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Affaire Pegasus : La théorie des aléatoires

Affaire Pegasus : La théorie des aléatoires


 
Par Abdelhak Najib 
Écrivain-journaliste 

 

L’orgueil précède toujours la chute. C’est dans un sens ce que le Maroc essaie d’éviter à tout prix en mettant en branle une politique internationale basée avant toute autre chose sur un pragmatisme efficient. Autrement dit, chercher les bonnes alliances, trouver les bons partenaires, conclure les grands contrats, éviter le chauvinisme régional, faire un trait sur les idéologies assassines, appliquer à la lettre une realpolitik avec l’exigence du résultat, tourner le dos aux faux amis, se contenter d’en avoir quelques-uns, puissants et incontournables. 

Cette année 2021 marque la concrétisation d’une vision de la politique et des relations internationales dans un monde qui a changé de paradigmes. Le Maroc, sans tourner le dos à la France, partenaire politique et économique historique, a multiplié les relations avec d’autres alliés beaucoup plus solides et clairs dans leur approche du business. Des alliés comme les États-Unis d’Amérique, avec à la tête de la Maison Blanche, un président tout aussi pragmatique que le Roi Mohammed VI. Joe Biden sait que le Maroc est l’unique pays stable au Sud de la Méditerranée. C’est à la fois un allié politique historique. C’est aussi un partenaire économique fiable. C’est surtout un allié stratégique dans la lutte contre le terrorisme dans toute la région du Maghreb et du Sahel. 

L'Algérie, traversant un énième marasme politique et social, est en panne. Ce que l’Espagne et la France n’ont pas du tout pris à sa juste mesure, se perdant dans un jeu flou d’alliances, héritées d’un autre monde, déjà révolu. Ce qui explique que Paris et Madrid jouent encore le jeu d’Alger, se fourvoyant avec un État moribond et partant très dangereux pour la stabilité de toute la région. Washington s’en lave les mains sachant de quoi il retourne avec la junte militaire algérienne dont les jours sont comptés, avec au final, un destin à la libyenne. Ce qui est aujourd’hui acté et inévitable. L’Algérie vit les derniers soubresauts d’un pouvoir effondré. 

Rabat prend du coup ses responsabilités pour incarner de manière effective son rôle de pont mobile entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique, en étant également un Hub pour pénétrer le monde arabe. La messe est dite. Ce qui ne plaît pas du tout aux défenseurs d’une certaine idée de la France-Afrique à Paris, qui multiplient les attaques contre Rabat, sortant de derrière les fagots des affaires d’espionnage faisant passer leurs propres services secrets, la DGSE comme des amateurs, comme des dilettantes du renseignement allant jusqu’à vouloir faire feu de n’importe quelle souche mouillée accusant le Maroc d’espionner la présidence de la République, des journalistes et autres organisations en manque de crédibilité. Une attaque en bonne et due forme qui vient s’ajouter à celle portée par Madrid dans l’affaire du chef présumé du groupe terroriste nommé Polisario. 

Rabat, sans s’offusquer, sachant qui est qui, dans la balance des équilibres du pouvoir, tord la main à l’Espagne en levant le bras sur la gestion de l’immigration du Sud vers le Nord. À chacun ses moyens de pression. À chacun sa manière de réagir et de riposter quand les coups sont tous portés au-dessous de la ceinture. C’est de bonne guerre, en définitive. 

Tout aussi efficace que l’alliance avec Israël, qui a porté un coup fatal au moral des concurrents marocains, tous désireux de faire affaire avec Tel-Aviv, mais critiquant la décision sans appel de Rabat, qui assume ses choix et ses visions politiques et économiques sur l’échiquier des puissances mondiales. Ce qui n’a, en aucun cas, entamé l’implication du Maroc pour la paix en Palestine. Ce qui n’a, en aucun cas, ébranlé la solidité des relations avec les pays du Golfe, qui ont, eux aussi, leurs relations avec l’État hébreu. C’est ce déploiement sur plusieurs fronts, mené par le Roi du Maroc, qui dérange, qui irrite, qui déstabilise, qui crée des remous politiques au cœur des appareils des États, anciennement alliés comme la France, l’Espagne et l’Allemagne. Cette dernière a fait preuve d’un catastrophisme aberrant dans sa gestion de la crise, amorcée par Berlin, avec Rabat. 

Là aussi, le Maroc est resté droit dans ses bottes. Ou nous sommes alliés sur la base d’un respect mutuel ou nous ne le sommes pas. Pas de demi-mesure. Le temps des tergiversations et des approximations est bel et bien révolu. Désormais, c’est le Maroc qui choisit ce qui l’arrange, ce qui va dans le sens de sa vision des liens stratégiques, de ce qui répond à ses exigences nationales, à la fois politiques, économiques et humaines. Autrement dit et pour faire simple : le Maroc n’a de leçons à prendre de personne.

Dans un monde clivé qui a compris que ce sont aujourd’hui des pôles qui peuvent répondre aux grandes crises mondiales, le Maroc crée son propre cercle, conformément à ses choix et ses intérêts. Ni tutelle ni suivisme, mais une attitude de leader qui prend les devants et qui s’assume. C’est cet affranchissement du Maroc qui mécontente à un haut point plusieurs chancelleries européennes, qui ont réagi avec beaucoup de retard à la crise économique planétaire qui les a fragilisées, se rendant du même coup compte que des régions entières sont en passe d’être prises en main de manière efficace, avec d’autres alliances comme c’est le cas entre le Maroc et la Chine, entre le Maroc et la Russie. 

Le Maroc a compris, depuis au moins deux décennies, que l’avenir du monde se joue en dehors de l’Europe, continent exsangue et sénile, sans aucune vision claire pour le futur, se débattant encore avec d’archaïques pratiques, résidus sans teneur d’une vision colonialiste des affaires en contradiction totale avec les réalités du monde actuel tel qu’il se manifeste aujourd’hui et tel qu’il se dessine pour l’avenir.

 

 

 

 

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