Le progrès de la société et le développement de l’économie se sont accompagnés d’une énorme pression sur les prélèvements des ressources naturelles. Dans ce contexte, l’économie circulaire s’impose comme alternative prometteuse pouvant répondre aux enjeux environnementaux tout en créant de la richesse et de l’emploi.
Conscient de son potentiel pour le Maroc, le CESE met en lumière les opportunités à saisir par notre pays en adoptant ce nouveau modèle, particulièrement dans les domaines des déchets ménagers organiques et des eaux usées permettant ainsi une utilisation optimale des ressources, dans le respect de l’environnement et sans compromettre le bien-être des citoyens.
Dans ce sens, le CESE a organisé ce mercredi 25 mai une rencontre pour présenter les principales conclusions et recommandations de son avis intitulé «Intégration des principes de l’économie circulaire aux traitements des déchets ménagers et des eaux usées».
Pour Ahmed Reda Chami, président du CESE, «la réutilisation des eaux usées traitées est un enjeu primordial qui doit figurer parmi les principales missions futures et stratégies des entreprises régionales assurant des services multiples. Il est également question de mener une réflexion censée générer un modèle d’économie circulaire qui soit sobre, solidaire et créatrice de valeur ajoutée».
«A travers notre plateforme numérique «Ochariko.ma», nous avons tenté de faire réagir les citoyens et citoyennes marocains au sujet de l’économie circulaire, et ce ne sont pas moins de 14.000 personnes qui ont participé au débat dont 782 qui ont répondu à notre questionnaire à ce sujet», poursuit-il.
Selon lui, ces derniers ont manifesté leur intérêt pour l’économie solidaire et veulent changer leur mode de consommation actuel en se tournant par exemple vers les produits issus du recyclage et en adoptant des comportements plus écologiques comme trier leurs déchets ménagers.
«Environ 94% des répondants au questionnaire estiment que le traitement des déchets représente une source de création de la richesse et de l’emploi. En ce qui concerne la réutilisation des eaux usées particulièrement dans un contexte marqué par la pénurie d’eau et la rareté des ressources hydriques dans notre pays, 81% d’entre eux sont pour l’exploitation des eaux usées traitées notamment pour l’arrosage des espaces verts et dans l’industrie. 45% ont exprimé leur volonté à consommer les produits agricoles dont l’irrigation a été faite par lesdites eaux et 22% se disent même prêts à boire celles-ci», détaille Chami.
De son côté, Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’Eau, estime qu’en plus de la réutilisation des eaux usées traitées, «il faut penser à organiser le stockage de l’eau grâce notamment à des réservoirs dits nappes phréatiques. La stratégie nationale de l’eau 2009-2030 visait à permettre, entre autres de faire face à deux années successives de sécheresse, chose que nous traversons actuellement et qui nous fait prendre conscience du retard accusé dans la mise en œuvre de ladite stratégie. Cela nous pousse également à se poser les bonnes questions pour envisager des solutions permettant de contrer les effets de ce fléau non sans lourdes répercussions et ce à plusieurs niveaux».
A cet égard le CESE a formulé une série de recommandations à savoir :
• Lancer un débat public incluant les différents acteurs relevant du secteur public et privé et la société civile afin de penser aux moyens permettant de d’intégrer l’économie solidaire, en tant que composante principale, au sein des grandes réformes nationales notamment le nouveau modèle de développement, la stratégie nationale du développement durable, les objectifs du développement durable, etc.
• Évaluer la stratégie nationale de l'eau en se basant sur les principes de l'économie circulaire.
• Interdire certains types de polluants dangereux et taxer d'autres polluants non recyclables afin de les rendre moins compétitifs économiquement et moins attractifs pour les producteurs.
• Encourager la consommation de produits contenant des composantes traitées.
• Valoriser et suivre l'innovation technologique ainsi que les différents métiers du domaine de l'économie circulaire par le développement de programmes nationaux et régionaux visant à développer davantage d'entreprises travaillant dans le domaine du recyclage des matériaux, de la numérisation et du suivi de la traçabilité.
M. B.