L’activité économique en 2017 a enregistré un rebond significatif par rapport aux faibles performances de l’année précédente, a relevé le Conseil économique, social et environnemental (CESE), dans son rapport annuel rendu public samedi, notant que "cette amélioration demeure essentiellement conjoncturelle, étant donné que l’économie nationale continue de pâtir de nombreux déficits structurels".
Après avoir donné un aperçu sur les conjonctures internationale, marquée par la poursuite de la reprise de la croissance, et régionale, le rapport du CESE indique que la croissance de l'économie nationale a passé de 1,1% en 2016 à 4,1% en 2017 grâce notamment à une bonne campagne agricole. En effet, la valeur ajoutée agricole a progressé de 15,4% contre une baisse de 13,7% un an auparavant, alors que le rythme de croissance non agricole est resté modeste, en dépit de son accélération de 2,2% à 2,7% d'une année à l’autre, lit-on dans ce rapport.
Le CESE fait observer que l’économie nationale a connu un essoufflement sur les sept dernières années, en raison de déficits liés notamment au caractère dual de l’économie nationale où coexistent d’une part, quelques branches modernes dynamiques et intégrées aux chaines de valeurs mondiales et, d’autre part, des branches à faible valeur ajoutée, ainsi que des activités informelles.
Les limites du modèle de croissance actuel sont perceptibles également au niveau de l’investissement qui, tout en demeurant élevé, affiche une faible efficacité, avec un ICOR se situant à 8,5, explique le Conseil, qui souligne la nécessité de promouvoir davantage l’investissement dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée et de mettre en place une entité indépendante, chargée de l’évaluation Ex-ante et Ex-post des politiques et des investissements publics.
S’agissant des échanges extérieurs, l’année 2017 a été caractérisée par une hausse généralisée des exportations avec un léger creusement du déficit commercial à 188,8 Mds de dirhams, note le CESE, appelant notamment à l'accélération des efforts pour une diversification géographique des exportations vers des partenaires potentiels plus dynamiques et disposant d’un marché de taille attractive.
Sur le plan du commerce extérieur entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne, qui "demeure encore faible", le rapport met en avant une tendance haussière quasi-continue depuis 2013 pour atteindre une part de 3% en 2017, préconisant la réduction mutuelle des barrières douanières et le renforcement de la connectivité logistique et sa qualité, entre autres.
Evoquant l’introduction officielle de la finance participative au Maroc, "une industrie porteuse de nombreuses opportunités", le Conseil attire l’attention sur un certain nombre de défis à relever pour garantir la réussite de cette expérience au Maroc.
Au volet de la résilience économique, les réalisations durant l’année ont été mitigées. En termes de stabilité macroéconomique, l’année 2017 a été caractérisée, dans l’ensemble, par une poursuite des efforts d’amélioration des équilibres financiers publics, notamment, la baisse du déficit budgétaire à -3,6% et le ralentissement du rythme de progression de la dette du trésor qui s’est située à 65,1% du PIB, explique la même source, faisant remarquer que la dette publique globale reste à un niveau élevé, soit 82% du PIB, nécessitant ainsi davantage de vigilance.
Le CESE s'arrête, d'autre part, sur le passage en 2017 vers un régime de change plus flexible et recommande des mesures d’accompagnement et une plus grande prudence et réactivité en matière de suivi et de gestion des risques potentiels sur les plans économique et social.
En termes d’inclusion économique, le rapport constate que le modèle de croissance national s’avère de moins en moins inclusif par l’emploi, d’autant plus qu’une proportion importante des postes créés concerne des emplois faiblement qualifiés et précaires et par conséquent, ne peuvent constituer de véritables vecteurs d’ascension sociale. Dans ce contexte, le taux de chômage a atteint 10,2% à fin 2017 au lieu de 9,9% en 2016 et ce, malgré un recul du taux d’activité.
Quant à la branche de l’économie sociale et solidaire, souvent présentée comme l’une des solutions envisageables pour hisser le degré d’inclusion de l’économie, force est de constater que davantage d’effort reste à déployer dans ce secteur, qui ne contribue, actuellement, qu’à hauteur de 2% au PIB, loin de l’objectif de 3,9% prévu pour 2020 et n’emploie que 5,5% de la population active au lieu des 7,5% prévus.
Dans ce sillage, le CESE préconise plusieurs mesures pour booster l'industrialisation, notamment le renforcement de la gouvernance institutionnelle et le cadre de pilotage du processus d’industrialisation, la correction des imperfections du marché tout en évitant de créer des situations de rente, le développement de nouvelles formes de financement adaptées aux industries à haute technologie, la promotion de l'industrialisation durable et le renforcement de l’innovation et la R&D.