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Compétitivité automobile : Le Maroc peut-il vraiment rivaliser avec la Chine ?

Compétitivité automobile : Le Maroc peut-il vraiment rivaliser avec la Chine ?

Lors de la Journée nationale de l'industrie à Benguerir, Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce, a déclaré que la compétitivité industrielle du Maroc, notamment dans l’automobile, était comparable à celle de la Chine, et parfois même supérieure. Une affirmation qui soulève naturellement des questions. Le Maroc, un rival de la Chine dans le secteur automobile ? Analysons de plus près ces propos et les données réelles du marché.

 

Les chiffres de l'industrie automobile chinoise sont pour le moins impressionnants et difficilement comparables. En 2023, la Chine a produit 30,16 millions de véhicules, un chiffre en hausse par rapport aux 27 millions de l'année précédente. Avec une moyenne de production de 18,26 millions de véhicules depuis 1997, la Chine est un acteur incontournable de l'industrie automobile mondiale. Les constructeurs chinois, dont les marques s'étendent désormais sur des marchés internationaux, disposent d’une infrastructure massive et d’une capacité de production à une échelle sans précédent.

Le Maroc, pour sa part, a enregistré une production de 535.825 voitures en 2023, en forte croissance par rapport aux 464.864 unités produites en 2022, ce qui représente une augmentation notable de 30,2%. Les exportations de véhicules ont également suivi cette courbe ascendante, atteignant 13,7 milliards de dollars en 2023, contre 11 milliards de dollars en 2022. En seulement une décennie, le Royaume s'est imposé comme un hub automobile pour des marques mondiales comme Renault et Stellantis, grâce à des usines à Tanger et Kénitra qui produisent principalement pour les marchés européen et africain.

Peut-on vraiment parler de comparaison avec la Chine ?
 

Si l’on prend en compte les chiffres bruts de production, il est difficile de soutenir la comparaison. La Chine produit près de 56 fois plus de véhicules que le Maroc en 2023. Le fossé entre les deux pays en termes de capacité de production est gigantesque. Néanmoins, la compétitivité ne se mesure pas seulement en termes de volume, mais aussi en termes d'efficacité, de coûts, de qualité et de segments de marché.

Le Maroc a su se positionner stratégiquement comme une plateforme de production automobile compétitive, attirant des investissements grâce à ses zones franches industrielles, sa main-d'œuvre qualifiée et à moindre coût, et sa proximité avec les grands marchés européens. Le taux d'intégration locale de 69% dans la production automobile démontre la capacité du pays à créer de la valeur ajoutée sur place, tout en assurant une montée en gamme dans la fabrication de véhicules, notamment électriques.

Les forces du Maroc : Un positionnement sur des segments de niche


Dans les segments où le Maroc se spécialise – les véhicules à faible coût et, de plus en plus, les véhicules électriques – le Royaume commence à faire de l'ombre à la Chine. Sa production de batteries électriques et l'intégration de technologies vertes constituent des leviers d'avenir pour concurrencer des géants industriels. De plus, le Royaume bénéficie d'une proximité géographique avec l'Europe, ce qui permet de réduire les délais de livraison et les coûts logistiques, un avantage que la Chine ne possède pas dans ce cas précis.

Cela dit, rivaliser avec la Chine en termes de production massive et d'infrastructure industrielle reste une comparaison audacieuse. La Chine continue de dominer l’industrie mondiale avec des capacités qui permettent non seulement de répondre à son marché intérieur, mais aussi d’inonder les marchés internationaux. Le Maroc, quant à lui, se concentre sur des niches spécifiques où sa compétitivité est plus pertinente.

Alors, le Maroc peut-il vraiment rivaliser avec la Chine dans le secteur automobile ? Pas encore, du moins en termes de production globale. Les chiffres de production chinoise dépassent largement ceux du Maroc. En revanche, le Royaume a su se tailler une place de choix dans les segments spécifiques de l’automobile, en particulier grâce à sa compétitivité en termes de coûts et sa localisation stratégique.

L'ambition marocaine est légitime, mais la comparaison avec la Chine doit être nuancée.

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