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En sursis (Deuxième partie)

En sursis (Deuxième partie)

Nous l’avons vu dans la première partie de cette analyse de l’état du monde en 2022 : tous les signaux sont au rouge attestant des réalités d’une planète et d’une humanité en fin de cycle. 

Aujourd’hui, l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère du méthane est de 254%. Cette émission est en partie due à l'activité humaine, notamment l'élevage, la riziculture et l'exploitation de combustibles fossiles. Aujourd’hui, l'augmentation de la concentration du CO2, le dioxyde de carbone est considérable. Ses niveaux ont augmenté de 121% par rapport à l'ère industrielle. 

-Selon la Banque mondiale, l'inaction face au réchauffement climatique pourrait faire basculer 100 millions de personnes dans l'extrême pauvreté, et ce d'ici 2030.

-Aujourd’hui, l'augmentation en moyenne, relevée par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), du niveau des océans depuis le 20ème siècle est de 20 centimètres. D'ici 2100, cette tendance ne ferait que se confirmer, puisque le niveau des mers devrait continuer à augmenter. Les prévisions du Giec estiment que le niveau devrait encore atteindre entre 26 et 82 cm par rapport à la moyenne enregistrée de 1986- 2005. 

-L'élévation des océans atteindra les 2,9 mètres, même si le réchauffement climatique est limité à 1,5°C. Dans ce cas, les petits États insulaires seraient menacés. Et cela affecterait 137 millions de personnes dans le monde. En revanche, avec une augmentation de 2° Celsius, les mers gagneront jusqu'à 4,7 mètres, couvrant des zones où résident actuellement 280 millions de personnes. A plus de 3°C, cela bouleverserait le quotidien de 400 millions d'individus, avec un niveau des mers qui monterait de 6,4 mètres. Toutes ces données s’ajoutent à d’autres, plus complexes, dans tous les domaines, et attestent d’un effondrement certain dans les 20 à 30 prochaines années.  

-En 1 siècle, la population de la planète est passée de 1,8 milliard à 7,7 milliards. Certaines prévisions annoncent plus de 12 milliards en 2050. 

-Aujourd’hui, l’exploitation des ressources de la planète est au rouge. En 1970, 22 milliards de tonnes de matières premières ont été extraites. En 2010, 70 milliards de tonnes ont été extraites. En 2050, le chiffre va atteindre les 180 milliards de tonnes de matières premières extraites.Cet accroissement des productions mondiales a engendré de graves inégalités sociales. Les fossés entre riches et pauvres sont incommensurables : en 2013, les 85 personnes les plus fortunées possédaient autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité, soit 3,5 milliards de personnes. En 2016, les 8 personnes les plus fortunées dans le monde possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Aujourd’hui, le 1% des plus riches possède autant que les 99% restants.


À la lumière de ces chiffres, on peut affirmer que nous sommes dans une sur-accélération de la destruction du vivant. Du jamais vu depuis que les humains existent sur Terre. Y a-t-il une solution pour échapper à la catastrophe qui nous attend et à notre effondrement ? La réponse la plus simple est que c’est déjà trop tard à tous les niveaux. Pour retrouver une planète Terre comme celle d’il y a 10.000 ans, il nous faut des milliers d’années de régénération sans les humains pour voir des espèces revivre et d’autres naître en s’adaptant aux nouveaux paramètres de la planète. Parce que pour tout ce qui a été décimé, il n’y a plus aucun espoir. On ne reverra jamais de mammouths ni de tigres à dents de sabre, à titre d’exemple.  

Pourtant, il demeure une unique option pour cette humanité : la décroissance économique à tous les niveaux. Ce qui est une option exclue et impossible pour les dirigeants de ce monde. Ils préfèrent cette fuite en avant avec plus de croissance, jusqu’à l’instant de l’effondrement final. Mais aucun retour en arrière n’est envisageable puisque nous n’avons aucun modèle fiable à suivre de société décroissante. Alors, il faut extraire plus de matières premières ? Il faut produire plus. Il faut acheter plus. Il faut consommer plus. Sachant que le risque d’une implosion est le même que celui de l’effondrement inéluctable. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir est-ce qu’il y aura un effondrement, mais quand cela aura-t-il lieu ?  Pour les plus optimistes, notre civilisation thermo-industrielle, bâtie sur le pétrole et l’énergie, l’effondrement est inévitable, d’ici 2050.

Pourquoi ? Pour expliquer une telle prévision, nous devons faire l’analyse de la situation mondiale en 2021 pour comprendre pourquoi tous les indicateurs convergent vers la fin d’un monde et le retour à des poches de résistance résilientes, à la fois locales et essaimées un peu partout sur la planète. Cela commence par une vérité sans appel. Selon de nombreux scientifiques, selon presque tous les rapports de recherche qui se sont penchés sur la question, une crise financière de très grande ampleur est prévue avant 2030. Avec des taux d’intérêts négatifs ou nuls en Europe et en Asie, avec ces avalanches de records des indices boursiers, avec cette absence inexpliquée du retour d’une inflation conséquente en pleine reprise économique, selon le Fonds monétaire international (FMI), le prochain crash économique est déjà en place pour précipiter la planète dans le chaos.

Dans son rapport de 2017, le FMI explique que si les risques financiers restent limités jusqu’en 2020, une crise se prépare, en cas d’une hausse des taux d’intérêt, à l’horizon 2020/2022. Nous assistons déjà à la hausse des taux, à la chute de l’immobilier et à la forte baisse des marchés actions. La hausse rapide des taux d’intérêt pourrait conduire à une chute brutale des cours boursiers (de l’ordre de 15%) et des prix de l’immobilier (de l’ordre de 9%). Il faut ajouter à ceci, le taux d’endettement des consommateurs, les politiques des Banques centrales qui sont très contestées et le poids des dettes des États avec l’exemple très inquiétant de la Chine.  En effet, la dette totale des pays du G20 (c’est-à-dire la dette publique et privée), augmente à un rythme soutenu. Elle représentait moins de 200% du PIB en 1990, environ 240% du PIB en 2007 à la veille de la crise des Subprimes et dépasse désormais 250% du PIB. La dette chinoise totale représentait environ 150% du PIB en 2008, elle atteint désormais le niveau moyen des pays du G20, soit autour de 250% du PIB. De plus, en Chine, les actifs du secteur bancaire sont passés de 240% du PIB en 2012 à 310% aujourd’hui. Autrement dit, les USA, l’Europe, la Chine et le Japon vivent à crédit et en sursis. Ce sont les États les plus vulnérables et les plus fragiles devant une catastrophe financière qui ne sera jamais ressentie de la même ampleur à New York et à Djibouti.

Alors quelles valeurs sociales pour tous ces outils financiers? La solution, encore une fois, serait d’imaginer un monde sans croissance. Mais les risques de chaos sociaux majeurs et sans précédent poussent les États à jouer au Sisyphe roulant son rocher en attendant le pire.

 

 

Par Abdelhak Najib 
Écrivain-journaliste 

 

 

 

 

 

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