Lors du dialogue de Petersberg (Allemagne), les pays développés ont été sommés d’honorer leur promesse de fournir 100 milliards de dollars par an en faveur de l'action climatique dans les pays en développement.
Les paroles tenues par le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, lors du dialogue de Petersberg sur le climat sont certes fortes, mais reflètent l’ampleur de la menace climatique qui pèse sur la planète.
«Nous sommes au bord de l'abîme», a-t-il alerté une énième fois, à six mois de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP26). Et d’ajouter : «Mais si nous travaillons ensemble, nous pouvons éviter les pires impacts des perturbations climatiques et utiliser la reprise après la pandémie de la Covid-19 pour nous orienter sur une voie plus propre et plus verte».
Le numéro 1 de l’ONU estime qu’il est nécessaire d’agir à «équilibre égal» dans les domaines de l'atténuation et de l'adaptation, avec un appui financier et technologique. Ce qui devrait permettre aux pays développés et ceux en voie développement de se mobiliser pleinement pour atteindre les émissions mondiales neutres en carbone d'ici le milieu du siècle et renforcer leur résilience aux changements à venir.
Ceci dit, il est de bon augure de constater les pays représentant 68% de l'économie mondiale et 61% des émissions se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Toujours est-il que l’ONU via son SG rappelle que le monde a besoin de tous les pays, en particulier ceux du G20, afin de combler davantage le déficit d'atténuation d'ici la COP26 qui se tiendra cette année en Ecosse.
Pour rappel, les émissions mondiales doivent être réduites de 45% par rapport aux niveaux de 2010 pour parvenir à zéro émission nette d'ici 2050. Et ce, dans l’optique de garder l'espoir d’enregistrer une hausse des températures en dessous de 1,5 degré. L’une des priorités actuelles serait la fin de l'utilisation du charbon d'ici 2030 dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’horizon 2040 dans le monde. Le recours aux énergies renouvelables serait également dicté par un avantage comparatif avéré. A en croire Guterres, les combustibles fossiles ne sont pas rentables et sont désormais plus chers que les énergies renouvelables.
Le défi du financement climat reste entier
Le problème du financement de l'adaptation et celui de l'atténuation se posent avec acuité. Les pays en développement, qui d’après l’organisation internationale ont besoin à parts égales de financements d'atténuation et d'adaptation, sont confrontés à un espace budgétaire réduit, assorti de dettes élevées et d’impacts climatiques croissants. Pour l’heure, le financement de l'adaptation pour les pays en développement ne représente que 21% du financement consacré au climat.
Ce qui équivaut à 16,8 milliards de dollars. Alors que les coûts annuels réels d'adaptation dans le monde en développement sont estimés à 70 milliards de dollars et pourraient atteindre 300 milliards de dollars d'ici 2030. C’est dire le grand retard accusé en la matière. Le dialogue de Petersberg était également l’occasion pour le patron de l’ONU de réitérer son appel aux bailleurs de fonds et aux banques multilatérales de développement pour qu’au moins 50% du financement climatique soient consacrés à l’adaptation et à la résilience. Il a également exhorté les pays développés d’honorer leur «promesse de longue date» de fournir 100 milliards de dollars par an pour l'action climatique dans les pays en développement.
Au final, notons que le prochain sommet du G7 qui aura lieu au Royaume-Uni du 11 au 13 juin, sera un moment déterminant pour le combat climatique. Les projecteurs seront braqués sur les pays riches appelés à faire des promesses substantielles de financement climatique pour les cinq prochaines années. «Pour certains Etats, cela signifie au moins de doubler leurs derniers engagements climatiques», dixit Guterres.
M.D