Sous le haut patronage du Roi Mohammed VI, la 6ème conférence annuelle des femmes ingénieurs du Maroc s’est tenue le 28 juin à Casablanca, à l’initiative de l’École Mohammadia d'ingénieurs (AIEM) et de son Club des femmes ingénieurs (CFIE).
L’événement a rassemblé, le temps d’une journée, décideurs publics, experts, universitaires et professionnels de l’ingénierie autour d’un thème central pour le développement du Royaume, à savoir «Maroc Digital 2030 : Challenges et opportunités».
Forte de ses 3.600 membres diplômés, la branche féminine de l’AIEM s’affirme comme un réseau de référence qui milite pour l’inclusion des femmes dans les chantiers stratégiques du numérique, de l’industrie à la cybersécurité, en passant par la transition énergétique.
Dans son allocution d’ouverture, Hayat Elkird, Secrétaire générale du CFIE, a souligné l’enjeu de cette édition. «La transition digitale du Maroc ne pourra être réussie sans la pleine mobilisation des femmes ingénieures aux côtés de leurs homologues masculins», a-t-elle affirmé. Cette transformation, selon elle, doit s’accompagner d’un esprit de créativité, de leadership partagé et d’humilité, pour construire un avenir plus compétitif, plus inclusif et plus durable.
Présente dans le panel inaugural dudit événement, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a dressé un panorama des transformations en cours, insistant sur la nécessité de “digitaliser intelligemment" les services publics, les données minières, les procédures énergétiques, mais aussi les usages citoyens.
«Le digital n’est pas qu’un outil. Il est aujourd’hui la colonne vertébrale de notre transition énergétique et sociale», a-t-elle précisé. Et d’ajouter : «Il n’y aura pas de digital sans électricité. Il n’y aura pas d’algorithmes sans infrastructures intelligentes».
Si la digitalisation ouvre des perspectives inédites, elle n’est pas sans risques. La ministre a ainsi évoqué les violences numériques, les biais algorithmiques et les stéréotypes persistants qui exposent davantage les femmes. «Mais ces femmes sont aussi les mieux armées pour évaluer les risques à 360°, ce qui en fait des actrices-clés en cybersécurité et en innovation», a-t-elle défendu, plaidant pour des équipes mixtes, «25% plus innovantes et 20% plus rentables», selon les chiffres évoqués.
Pour sa part, Khalid Safir, Directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), a tenu à rappeler que «la femme marocaine est un pilier de transformation, d’innovation et de créativité». Quant à Omar Seghrouchni, président de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP), il a insisté sur le caractère éthique de la transformation digitale. «Il faut veiller à ce que l’impact sociétal de la technologie ne soit pas effacé au profit de logiques uniquement commerciales», a sensibilisé le gardien des données personnelles au Maroc.
Deux panels ont structuré les échanges, l’un sur les stratégies nationales de digitalisation, l’autre sur leur opérationnalisation au service des citoyens et des entreprises. Ces discussions ont permis de poser un diagnostic réaliste tout en faisant émerger des recommandations concrètes.
Aya, trophées et perspectives
Particularité de cette édition, le robot digital Aya, qui a coanimé l’événement aux côtés de Khadija Ihsane, maitresse de cérémonie désignée pour l’occasion, apportant une touche d’innovation à la scénographie tout en symbolisant l’intégration de l’intelligence artificielle dans les dynamiques de genre.
Enfin, des trophées d’excellence ont été remis à des femmes ingénieures aux parcours remarquables, dans les domaines de la recherche, de l’industrie, du service public et de l’entrepreneuriat, mettant en lumière des modèles inspirants et porteurs pour les jeunes générations.
En six éditions, la rencontre annuelle du CFIE s’est imposée comme une plateforme nationale de réflexion et de plaidoyer en faveur du leadership féminin dans les STEM. À l’image de sa présidente Nawal Gharmili Sefrioui, l’AIEM poursuit sa mission de valorisation des parcours féminins qui font avancer le Maroc vers un digital responsable, souverain et résolument humain.