Une quinzaine de pays européens ont suspendu ce vaccin.
Le Maroc, où le Centre national de pharmacovigilance a reçu les notifications de 4 cas d'événements thromboemboliques, continue de l’administrer.
Par D. William
Que se passe-t-il avec le vaccin AstraZeneca ? La liste des pays qui ont suspendu, «par précaution», l’administration de ce vaccin s’allonge en tout cas. Dimanche, les Pays-Bas ont décidé de geler l’utilisation d’AstraZeneca jusqu’au 28 mars.
Lundi, c’est l’Allemagne, l’Italie et la France, pays dans lequel beaucoup de membres du personnel de santé refusent de se faire administrer ce vaccin, qui ont emboité le pas aux PaysBas. Ces mesures interviennent suite à des décisions similaires prises, entre autres, par le Danemark, la Norvège, l’Islande et la Bulgarie, et alors que des pays comme la Thailande et la République du Congo ont retardé leur campagne de vaccination.
Au total, une quinzaine de pays d’Europe ont gelé les vaccinations avec AstraZeneca, en attendant l’avis de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Les raisons de toute cette méfiance : les craintes liées à la formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées, quand bien même aucun lien de cause à effet n’a été jusqu’ici établi.
AstraZeneca, utilisé en force au Maroc
AstraZeneca et Sinopharm sont pour l’instant les deux vaccins utilisés par le Royaume dans le cadre de sa campagne de vaccination. Au 15 mars, 5.992.783 doses de vaccins ont été administrées, dont 4.628.695 AstraZeneca et 1.364.088 Sinopharm.
Faut-il alors s’en méfier ? Le Pr Said Moutawakkil, anesthésisteréanimateur, docteur en biologie et membre du Comité national scientifique, est formel. «Jusqu'à ce jour, il n'existe aucun fait établi scientifiquement entre le vaccin et les thromboses. Nous avons aussi observé des cas similaires avec celui de Pfizer et celui de Moderna», explique-t-il, précisant qu’«il est établi que la maladie thromboembolique peut survenir chez des patients qui présentent des facteurs de risque bien connus, sans aucun rapport avec les vaccins».
Selon lui, «les pays qui ont suspendu la vaccination avec AstraZeneca ont agi plus par précaution que sur des bases scientifiques». Le Pr Said Moutawakkil voit par ailleurs derrière ces décisions «des raisons davantage politiques, commerciales et une guerre entre les laboratoires, que scientifiques».
Au Maroc, les effets secondaires généralement observés sont «une douleur au point d'injection, une rougeur, des myalgies, une asthénie, de la fièvre et des maux de tête. Tous ces signes disparaissent au bout de 48 à 72h», assure-t-il. Néanmoins, à l’issue de la réunion du Comité national scientifique tenu le 16 mars, le ministère de la Santé a fait savoir que le Centre national de pharmacovigilance (CAPM) a reçu les notifications de 4 cas d'événements thromboemboliques.
Et «après analyse approfondie des cas signalés, la maladie thromboembolique n'a pas été retenue dans 1 cas; dans 2 cas, le lien entre le vaccin et l'événement thromboembolique n'a pas été établi et 1 cas est en cours d'investigation», indique la tutelle. C’est la raison pour laquelle, «en conformité avec (…) les données nationales de pharmacovigilance, le Comité scientifique recommande de maintenir la vaccination par le vaccin AstraZeneca».
Une décision confortée par le fait que, «pour le moment, 30 cas de maladies thromboemboliques ont été rapportés en Europe pour 5.000.000 doses de vaccins d'AstraZeneca (0.06 pour mille). Au Royaume-Uni, 35 cas ont été rapportés pour 9.700.000 doses de vaccins (0.03 pour mille)», note le ministère. Qui constate que «ces chiffres sont bien en dessous de l'incidence annuelle de la maladie, qui est de 1 cas pour 1.000 en Europe et en Amérique du Nord, où plus de 200.000 nouveaux cas d'événements thromboemboliques surviennent chaque année aux Etats Unis».