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PLF 2025 : La sécurité hydrique en embuscade

PLF 2025 : La sécurité hydrique en embuscade

Six années consécutives de sécheresse ont suffi pour mettre sérieusement à mal les réserves hydriques du Maroc. Ce contexte critique est exacerbé par les effets du changement climatique et la croissance démographique, qui augmentent la demande en eau. 

Au plus haut sommet de l’Etat, la situation hydrique du Maroc inquiète et a été au centre du discours royal prononcé à l’occasion de la Fête du Tröne. Le Roi a ainsi souligné que «la problématique de l’eau ne cesse de se complexifier», tout en appelant à des solutions innovantes pour garantir la sécurité hydrique du pays.


C’est pour répondre à cette crise que le projet de Loi de Finances 2025, en phase avec les hautes orientations royales, a érigé la sécurité hydrique en priorité absolue. En témoigne la note d’orientation du PLF 2025, adressée par le chef du gouvernement aux départements ministériels, qui engage l’Exécutif à poursuivre la mise en œuvre du Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation 2020-2027, avec pour objectif de garantir l’eau potable à tous les citoyens et de couvrir au moins 80% des besoins d’irrigation sur tout le territoire national.


L’un des piliers de cette stratégie repose sur l’achèvement du programme de construction des barrages, en priorité dans les régions où les précipitations sont importantes. Cette mesure vise à améliorer la gestion des ressources en eau et à prévenir les pénuries. Par ailleurs, conformément à la volonté du Roi, seront accélérés les grands projets de transfert d’eau entre les bassins hydrauliques, «en assurant la connexion entre le bassin de Oued Laou-Larache et Loukous et celui de Oued Oum Er-Rbia, en passant par les bassins Oued Sebou et Bouregreg».


Selon le Souverain, «ces projets permettront l’exploitation d’un milliard de mètres cubes d’eau qui se perdaient dans la mer et garantiront une répartition spatiale équilibrée des ressources hydriques nationales».


Le dessalement de l’eau de mer, une urgence
Le dessalement de l’eau de mer se présente comme une alternative viable, et surtout vitale dans ce contexte de déficit hydrique structurel auquel fait face le Royaume. Le gouvernement va ainsi accélérer l’achèvement des usines de dessalement d’eau de mer, selon son programme spécifique, qui vise à mobiliser plus de 1,7 milliard de mètres cubes d'eau par an. «Ces stations permettront au pays, d'ici 2030, de couvrir plus de la moitié de ses besoins en eau potable, en plus d’irriguer de vastes zones agricoles, ce qui contribuera à améliorer la sécurité alimentaire du pays», indique la note d’orientation.


Le projet de dessalement de Casablanca est emblématique de cette ambition. Il s’agit du plus grand projet de dessalement en Afrique et du deuxième au monde à être entièrement alimenté par des énergies renouvelables. Cette station, d’une capacité de production annuelle de 300 millions de mètres cubes, vise à sécuriser l'approvisionnement en eau potable du Grand Casablanca, Settat, Berrechid, Bir Jdid et des localités environnantes. Elle répondra aux besoins en eau potable de 7,5 millions d'habitants, dans un contexte marqué par une situation hydrique difficile.
 

La réalisation de ces projets de dessalement nécessite une alimentation en énergie propre, d’où l’importance de l’interconnexion électrique. Ce dernier vise à acheminer l’énergie renouvelable des provinces du Sud vers le Centre et le Nord du pays. 


Face à l’urgence de tous ces projets, le Roi a mis en garde contre la mauvaise gouvernance dans leur mise en œuvre. «Aucune négligence, aucun retard, aucune mauvaise gestion ne sont tolérés dans une question aussi cruciale que l’eau», a-t-il martelé.

La rigueur et la diligence sont donc indispensables pour garantir le succès de ces initiatives, qui seront soutenues par le développement d’une industrie nationale de dessalement de l'eau, la formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés, la création d’entreprises nationales dédiées à la construction et à l’entretien des stations de dessalement, ainsi que la promotion de l’innovation et de l’investissement dans les nouvelles technologies en matière de gestion de l'eau.


Responsabilité collective
Les raisons de cette crise hydrique à laquelle est confronté le Maroc sont multiples. Le changement climatique, bien sûr, joue un rôle majeur avec des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et prolongés. Mais au-delà des facteurs environnementaux, c'est également la gestion de la ressource hydrique qui est en cause. Une consommation excessive et souvent inefficace, la politique agricole actuelle, un réseau de distribution vieillissant, des politiques de gestion parfois inadéquates… ont contribué à cette situation. 


Tout cela a des conséquences très préjudiciables : les campagnes agricoles médiocres érodent la croissance économique, les agriculteurs voient leurs récoltes s'atrophier et leurs revenus diminuer, et les citadins, quant à eux, subissent désormais des coupures d'eau de plus en plus fréquentes, perturbant ainsi leur quotidien. C’est le cas notamment à Casablanca, confrontée à un problème d’approvisionnement en eau potable en raison de l’état critique du barrage Al-Massira

Raison pour laquelle cette problématique de l'eau appelle à une action et à une responsabilité collective urgente. Car, comme l’a affirmé le Roi, «il est, en effet, totalement insensé de dépenser des dizaines de milliards pour la mobilisation des ressources hydriques alors que des formes de gaspillage et de mésusage de l’eau persistent».
Aujourd’hui donc, une sensibilisation accrue de la population à l'importance de l'économie d'eau est essentielle. Simplement parce que «(…) la préservation de l’eau est une responsabilité nationale qui engage toutes les institutions et tous les acteurs. Ce devoir incombe également à tous les citoyens», souligne le Souverain.


F. Ouriaghli

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