Vivre pour travailler ? Travailler pour vivre ? Travailler plus pour gagner plus ? Travailler moins pour vivre mieux ? La question des retraites suscite bien des questions philosophiques, pour ne pas dire existentielles. Et ce, dans tous les pays où il est question de réformer le système de retraite.
La France est dans ce cas de figure. Depuis plusieurs jours, des manifestations ont lieu régulièrement pour dénoncer la réforme portée par la Première ministre Elisabeth Borne.
L’un des points qui fâche : le recul de l’âge de départ de la retraite à 64 ans vivement dénoncé par les syndicats et l’opposition politique. Et entre les démagos, ceux qui veulent préserver des privilèges aujourd’hui décriés et ceux qui s’y opposent parce que jugée inéquitable et injuste, cette réforme est surtout très impopulaire en ce qu’elle n’est pas perçue comme une réforme ayant une dimension collective positive.
Entendons-nous bien cependant : le gouvernement marocain suit de près ce qui se passe en France. Et il doit s’en inspirer d’ailleurs pour, lui aussi, pouvoir faire passer la pilule de la réforme des retraites. Tous les gouvernements qui se sont succédé ont préféré ne pas avoir à manipuler cette patate chaude, qui peut s’avérer être une véritable bombe sociale, tant les enjeux socioéconomiques sont importants. Au plus, a-t-on initié la réforme paramétrique, en attendant celle plus globale. C’était en 2016.
Question équilibre et pérennité du système, il faut passer à la seconde étape, où il est aussi question de relever l’âge de départ à la retraite. Le gouvernement a saisi l’urgence de la situation. Et reste conscient que cela ne va pas du tout être facile, surtout face à des syndicats très vindicatifs et qui s’enflamment facilement dès lors que l’on aborde le sujet des retraites.
Mardi au Parlement, la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, reconnaissait, sans langue de bois, qu'«il n'y a pas de solutions faciles», soulignant que «le système de retraite était déjà sur la table des gouvernements précédents pendant des années, et les mesures prises n'ont pas permis d'aboutir à une solution». Elle promet que le dialogue reprendra avec les différents partenaires à partir de mars prochain pour se mettre d'accord sur les éventuelles solutions, dans la perspective de clore ce dossier d'ici l'été ou septembre prochain, faisant remarquer que la question de l'âge et les cotisations seront certainement soulevées.
D’ici là, une réunion se tiendra ce mois-ci pour mettre à jour les statistiques sur lesquelles l'étude élaborée par le ministère de l'Economie et des Finances était basée et qui remontent aux années 2018 et 2019. Les discussions autour de cette réforme promettent d’être houleuses. On verra bien si la lune de fiel actuelle gouvernement – partenaires sociaux résistera à la nécessité de boucler cette réforme.