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Aéronautique: le secteur se prépare aux nouvelles exigences environnementales

Aéronautique: le secteur se prépare aux nouvelles exigences environnementales

◆ Les nouvelles normes climatiques de l’Union européenne imposeront des taxes aux différents biens importés.

◆ Le GIMAS anticipe les nouveaux défis environnementaux et prône une «industrie aéronautique 4.0».

 

Par B. Chaou

 

Le secteur industriel aéronautique passe par la pire crise de son histoire. Suite aux colossales pertes qu’ils ont encaissées, les constructeurs ont été contraints de fermer certains de leurs sites industriels à travers le monde et d’adopter des plans de restructurations drastiques, y compris au Maroc. C’est le cas de Stelia Aerospace, filiale d’Airbus, qui a dû se séparer de certains de ses employés et réorganiser ses «process» de production.

Mises à part les difficultés de cette double crise sanitaire et économique, le secteur fait face à plusieurs autres défis, dont notamment la taxe carbone qui suscite en ce moment beaucoup de débats. Lors d’un récent sommet, les 27 membres de l’Union européenne ont approuvé unanimement un accord relatif à la mise en place d’une taxation des produits étrangers aux frontières de l’Europe, et qui ne sont pas en adéquation avec les exigences environnementales imposées par le Vieux continent. La Commission européenne devra ainsi mettre en place d’ici l’été 2021 un projet de mécanismes d’ajustement carbone aux frontières. Des secteurs comme l’aéronautique sont directement concernés par cette problématique, surtout pour la partie industrie lourde.

Quel impact sur le Maroc ?

Le secteur fait partie d’une chaîne de valeur mondiale, et reste donc intrinsèquement lié aux décisions prises à l’international. Ainsi, plusieurs questions se posent : Quelles exigences induira ce type de taxes pour les entreprises installées au Maroc ? Comment cette perspective influencera-t-elle les processus de production ?

Selon Xavier Tytelman, expert en aéronautique et président de président de AviationNXT, «cette taxe permettra surtout d’éviter des importations de textile ou de produits en grand nombre et dont le prix est très faible par rapport à la pollution qu'il génère. Il y aura forcément un surcoût si les exigences environnementales des entreprises ne sont pas les mêmes, mais j'en doute». «Accessoirement, les grandes entreprises françaises implantées au Maroc sauront s'adapter pour s'aligner sur les exigences européennes. Le but de s'installer au Maroc était de contourner la pénurie de main-d'œuvre, pas d'abaisser ses standards environnementaux», ajoute-t-il.

Il semble donc, selon les déclarations de notre expert, que l’industrie aéronautique au Maroc est pour le «moment alignée sur les standards imposés par ses partenaires européens». Cela n’empêche que le secteur a d’ores et déjà entamé la réflexion sur sa transformation industrielle.

En effet, il y a quelques jours, les professionnels annonçaient l’adoption de la stratégie aéronautique 4.0, en marge de l’Assemblée générale du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), en présence du ministre de l’Industrie, du Commerce, de l'Économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy.

Ce nouveau virage stratégique se base essentiellement sur le développement de nouveaux dispositifs, en conformité avec les perspectives de la décarbonisation et la digitalisation. Selon le GIMAS, plusieurs actions mèneraient à cet objectif, dont la réalisation d’un benchmark auprès des pays modèles, l’élaboration des recommandations stratégiques à partager avec la tutelle concernant le processus à mettre en œuvre, préparer une stratégie pour accompagner les industriels au passage à une production décarbonée prônant l’utilisation des énergies renouvelables.

L’objectif de cette stratégie est clair : asseoir sa position au sein de la chaîne des valeurs mondiales, et préserver ce qui a été réalisé jusqu’ici. «Sauvegarder ce que nous avons mis 20 ans à construire et continuer à développer le secteur, est notre mission», a justement déclaré Karim Cheikh, président du GIMAS.

 

 

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