Concurrence internationale, développement technologique, défis environnementaux…, tels sont les principaux challenges auxquels est confronté le secteur du textile au Maroc.
Par M. Boukhari
Considéré comme l’un des secteurs qui crée le plus de dynamique dans le Royaume, le textile et cuir regroupe actuellement plus de 17% des entreprises du secteur industriel. Selon les chiffres dévoilés par le ministère de l’Industrie et du Commerce, ce secteur a généré, au cours de l’année 2021, un chiffre d’affaires de 50,48 milliards de dirhams et 36,5 milliards de dirhams à l’export, ainsi qu’une valeur ajoutée de 15,88 milliards de dirhams.
Pour Anas El Ansari, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), «avec plus de 1.600 entreprises, le secteur reste le premier employeur industriel du pays avec plus de 220.000 collaborateurs, et il est l’un des principaux contributeurs à sa balance commerciale. En 2022, les exportations du secteur ont dépassé les 40 milliards de dirhams, affichant une croissance à 2 chiffres par rapport à l’année 2021 et par rapport à la même période avant la crise».
Le Maroc est, selon lui, l’un des principaux acteurs de l’industrie textile en Afrique, en plus d’être un fournisseur de premier plan pour l'Europe. Et ce, grâce à sa proximité géographique et à ses accords commerciaux préférentiels. «Depuis ces dernières années, le secteur a connu une croissance soutenue, stimulée par des investissements dans l'innovation, la modernisation et la formation professionnelle», précise-t-il.
Halte à la dépendance de l’étranger !
Cependant, à l’instar d’autres secteurs, celui du textile est victime des nombreuses mutations que connaît le monde contemporain. Le marché marocain est désormais inondé par des produits de contrebande, ceux issus des friperies, les ventes en ligne ainsi que les franchises étrangères. Ce qui porte sérieusement préjudice aux marques marocaines et à une production locale qui reste malgré tout assez timide.
«La mondialisation a accru la concurrence entre les producteurs de textile. Les pays asiatiques, en particulier la Chine, l'Inde et le Bangladesh sont devenus de redoutables concurrents en raison de leurs coûts de production inférieurs et de leur capacité de production à grande échelle. Les coûts de production au Maroc, notamment les salaires et les coûts énergétiques, sont plus élevés que ceux des concurrents asiatiques. Cela peut rendre les produits marocains moins compétitifs sur les marchés internationaux», affirme Anas El Ansari.
Qui plus est, le président de l’AMITH souligne que le Royaume importe une grande partie des matières premières et des intrants nécessaires pour la production textile, ce qui peut entraîner des fluctuations des coûts et une dépendance à l'égard des marchés étrangers. Le secteur textile marocain est également en déphasage avec les progrès techniques et l’innovation, en raison d’un manque non négligeable de «main-d'œuvre qualifiée et formée aux nouvelles technologies et aux normes de qualité internationales. Cela peut limiter la capacité du secteur à se développer», poursuit la même source. Par ailleurs, l’accès au financement représente aussi un défi de taille pour les entreprises textiles marocaines. Et ce, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME) qui peuvent rencontrer des difficultés pour accéder à des ressources financières nécessaires à leur croissance et à leur modernisation.
Oui à la décarbonation
Sur le plan environnemental, il y a une tendance mondiale au durcissement des règles et des normes environnementales. En effet, l’imminente entrée en vigueur de la taxe carbone devrait inciter les différents acteurs du textile à se conformer au concept nouveau de l’industrie circulaire. Le but étant de garantir une meilleure insertion dans la chaîne de valeur textile.
«Les professionnels du secteur textile marocain sont conscients de l'importance de relever le défi de la décarbonation et de contribuer à la lutte contre le changement climatique», précise le président de l’AMITH. Dans le cadre du développement du secteur et l’accompagnement de sa transition énergétique, un protocole d’accord portant sur la promotion du développement durable a été signé le 18 avril 2023 à Rabat. Conclu entre le ministère de l’Industrie et du Commerce, la Société financière internationale et l’AMITH, cet accord vise la décarbonation du secteur marocain du textile et de l’habillement, le développement de la production circulaire et la promotion du secteur.