'alarme pour le monde occidental, y compris l'UE, qui a la responsabilité "d'assumer les conséquences de la préférence des consommateurs pour l'abondance et l'accessibilité au détriment de la modération et de la durabilité".
Najib Abdelhak