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Inflation: Echec et mat

Inflation: Echec et mat

Ils ont augmenté le taux directeur à trois reprises, le portant à 3%. Ils ont subventionné les produits de base. Ils ont filé du fric aux transporteurs routiers. Beaucoup de fric : à fin janvier dernier, l’appui aux professionnels du secteur avait atteint près de 3,9 Mds de DH. Ils ont traqué les intermédiaires et spéculateurs indélicats. Objectif : combattre l’inflation. Mais échec et mat.

Avec une hausse des prix à la consommation de 9,4% au premier trimestre 2023 au lieu de +8,3% au trimestre précédent et +4% un an plus tôt, avec une composante alimentaire qui connaît une augmentation historique de 18,2%, c’est peu de dire que les mesures gouvernementales sont inefficaces. Il faut se rendre à l’évidence : les méthodes classiques de lutte contre l’inflation et les recettes passe-partout qui puisent leur source dans les théories économiques ne fonctionnent pas, surtout que les origines des pressions inflationnistes que nous vivons sont multifactorielles.

C’est pourquoi les Marocains continuent d’être asphyxiés par la cherté de la vie, avec un pouvoir d’achat qui s’est davantage dégradé durant ce mois de Ramadan. Alors, de plus en plus, ils battent le pavé pour signifier leur ras-le-bol face à la flambée des prix. Etrange paradoxe dans un pays où le gouvernement revendique et porte fièrement en bandoulière la notion d’Etat social, archi présent dans le discours politique, et qui tend plutôt à devenir un concept marketing. Aujourd’hui, il urge d’apporter des réponses immédiates aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables, d’autant que ce sont elles qui sont les plus impactées par l’inflation.

D’ailleurs, selon la Banque mondiale, au Maroc, l’inflation annuelle a été pratiquement 30% plus élevée pour les 10% les plus pauvres de la population par rapport aux 10% les plus riches, principalement en raison de l’impact de la hausse des prix alimentaires qui représente une part plus importante de dépenses chez les ménages les plus pauvres. Et c’est partout pareil. En France par exemple, parmi les 30% de Français concernés par la précarité, à savoir ceux qui gagnent le SMIC ou moins, 53% ont assuré avoir dû réduire les portions, tandis que 42% d'entre eux ont dû sacrifier un repas, que ce soit le petit-déjeuner, le goûter ou le dîner, d'après le récent sondage de l'Ifop sur la précarité alimentaire.

Le gouvernement doit-il alors changer d’approche ? Oui à l’évidence. Car à situation inédite, il faut des réponses inédites. Comme un bouclier anti-pauvreté, à travers entre autres des aides directes aux ménages précaires, dans un contexte où la hausse des prix des produits alimentaires est source d’insécurité alimentaire, laquelle peut être à l’origine d’une profonde crise sociale. Mais, pour l’instant, l’exécutif campe sur ses positions  : pas question d’aide directe. Les plus pauvres vont donc continuer à trinquer.

 

 

Par D. William

 

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