La configuration des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance négatif conjecturable du produit intérieur brut à prix constants de l’ordre de -3,2% pour l’exercice 2020.
Le Centre marocain de conjoncture vient de livrer sa prévision croissance pour l’exercice 2020.
Dans sa note d’information, le CMC reconnaît toutefois que face à cette crise inédite, évaluer les incidences de la pandémie sur l’activité économique à ce stade présente d’énormes difficultés.
Et ce, en raison du manque de séries historiques pour ce genre de crises et de la grande incertitude qui entoure la durée de la crise sanitaire et ses éventuelles ramifications sur le territoire national.
Mais si la quantification du niveau de l’impact pourrait receler une marge d’erreur significative, il est certain qu’en raison de la récession que connaissent présentement la majorité des pays, l’économie nationale va être altérée sérieusement de par son ouverture et ses interdépendances avec le monde extérieur, indique le CMC.
En plus, elle se trouve prise en tenaille entre les effets dévastateurs du coronavirus et la contreperformance quasiment connue du secteur agricole.
Aujourd’hui, le sérieux déficit pluviométrique constaté au cours des derniers mois préfigure d’une mauvaise campagne agricole dont l’ampleur a déjà poussé le ministère de tutelle à mettre en œuvre un plan d’urgence pour pallier le manque d’eau et protéger le cheptel, note le CMC.
En dehors du tour imprévisible que peut prendre l’hypothèse centrale sur la durée et l’intensité de la crise sanitaire, les autres hypothèses qui ont présidé à l’établissement des prévisions exploratoires pour l’économie marocaine demeurent d’actualité, estime la même source.
Ainsi le scénario de référence a été établi sur la base des considérations suivantes :
- L’hypothèse centrale considère que la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise ne redémarrera que plus tard et d’une façon progressive.
- La campagne agricole 2019-2020 assez sèche provoquerait un affaissement notable de la production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux.
- La baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur l’économie réelle.
- Par contre, la politique budgétaire largement accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des Marocains pourrait bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des emplois.
- Les autres hypothèses conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars, après la chute qu’il a accusée atteignant presque les 20 dollars. Elles supposent que l’inflation resterait contenue à un niveau assez bas.
Elles présument aussi qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations possibles concernant les termes de change, la parité du Dirham pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies principales, le Dollar et l’Euro.
Portée par ce bouquet d’hypothèses et handicapée dans son estimation par les maigres indices précurseurs disponibles à ce jour, la configuration des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance négatif conjecturable du produit intérieur brut à prix constants de l’ordre de -3,2% pour l’exercice 2020, souligne le CMC.
Cette contre-performance économique devrait découler du retrait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par le Covid19.