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Sécheresse : Une antisèche amère pour le gouvernement marocain

Sécheresse : Une antisèche amère pour le gouvernement marocain

La sécheresse ne doit plus surprendre : c’est un phénomène structurel au Maroc qui compromet les prévisions de l’Exécutif.

Pour l’Onu, ce fléau est sur le point de devenir la prochaine pandémie

 

 

 
Les amateurs de foot se souviennent tous de la bouteille du gardien de but égyptien, Gabaski, lors de la Coupe d’Afrique des nations qui vient de se tenir au Cameroun. Une antisèche sur laquelle étaient inscrits les noms des joueurs et leur manière et habitude de tirer les pénaltys. C’était assez inédit, mais cela a permis à l’Egypte de se hisser en finale de cette compétition internationale, avant de s’incliner face au Sénégal lors des séances de tirs au but. 
 
Aujourd’hui, l’on s’inquiète et l’on s’agite beaucoup face à la sécheresse qui frappe le Maroc. Le gouvernement est aux abois et voit le déficit cruel de précipitations compromettre ses prévisions économiques.
 
Pourtant, l’Exécutif n’a pas besoin, comme un certain Gabaski, d’une antisèche pour se rappeler que la sécheresse est une donne structurelle au Maroc et que la croissance économique reste tributaire de la météo. La littérature à ce niveau est assez fleurie. Il y a 16 ans déjà, Ali Agoumi et Abdelhafid Debbarh publiaient une étude très pertinente intitulée «Ressources en eau et bassins versants du Maroc : 50 ans de développement (1955-2005)». Voici quelques données extraites de cette étude : 
 
- sur la base de 1000 ans de données, on peut déduire que le phénomène de sécheresse est structurel pour le climat marocain; des cycles de sécheresse de différentes durées (1, 2, 3, 4 et 5 ans) ont été régulièrement observés;
 
- on est passé d’une sécheresse tous les dix ans les années 50-60 à deux à trois sécheresses par décennie;
 
- durant la période 1955-2004, 7 périodes de sécheresse généralisées ont été enregistrées au Maroc : il s’agit des sécheresses des années 1957; 1966; 1974-1975; 1980-1985; 1986-1987; 1990-1995 et 1998-2000.
 
Et la situation va en empirant. A la faveur des changements climatiques qui perturbent les régimes pluviométriques, le Maroc est appelé à connaître des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, voire plus sévères. D’où le ton alarmiste de l’Organisation des nations unies, qui estime que «la sécheresse est sur le point de devenir la prochaine pandémie et il n’y a pas de vaccin pour la guérir». Dans son Rapport spécial sur la sécheresse 2021, l’ONU relève que «les estimations des coûts résultant des impacts de la sécheresse de 1998 à 2017 montrent que les sécheresses ont touché au moins 1,5 milliard de personnes et entraîné au moins 124 milliards de dollars de pertes économiques dans le monde». 
 
Les agriculteurs aux abois
 
Dans le monde rural, c’est le désarroi total. Les agriculteurs et autres éleveurs ont les yeux rivés au ciel en attendant des pluies salvatrices qui, au moins, devraient leur permettre de limiter la casse. Mais l’espoir est mince. «La sécheresse actuelle qui impacte le Royaume est quasi similaire à la vague des années 80. Il ne faut pas s’attendre à un redressement de la situation, même avec l’arrivée des pluies au cours des prochains jours. Pour les céréales d’automne, la récolte prévisionnelle sera très faible et la saison frôle la catastrophe», confirmait récemment sur nos colonnes, Abdelmoumen Guennouni, ingénieur septuagénaire jouissant d’une expérience de plusieurs décennies dans le secteur agricole.
 
Dans ce contexte, la casse, il y en aura pour l’économie nationale, compte tenu notamment du rôle de l’agriculture comme driver de la croissance marocaine. C’est pourquoi le gouvernement a annoncé le lancement prochain d’une série d’initiatives dédiées à l’actuelle campagne agricole qui, disons-le, est déjà largement compromise. 
 
 
Le Maroc face à un sévère déficit hydrique 
Dans la conclusion de leur étude, les auteurs Ali Agoumi et Abdelhafid Debbarh soulignaient que «dans la perspective de préparer le Maroc de l’après 2025, période durant laquelle le pays sera en situation de pénurie d’eau et l’ensemble des ressources en eaux conventionnelles mobilisables seraient déjà mobilisées, une nouvelle vision prospective du secteur de l’eau s’impose et devrait servir de base pour alimenter les réformes nécessaires de ce secteur». Leurs projections se confirment…, un peu à l’avance. Le Maroc traverse actuellement une sévère pénurie d’eau, qui s’accentue d’année en année. En 2019 déjà, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) tirait la sonnette d’alarme. Selon lui, «la situation de pénurie hydrique au Maroc est alarmante, puisque ses ressources en eau sont actuellement évaluées à moins de 650 m3/habitant/an, contre 2.500 m3 en 1960, et devraient baisser en deçà de 500 m3 à l’horizon de 2030». Par ailleurs, «des études internationales indiquent que les changements climatiques pourraient provoquer la disparition de 80% des ressources d'eau disponibles au Royaume dans les 25 prochaines années». C’est dire que la situation est critique.
 
 
 
D. William
 
 

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