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Approche genre : Beaucoup de chemin reste à parcourir pour assurer la parité

Approche genre : Beaucoup de chemin reste à parcourir pour assurer la parité

 

Dans le cadre de la Journée mondiale de la femme, le Conseil national de la presse (CNP) a organisé une visioconférence sous le thème : «Image de la femme dans les médias, idée partiale et partielle».

 

Des invités de taille ont animé ce débat fructueux, à l’image de Othman El Firdaous, ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Amina Benkhadra, ex-ministre de l'Énergie, des Mines, de l'Eau et de l’Environnement, actuellement Directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines, Bassima Hakkaoui, ex-ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, Leila Doukkali, présidente de l'Association des femmes chefs d'entreprise du Maroc, Bahia Amrani, directrice de Publication du magazine Le Reporter, Fathia Elaouni, rédactrice en chef de Radio 2M, Mohamed Selhami, directeur de publication de Maroc Hebdo, et Younes Mjahed, président du Conseil national de la presse. 

Le webinaire a été modéré par Fatima Zahra Ouriaghli, vice-présidente du Conseil national de la presse.

Ce débat a pour objet de s’inscrire dans la stratégie adoptée par le CNP, celle d’accompagner justement les femmes journalistes et éditeurs dans l’accomplissement de leurs missions d’une manière sereine.

Il s’agit également de promouvoir une représentation équilibrée de la femme dans le développement économique et social du Maroc.

Car, depuis deux décennies, la valeur de la femme est reconnue dans le projet de société marocain, et son intégration dans le processus de développement économique, loin de tous clichés et stéréotypes, est indispensable pour construire le Maroc moderne.

Dans ce cadre, les différents intervenants ont exposé leurs points de vue pour faire prendre conscience du rôle que pourrait jouer la presse afin de promouvoir le rôle de la femme dans l’espace médiatique, en particulier, et dans la société marocaine, en général. 

«Si l’approche genre réussit au Maroc, son effet sera tangible sur le développement économique avec 35% de PIB ou 30 milliards d’euros. Il existe des réalités dans les familles marocaines et des préjugés qu’il faut améliorer, comme le fait que 46% pensent que le dernier mot revient au père de la famille. Des prémices laissent penser que la société est prête à s’investir dans l’approche genre. Il existe des réalités qu’il faut prendre en considération», a affirmé d’emblée Othman El Firdaous, ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports.

Le ministre a rappelé les chantiers lancés par son département comme l’amélioration de l’image de la femme. Les foyers féminins lancés sous la supervision du ministère sont censés apprendre aux femmes leurs droits et de ne pas rester dans les métiers traditionnels.

Nous avons essayé de les connecter à la fibre optique pour qu’elles puissent mieux commercialiser et distribuer leurs produits, c’est également plus facile pour bénéficier de la formation notamment à distance, a affirmé El Firdaous.

Dans le programme, figure le projet des crèches qui bénéficiera d’une enveloppe budgétaire de 30 milliards de DH sur 10 ans. Faut-il rappeler que le nombre de crèches au Maroc reste insuffisant : 40.000 places seulement.

Dans son intervention, Bassima Hakkaoui, ex-ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, a mis en exergue «les évolutions qu’a connues le Maroc pour améliorer l’approche genre comme le Code de la famille.

«Trois textes de loi concrétisent le changement de paradigme. L’article 4 de la Moudawana stipule que la responsabilité de la famille est du ressort de l’homme et de sa femme alors qu’auparavant, c’était uniquement l’homme. L’article 51 précise que le mari doit veiller aux parents de la femme et vice-versa et l’article 71 a donné le droit à la femme de divorcer ou l’option dite Chikak», affirme Hakkaoui.

Selon une enquête menée par son département, «les informations sur la Moudawanna ont été relayées par la télévision ou la radio, 16% seulement par la presse écrite et 5% par les associations. Les médias n’ont pas eu assez d’effets pour développer l’approche genre», a-t-elle déploré.

Amina Benkhadra, ex-ministre de l'Énergie, des Mines, de l'Eau et de l’Environnement, actuellement Directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), a souligné «les avancées réalisées par le Royaume, qui ont permis à la femme d’accéder à certains droits. Outre les textes de loi, des programmes sont lancés pour développer son émancipation. Elle regrette que le Maroc reste moins bien classé dans plusieurs domaines comme la 140ème place dans le global Genre, 115ème dans l’éducation, 138ème dans la santé et 123ème dans la politique. Elle a noté également que certains décrets sont promulgués mais ne sont pas appliqués.

La femme reste sous-représentée dans d’autres secteurs. Elle constitue 24% dans l’économie, 25% dans la politique, 7% chefs d’entreprises, 20% de journalistes. Elle a appelé à mettre un cahier des charges dans les médias chez les annonceurs et les producteurs.

Parmi les défis à relever par les femmes marocaines figurent notamment l’accès à l’éducation, le développement économique et l’accès à la politique.

Bahia Amrani, directrice de publication du magazine «Le Reporter» a fait un témoignage à cette occasion, notant que la femme reste sous-représentée dans le secteur du journalisme.

Sur 2.928 cartes de journaliste que le CNP a octroyées en 2020, il existe 831 femmes, soit 28,5% du total. Elle a déploré cette lente évolution.

Fathia Elaouni, rédactrice en chef de Radio 2M, a noté que «les femmes ne représentent que 29% dans les reportages, et 5% figurent dans l’ensemble des médias, ce qui reste très minime.

Le manque flagrant de la représentativité féminine dans les partis politiques est le grand mal du siècle, puisque ce sont elles qui ont le pouvoir d’être les porte-paroles de ces femmes, pour faire entendre leur voix».

Pour sa part, Leila Doukkali, présidente de l'Association des femmes chefs d'entreprise du Maroc, a affirmé que la vraie problématique est le manque de confiance en soi, la peur de s’exprimer, et le jugement de l’autre.

Elle considère que chaque femme est chef d’entreprise au quotidien avec toutes les tâches qui lui incombent. Il faut mettre la femme au cœur du développement, et réfléchir rapidement à mettre en place un programme pour relancer l’entrepreneuriat féminin, un partenariat entre les medias et les entreprises n’est pas négligeable. 

Aller de l’avant et croire en soi, malgré les entraves, car si nous, femmes entrepreneurs avons réussi, d’autres femmes peuvent le faire. Il faut oser et se battre jusqu’au bout», conclut Doukkali.

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